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Législatives 2022 : on vous résume la position des oppositions vis-à-vis de la majorité présidentielle

Emmanuel Macron reçoit mardi et mercredi à l'Elysée les principales forces politiques du pays qui siègent à l'Assemblée nationale pour tenter de trouver une majorité. Mais la partie s'annonce serrée.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron et Christian Jacob, alors président du groupe LR à l'Assemblée nationale, lors d'un entretien à l'Elysée, le 4 février 2019, à Paris. (BENOIT TESSIER / AFP)

Emmanuel Macron cherche une solution. Les résultats des élections législatives ont accordé une majorité relative à la coalition Ensemble !, ce qui condamne le président de la République à trouver des alliés dans les forces d'opposition. Pour cela, le chef de l'Etat reçoit, mardi 21 et mercredi 22 juin, les forces politiques "ayant vocation à constituer un groupe à l'Assemblée nationale", a annoncé l'Elysée à franceinfo. Il va chercher avec les chefs de partis des "solutions constructives envisageables".

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Mais les premières déclarations des oppositions annoncent des négociations compliquées pour Emmanuel Macron. Aucun groupe ne semble prêt à jouer les forces d'appoint dans un accord de gouvernement, mais les oppositions comptent bien tirer profit de la situation pour négocier et imposer à la majorité des thèmes et des textes de lois.

Le RN se voit comme la "seule force d'opposition"

"On n'est pas la béquille d'Emmanuel Macron", a estimé au soir du second tour sur BFMTV Jordan Bardella, président du Rassemblement national. Avec 89 députés, le RN fait une entrée en force à l'Assemblée nationale et compte "incarner la seule force d'opposition à Emmanuel Macron, puisque la gauche a appelé à voter pour Emmanuel Macron" à la présidentielle, estime Jordan Bardella.

De son côté, Marine Le Pen, qui compte lâcher définitivement la présidence du RN pour se consacrer au groupe à l'Assemblée, a expliqué depuis Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) que les députés RN allaient se "positionner dès leur arrivée à l'Assemblée sur des sujets fondamentaux" comme "la lutte contre l'islamisme" et le référendum d'initiative citoyenne (RIC), en prévenant qu'elle entendait "mettre en œuvre le blocage de toutes les réformes (...) nocives [du gouvernement], au premier rang desquelles la retraite à 65 ans".

Pour tenter de désamorcer une stratégie de blocage systématique du RN, certaines voix dans la majorité ont pourtant fait allusion à un éventuel travail avec le RN sur certains textes. Estimant que les Français ne veulent pas d'un blocage du système, le ministre de Justice, Eric Dupond-Moretti, a ainsi évoqué sur BFMTV la possibilité pour le RN et la majorité "d'avancer ensemble", "avec beaucoup de bon sens". Le patron de LREM, Stanislas Guerini, a précisé qu'il n'était pas question d'un accord de gouvernement avec le RN mais de négocier avec "tous ceux qui trouveront un intérêt à faire avancer les réformes bonnes pour le pays".  

La Nupes se cherche une unité pour faire face à la majorité

"Je ne crains pas le chaos à l'Assemblée, je crains le chaos dans le pays", a expliqué Fabien Roussel sur RTL mardi. Avec 133 députés*, l'alliance de gauche de la Nupes se considère comme la première force d'opposition face à la politique d'Emmanuel Macron, mais se dit aussi prête à voter certains textes uniquement si cela va dans le sens du programme de la Nupes. "Je dirai au président de la République ce soir qu'il n'a pas à avoir peur du blocage des institutions, a expliqué le communiste Fabien Roussel sur RTL. Si demain, il y a sur la table du Parlement la possibilité d'augmenter le Smic tout de suite de 10 à 15% (...) eh bien, il y aura la majorité des députés de gauche qui voteront cette mesure..."

Mais la gauche ne parle pas encore d'une seule voix pour le moment. De premiers signes d'opposition sont rapidement apparus. Jean-Luc Mélenchon a proposé lundi à ses partenaires de former un groupe unique à l'Assemblée nationale pour "rester une alternative unie", mais la proposition a été refusée sans attendre par le PS, le PCF et les écologistes. "Quatre groupes au sein de l'Assemblée seront plus forts qu'un seul", assure le communiste André Chassaigne auprès de franceinfo.

Autre signe qui montre que tous les instruments ne sont pas encore accordés à gauche : le député LFI Eric Coquerel a estimé sur franceinfo qu'Elisabeth Borne ne pouvait plus "continuer à être Première ministre", faute de "majorité", assurant que l'opposition de gauche déposerait prochainement "une motion de censure". Mais Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a précisé que le dépôt d'une motion de censure contre le gouvernement "n'[était] pas une position commune" de toutes les composantes de la Nupes "à ce stade".

La droite "se veut dans l'opposition"

"Nous sommes dans l'opposition au gouvernement et à Emmanuel Macron et nous restons sur cette ligne", a répété Christian Jacob à l'issue du Conseil stratégique des Républicains qui s'est tenu lundi. L'alliance de droite (LR-UDI-DVD), qui a obtenu 64 députés dimanche, apparaît pourtant comme la force la plus Macron-compatible dans la nouvelle Assemblée, mais le patron de LR refuse d'être une force d'appoint du macronisme.

"Il n'est pas question de pacte, ni de coalition, ni d'accord de quelque nature que ce soit."

Christian Jacob, patron de LR

Le président des Républicains ne refuse pas pour autant la posture d'opposition constructive. Les députés de droite feront donc d'ici l'automne "une série de propositions" sur divers sujets, selon Christian Jacob, qui a énuméré "le pouvoir d'achat, la sécurité, la santé, l'éducation nationale, l'immigration..." L'ancien député de Seine-et-Marne compte garder son parti à l'initiative dans un rôle d'"opposition responsable"

Une opposition responsable, cela signifie que LR ne votera pas la motion de censure que prévoit de déposer la Nupes en juillet, explique sur franceinfo le sénateur Roger Karoutchi. Mais la droite va tout faire pour peser dans les débats et, sur chacun des textes, la majorité devra batailler durement pour convaincre les députés LR de voter. "Nous allons annoncer un certain nombre de positions de principe, détaille Roger Karoutchi. Soit le gouvernement les reprend, alors dans ces conditions, naturellement, on peut avancer et voter certaines choses, soit le gouvernement ne reprend rien de ce que l'on propose, dans ce cas par définition nous ne voterons pas les textes."

A droite, quelques voix divergentes se font néanmoins entendre. Le maire de Meaux, Jean-François Copé, a plaidé à plusieurs reprises pour un pacte de gouvernement avec la majorité présidentielle. Il a été rejoint mardi par Gaël Perdriau, maire LR de Saint-Etienne. Ce dernier estime sur franceinfo que son parti peut "être la clé de l'avenir" et appelle à la mise en place d'un "pacte social, un pacte environnemental et un pacte républicain" avec Emmanuel Macron. "Notre parti doit prendre ses responsabilités. Il a rendez-vous avec l'histoire."

* Franceinfo a opéré différentes vérifications et a décidé d'intégrer dans les rangs de la Nupes deux candidats étiquetés divers gauche par le ministère de l'Intérieur. Contrairement aux chiffres du ministère, les projections en sièges de la Nupes comptabilisent donc, dans cet Hémicycle, les députés Joël Aviragnet et Hervé Saulignac. Toutes nos explications se trouvent dans cet article.

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