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Législatives 2022 : face à une "campagne atone", Jean-Luc Mélenchon confie avoir "intérêt à mettre sans arrêt du piment" dans son duel à distance avec Emmanuel Macron

Ce face à face entre le président de la République et le leader de la France insoumise par prises de paroles interposées occupe la scène médiatique avant le premier tour des législatives dimanche.

Article rédigé par franceinfo - Victoria Koussa - Benjamin Mathieu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, au palais de l'Élysée à Paris, le 6 février 2019. Photo d'illustration. (MICHEL EULER / POOL)

La campagne des législatives touche à sa fin, avec le début de la période de réserve, qui prend effet à minuit vendredi 10 juin, juste avant le premier tour, dimanche. Dans ces toutes dernières heures, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron s'affrontent à distance. Ce duel s'intensifie depuis quelques jours.

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Les derniers tacles sont encore frais : Emmanuel Macron en déplacement dans le Tarn s'en prend aux "extrêmes". Marine Le Pen et l'insoumis Jean-Luc Mélenchon sont ici dans le même sac. "Les extrêmes aujourd'hui proposent d'ajouter de la crise à la crise en revenant sur les grands choix historiques de notre Nation", lance le chef de l'État.

"Rien ne serait plus dangereux que d'ajouter au désordre mondial, un désordre français que propose les extrêmes."

Emmanuel Macron

le 9 juin 2022

Dans la foulée, Jean-Luc Mélenchon organise une conférence de presse au pied levé pour répondre à celui qu'il a attiré dans l'arène : "Ce que propose monsieur Macron, sur un ton qui est l'équivalent d'un discours d'il y a plus de 45 ans de Monsieur Giscard d'Estaing, c'est un effet d'affolement qui ne sert à rien." Les deux hommes se rendent les coups, celui qui réclame aux électeurs de l'élire Premier ministre dénonce depuis des mois la casse sociale du programme d'Emmanuel Macron. Le président, lui, agite l'épouvantail, dans la presse le 3 juin dernier, à Clichy-sous-Bois cette semaine et dans le Tarn, d'un choix de raison à un choix dangereux.

Emmanuel macron s'invite dans la campagne

Après des semaines de quasi-silence, le chef de l'État guide les troupes de la majorité cette semaine et les ligue contre un ennemi commun : la Nupes et son programme. "C'est quand même un projet où on explique aux gens, on va vous interdire de couper les arbres chez vous, déclare le président de la République. C'est un projet où il y a vingt taxations nouvelles, donc c'est pas un bon projet pour le pays." 

Le président, qui faisait pourtant des appels du pied à l'électorat insoumis pendant la présidentielle, change donc de ton alors que la majorité absolue est menacée à l'Assemblée. Depuis cinq jours dans les médias, certains ministres font de la surenchère. Jean-Luc Mélenchon y décèle de la panique : "Emmanuel Macron dans un moment de fébrilité bien visible s'implique dans la campagne. Nous avons compris qu'il existait un système de 'sortie prétexte'."

"Ce n'est pas au président de la République de mener la campagne des législatives que ses amis sont incapables de mener."

Jean-Luc Mélenchon

le 9 juin 2022

Un effet de panique qui s'explique d'après l'insoumis aux récents sondages
près de trois sondés sur dix assurent vouloir voter pour la coalition de la gauche au premier tour, comme le souligne un sondage Ipsos-Sopra Steria pour Radio France et France Télévisions.

"Il fallait marquer les esprits"

Tous les coups sont permis jusqu'à vendredi soir minuit même si le président se retire en privé à Amiens. Le siège de La République en marche doit publier dans la journée des vidéos sur les réseaux sociaux pour tenter de décrédibiliser les propositions de Jean-Luc Mélenchon notamment sur la fiscalité. Le leader insoumis aura l'occasion d'offrir une dernière réponse et de rendre les derniers coups à Marseille, en fin de journée lors d'une toute dernière prise de parole. 

D'ailleurs, jeudi, lors de cette conférence de presse au bien levé, l'insoumis a également récusé ses prétendues alliances avec la Russie et a dénoncé des effets d’affolement du chef de l’Etat qui "dramatise tout". Cette séquence en tout cas valide complètement sa stratégie d’opposition : "Ce qui compte, ce n’est pas le signe que je reçois c’est le signe qu’ils envoient", analysait-il devant quelques journalistes, juste avant cette conférence de presse.

Et Jean-Luc Mélenchon assume en tout cas ses sorties sur la police, après le drame du 18e arrondissement de Paris, samedi 4 juin, où une femme a été tuée par des policiers à l'issue d'un refus d'obtempérer : "J’ai monté le ton, il fallait marquer les esprits", confiant aussi avoir utilisé ce levier pour mobiliser les abstentionnistes. "La campagne est atone, j’ai intérêt à mettre sans arrêt du piment", explique-t-il. Avant de conclure, confiant  et dans un large sourire : "Vous sentez bien que ça frémit."

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