Législatives 2024 : désistements, alliances et Assemblée nationale "plurielle"... Comment la majorité présidentielle tente de sauver le camp macroniste
Alliances, surprises, désistements… Alors que la fin du dépôt des candidatures pour le second tour des élections législatives anticipées est prévue mardi 2 juillet à 18h, rien n’est très clair dans la stratégie d’Emmanuel Macron. Aucune voix ne doit aller au Rassemblement national, quitte à élire des députés de La France insoumise : cacophonie garantie.
En attendant, le Premier ministre Gabriel Attal – invité du 20h de TF1 lundi soir - assure le service après-vente et appelle à constituer une "majorité plurielle". S'il ne dit jamais explicitement qu’il faut voter pour la France insoumise contre des candidats RN, entre les lignes, Gabriel Attal appelle ses électeurs à le faire, dimanche 7 juillet, seule manière d’empêcher le Rassemblement national d’arriver à Matignon : "Il y a un troisième chemin qui est celui d'avoir une Assemblée nationale plurielle. Ça passe, dans certaines circonscriptions, par des désistements de nos candidats pour empêcher le Rassemblement national d'avoir cette majorité absolue. Maintenant, désistement ne veut pas dire ralliement. Je me suis suffisamment opposé à La France insoumise pour qu'on ne puisse pas me taxer d'alliance ou quoi que ce soit."
Une Assemblée nationale "plurielle", donc, comme un clin d’œil à la gauche "plurielle", derrière Lionel Jospin entre 1997 et 2002, au temps de la cohabitation.
D'ailleurs, la gauche, c’est à elle que le Premier ministre assume de donner des gages avec la suspension de la réforme de l’assurance-chômage : "Je ne peux pas d'un côté dire que je souhaite que dans cette Assemblée il y ait des forces politiques différentes et prendre un décret au lendemain du premier tour qui vu le résultat, aurait été vu comme une forme de passage en force. C'est un gage qu'on a entendu le message des Français et le message des urnes : il faut gouverner différemment."
Les ministres de droite grands perdants
"Gouverner différemment" : un vœu qui sonne comme un retour à la promesse de 2017. Cette proposition de majorité plurielle est aussi une manière de sauver le camp macroniste, guetté par l’effacement. Une main tendue que Gabriel Attal assume, à condition de pouvoir continuer de peser... Mais cette stratégie ne plaît pas à tout le monde loin de là. Surtout aux ministres venus de la droite : ceux qui ont le leadership depuis des années autour d’Emmanuel Macron, ceux qui se voyaient bien prendre la relève, jouer les héritiers en 2027.
Coup de barre à gauche, ils sont les perdants. Lundi matin, dans le huis clos d’une réunion à l’Elysée, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire et d’autres ont bien fait comprendre au Président et à son Premier ministre de quel bois ils se chauffaient. Pas une voix au RN, mais pas une voix non plus pour La France insoumise. "LFI est un danger pour notre pays", dit l’un d’eux.
Une ligne que partage aussi un certain Edouard Philippe. "On n'a aucun ADN commun avec eux, ils appellent à casser du flic, ils tiennent des propos antisémites, on ne peut pas cautionner ça...", enrage un conseiller qui reproche à Emmanuel Macron d’avoir lui-même jeté le trouble : renvoyant d’abord dos à dos les extrêmes, changeant de pied aujourd’hui, au risque de décrédibiliser définitivement le front républicain.
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