Législatives 2024 : en cas de cohabitation, qui du Premier ministre ou du président de la République gère les questions de défense ?

Dans un entretien au "Télégramme", Marine Le Pen a estimé que le titre de "chef des armées" du président de la République est "honorifique" en cas de cohabitation.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Emmanuel Macron le 10 juin 2024, au lendemain de l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale. (LUDOVIC MARIN / POOL via AFP)

Quels rôles pour le président de la République en cas de cohabitation ? Marine Le Pen a livré sa vision, mercredi 26 juin, dans le quotidien Télégramme. Elle pense pouvoir obtenir une majorité absolue et donc envoyer Jordan Bardella à Matignon et ses propos sonnent comme un avertissement à Emmanuel Macron, notamment dans le domaine de la Défense.

"Chef des armées, pour le président, c'est un titre honorifique", car "c'est le Premier ministre qui tient les cordons de la bourse", assure Marine Le Pen, qui va donc encore plus loin que ce que disait Jordan Bardella il y a quelques jours. Le président du RN "n'a pas l'intention de chercher querelle, mais il a posé des lignes rouges. Le président ne pourra pas envoyer de troupes" en Ukraine, insiste-t-elle semblant ainsi rompre avec la tradition selon laquelle un président conserve de larges pouvoirs en matière de politique internationale et de défense.

"La Constitution n'est pas honorifique"

"C'est une déclaration extrêmement grave", réagit François Bayrou. L'allié d'Emmanuel Macron estime que Marine Le Pen "met en cause profondément la Constitution", lorsqu'elle sous-entend que le président n'est pas le chef des Armées comme inscrit dans la Constitution. Il rappelle que c'est bien Emmanuel Macron qui préside les conseils de Défense et nomme aux emplois civils et militaires de l'État. Le ministre de la Défense en remet une couche : "La Constitution n'est pas honorifique", écrit Sébastien Lecornu, il cite les propos du général de Gaulle : le chef de l'État "conclut les traités, puisqu'il est le chef des armées et préside à la défense".

D'ailleurs Marine Le Pen semble baisser d'un ton. Elle apporte un peu de nuance dans une série de messages sur les réseaux sociaux : il n'est pas question de "remettre en cause le domaine réservé du président de la République", écrit-elle, comme pour écarter les critiques. Son camp a bien l'intention d'appliquer "la Constitution, toute la Constitution, rien que la Constitution", reprenant la formule de François Mitterrand à la veille de la première cohabitation. Marine Le Pen insiste tout de même : le Premier ministre a bien le "moyen de s’opposer à l'envoi de troupes par le contrôle budgétaire". Elle prend l'exemple de décembre 1999 : "Le Premier ministre Lionel Jospin s’était opposé à la volonté du chef de l’État d’envoyer des troupes en Côte d’Ivoire" au moment d'un putsch et c'est en effet la ligne du Premier ministre de cohabitation qui avait prévalu.

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