Législatives 2024 : ce que l'on sait de l'agression de la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot lors d'un collage d'affiches à Meudon
"La violence n'est jamais la réponse." C'est le message posté, jeudi 4 juillet, sur X par la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, au lendemain de son agression lors d'un collage d'affiches sur la commune de Meudon (Hauts-de-Seine). La candidate de la majorité dans la 8e circonscription du département n'a pas été blessée, mais sa suppléante et un militant ont été hospitalisés. Le Premier ministre et candidat Gabriel Attal doit se rendre jeudi après-midi à Meudon pour leur apporter son soutien, a appris franceinfo auprès de sources concordantes.
Quatre personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, dont trois mineurs, a fait savoir à franceinfo le parquet de Nanterre. Les gardes à vue de deux des trois mineurs ont été levées vendredi et une information judiciaire a été ouverte contre le majeur, âgé de 20 ans, et l'un des mineurs. Ils ont tous deux été déférés devant un juge d'instruction en vue de leur mise en examen. Le parquet a requis leur placement en détention provisoire.
Voici ce que l'on sait de cette agression, survenue à quatre jours du second tour des élections législatives.
Prisca Thevenot et son équipe prises à partie par une quinzaine de personnes
Alors qu'elle procédait à un collage d'affiches avec sa suppléante, Virginie Lanlo, et un militant à Meudon-la-Forêt, vers 20 heures, Prisca Thevenot assure avoir constaté qu'un jeune homme était en train d'arracher une affiche. Elle lui signale alors qu'il est interdit de détériorer des affiches de campagne, selon son récit aux policiers.
La ministre et son équipe sont ensuite prises à partie par ce dernier, puis par un groupe d'une quinzaine de personnes arrivées en soutien, selon une source proche de l'enquête à franceinfo. Des personnes "très agressives" qui criaient, selon l'équipe de campagne de Prisca Thevenot.
Un homme donne un coup de trottinette au visage du militant, lui déplaçant la mâchoire. La suppléante Virginie Lanlo reçoit quant à elle des coups-de-poing et de pieds sur le corps, en particulier sur le bras gauche, a-t-elle expliqué aux policiers. Prisca Thevenot n'est pas blessée. Les sapeurs-pompiers sont alors appelés et interviennent pour prodiguer des soins. La suppléante et le militant sont finalement transportés à l'hôpital.
Un majeur et trois mineurs interpellés et placés en garde à vue
Le conseiller municipal Avedik Batikian a filmé la scène depuis son balcon, ce qui "a permis à la police" d'identifier des suspects, explique-t-il à France Télévisions. Prisca Thévenot a aussi filmé une partie de l'agression. Quatre personnes – un majeur et trois mineurs – ont été interpellés et placés en garde à vue, a appris franceinfo auprès du parquet de Nanterre. Deux d'entre eux sont nés en 2007 et 2009, selon une source proche du dossier. Un seul des interpellés, qui résident tous à Meudon, est connu pour des antécédents judiciaires, selon une source policière à France Télévisions.
Prisca Thévenot a déposé plainte et une enquête "en flagrance (...) pour des faits qualifiés de violences commises en réunion avec arme, et de violences sur un élu public en réunion et avec arme (par destination)" a été ouverte jeudi par le parquet. Les investigations ont été confiées à la direction territoriale de la sécurité de proximité des Hauts-de-Seine. "Elles ont débuté dans la nuit et vont prendre du temps, pour récupérer notamment des vidéos des faits et des témoignages", explique à franceinfo une source proche du dossier.
Ouverture d'une information judiciaire
Vendredi, les gardes à vue de deux des trois mineurs ont été levées "en l'absence de charges suffisantes retenues contre eux à ce stade", précise le parquet de Nanterre dans un communiqué. Une information judiciaire a été ouverte contre le majeur, âgé de 20 ans, et l'un des mineurs.
Le mis en cause majeur avait déjà deux condamnations à son actif, l'une pour "trafic de produits stupéfiants", l'autre pour "conduite sans permis et recel", précise le parquet. Le mineur, né en 2007, "a été jugé à deux reprises pour un vol en réunion et un port d'arme, et fait l'objet d'une mesure éducative judiciaire".
Ils ont tous deux été déférés devant un juge d'instruction en vue de leur mise en examen. Le parquet a requis leur placement en détention provisoire. "Les investigations ont donc vocation à se poursuivre dans le cadre de l'information judiciaire, afin de préciser les implications des deux mis en cause, d'identifier les autres personnes susceptibles d'avoir participé à ces violences et pour établir les motivations des personnes soupçonnées", conclut le parquet de Nanterre.
Prisca Thevenot, soutenue par la classe politique, poursuit sa campagne
Selon l'entourage de la porte-parole du gouvernement, contacté par franceinfo, Prisca Thevenot "continuera sa campagne sur le terrain comme prévu jusqu'à vendredi soir". La porte-parole du gouvernement a reçu le soutien de la classe politique, à commencer par sa concurrente dans ces législatives, la candidate du Nouveau Front populaire, Salomé Nicolas-Chavance, qui s'est dite "profondément choquée" sur le réseau social X.
J’apprends l’agression dont a été victime @priscathevenot et ses équipes et je leur apporte tout mon soutien.
— Salomé Nicolas-Chavance (@Salome_NC) July 3, 2024
Je suis profondément choquée par ces actes inacceptables et je les condamne avec la plus grande fermeté. La violence n’a pas sa place dans notre démocratie.
Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, s'est, lui aussi, ému de cette agression. "La violence n'a pas sa place dans notre démocratie. Tout mon soutien à elles et aux militants présents", a-t-il écrit sur X. Sur le même réseau social, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a estimé que "chacun doit pouvoir faire campagne sereinement et librement. La démocratie l'exige."
Alors que plusieurs candidats ont été agressés ces derniers jours, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, candidat dans le Nord, a jugé qu'"il se pass[ait] quelque chose qui confine à la libération de la violence" et annoncé que "30 000 policiers et gendarmes, dont 5 000 à Paris et sa banlieue", seraient mobilisés dimanche soir.
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