Législatives 2024 : discours d'Emmanuel Macron, exclusion d'Eric Ciotti, négociations à gauche... Ce qu'il faut retenir de ce mercredi 12 juin

La dissolution de l'Assemblée nationale dimanche par Emmanuel Macron a rebattu les cartes dans le jeu politique français.
Article rédigé par franceinfo
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Des journalistes attendent devant le lieu où se déroule un bureau politique du parti Les Républicains, le 12 juin 2024. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / AFP)

"Trahison", "bricolage d'appareil", "rassemblement des droites", "nouveau front populaire", "fédération de projets"... Trois jours après la dissolution de l'Assemblée nationale, la campagne des élections législatives anticipées a déjà provoqué moult séisme dans la sphère politique. Voici ce qu'il faut retenir de cette journée du mercredi 12 juin. 

Emmanuel Macron lance la campagne de la majorité

Un président en campagne. Lors d'une conférence de presse, Emmanuel Macron a dévoilé sa stratégie, mercredi 12 juin, afin de tenter d'arracher une "majorité claire" dans l'hémicycle pour le reste du quinquennat et contrer l'avancée de l'extrême droite. Mettant dos La France insoumise et le Rassemblement national, il a mis l'accent, au cours d'un long discours programmatique, sur la thématique des "valeurs". Le but est affiché : prendre les électeurs modérés à témoin. Un appel du pied aux élus et électeurs de gauche anti-LFI, notamment parmi ceux de Raphaël Glucksmann, alors que la majorité ne présentera "pas de candidat" contre ceux qui auraient "le courage" de ne pas suivre le "nouveau front populaire".

Il a ainsi accusé la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon d'"antisémitisme" et d'"antiparlementarisme", l'accusant d'avoir "créé un désordre parfois constant" et "inquiétant" à l'Assemblée nationale. Concernant le RN, le président a fustigé ses ambiguïtés à l'égard de la Russie, sa volonté de "sortir de l'Otan" et son discours contradictoire sur les retraites. "Les masques tombent", a-t-il encore lancé, en évoquant le ralliement du patron du parti Les Républicains Eric Ciotti au parti de Jordan Bardella. 

Face à cette vie politique faites selon lui de "bricolages d'appareils", le président a voulu afficher une "volonté sincère et humble de bâtir des consensus et de tisser des compromis" grâce à l'aide des "sociaux-démocrates" d'une part, de la droite républicaine de l'autre. Il a ainsi évoqué une "fédération de projets pour gouverner". A charge pour les partis du camp présidentiel, déjà privés de majorité absolue depuis deux ans, d'entamer des discussions avec d'autres formations politiques.

LR exclut son président, qui conteste 

En annonçant mardi s'allier avec le Rassemblement national, Eric Ciotti a mis le feu au sein de sa famille politique et notamment, du parti qu'il préside. Dès mercredi après midi, un bureau politique des Républicains a décidé à l'unanimité (et en son absence) de l'exclusion du député des Alpes-Maritimes, confiant la gouvernance du mouvement gaulliste à la députée Annie Genevard et à la tête de liste LR aux Europénnes, François-Xavier Bellamy. 

"Je suis et reste le président de notre formation politique, élu par les adhérents", a aussitôt réagi Eric Ciotti, contestant la légalité de la décision du bureau et menaçant, sur X, de possibles "conséquences pénales." "Je suis président des Républicains et je le reste", a-t-il martelé sur CNews quelques heures plus tard, convaincu d'avoir "la confiance des militants" et leur soutien dans sa démarche d'une alliance avec le Rassemblement national, condition selon lui pour faire "enfin" l'union des droites. Alors même que les cadres de LR décidaient de son exclusion en réunion, Eric Ciotti s'adressait d'ailleurs aux militants par mail, a appris le service politique de franceinfo auprès de l'entourage d'Eric Ciotti, pour promouvoir ce "rassemblement des droites". 

"Il n'y aura qu'un seuil label LR, donné par notre Commission nationale d'investiture", a enfin tranché le président du Sénat, Gérard Larcher, invité de TF1. Qualifiant l'exclusion d'Eric Ciotti d'"utile clarification" à l'issue d'une journée marquée par des questions émanant de toute part sur l'avenir du parti, Gérard Larcher a martelé que la ligne LR était "claire". "Nous irons sous nos couleurs, autonomes, indépendants (...)", a-t-il ajouté. 

Le "nouveau front populaire" trouve un accord pour la répartition des circonscriptions

La construction du nouveau "Front populaire" prend forme. Les partis de gauche ont trouvé un accord très tard dans la nuit de mardi à mercredi pour se partager la quasi-totalité des 577 circonscriptions en vue des législatives anticipées. Ce sont, comme en 2022, les Insoumis qui présenteront le plus de candidats, mais le nombre de circonscriptions réservées aux socialistes augmente fortement, après leur bon score aux européennes : 229 candidatures, contre 175 pour le Parti socialiste, 92 pour les Ecologistes 92 et 50 pour le Parti communiste. 

Mais quelle personnalité incarnera ce "nouveau front populaire" ? Pour le député sortant de la France insoumise, François Ruffin, "on peut avoir une incarnation plurielle," a-t-il lancé en début de soirée, sur BFM TV. S'il est régulièrement cité parmi les possibles têtes d'affiche du mouvement en cours de construction, l'élu a mis l'accent sur la campagne plutôt que sur les tractations, estimant qu'il fallait une "gauche unie" pour "faire face à l'union des racistes et des nantis en face."

Interrogé sur ce même sujet sur le plateau du "20 heures" de France 2, Jean-Luc Mélenchon a eu aussi une réponse flexible : "Je ne m'élimine pas, mais je ne m'impose pas". Si le fondateur de La France insoumise se sent "capable" de briguer le poste de Premier ministre en cas de victoire de la gauche aux élections législatives du 30 juin et du 7 juillet, il a plaidé pour "en rester à la formule" proposée par le secrétaire national du PS, Olivier Faure, pour décider qui dirigerait un éventuel gouvernement du "nouveau front populaire" : "C'est le groupe parlementaire le plus important qui propose." "Proposer ne veut pas dire imposer", a-t-il encore nuancé

Eric Zemmour coupe les ponts avec Marion Maréchal, exclue de Reconquête

Marion Maréchal s'est exprimée la première. Lors d'une conférence de presse donnée en fin de journée à deux pas de l'Assemblée nationale, la tête de liste du mouvement Reconquête aux élections européennes a appelé à voter pour les candidats soutenus par le Rassemblement national aux législatives anticipées. Dénonçant la "triple faute" d'Eric Zemmour qui souhaite, lui, présenter des candidats Reconquête contre le RN, elle a déclaré "[refuser] le principe de candidatures de division", contre l'alliance conclue entre le patron exclu des Républicains Eric Ciotti et le Rassemblement national. "Présenter des candidats de Reconquête dans les circonscriptions législatives, c'est prendre le risque infini de faire gagner des députés macronistes ou d'extrême gauche", a-t-elle affirmé, soutenue dans sa démarche par Guillaume Peltier et Nicolas Bay, vice-présidents de Reconquête, et Laurence Trochu.

Fraîchement élus députés européens, les quatre cadres n'ont pas annoncé leur départ de la formation créée par Eric Zemmour. Mais ce dernier s'en est chargé, quelques heures plus tard. Sur le plateau de BFM TV, le président de Reconquête a annoncé exclure Marion Maréchal, Nicolas Bay, Guillaume Peltier et Laurence Trochu. "Ils devraient remettre leur mandat, ils sont quatre députés européens qui trahissent tous nos militants 48 heures après [leur élection]. C'est le record du monde de la trahison", a-t-il fustigé Eric Zemmour.

Son ancienne tête de liste "s'exclut d'elle-même de ce parti qu'elle a toujours méprisé", a-t-il lancé, accusant Marion Maréchal de "mentir" et d'être "entourée par des professionnels de la trahison".

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