Législatives : "L'enjeu est de redonner de la confiance aux habitants", préconise Dylan Ayissi, membre du collectif Ma Cité va voter

Le fondateur de l'association Une voix pour tous estime qu'il y a "un dysfonctionnement de la politique dans les territoires populaires".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un électeur dans l'isoloir, au Pré-Saint-Gervais, le 9 juin 2024. (MYRIAM TIRLER / HANS LUCAS via AFP)

À quelques jours du second tour des élections législatives anticipées, "il y a une tension doublée de beaucoup de craintes" dans les quartiers populaires, qu'ils soient péri-urbains ou ruraux, témoigne Dylan Ayissi, membre du collectif Ma cité va voter, sur franceinfo vendredi 5 juillet. Pour le fondateur de l’association Une voix pour tous, pour obtenir le vote des quartiers populaires qui sont reconnus pour être des territoires abstentionnistes, "il faut redonner de la confiance aux habitants".

franceinfo : Dylan Ayissi, est-ce que vous sentez une tension à l'approche du second tour des législatives ?

Dylan Ayissi : Bien sûr, il y a une tension doublée de beaucoup de craintes. Les gens sont informés et conscients de l'enjeu de l'élection qui approche. Donc, il y a une prise de conscience très forte de ce que ça va pouvoir impliquer quotidiennement pour les habitants des quartiers populaires et pour les habitants qui sont issus de la diversité.

Les jeunes que vous voyez, avec qui vous discutez, ils réalisent l'enjeu ? Ils vont aller voter ?

Ce qu'on observe, c'est qu'il y avait des taux de participation historiques dans des départements où, historiquement, il y a moins de participation que dans d'autres. Cette mobilisation fait suite à une prise de conscience importante. Maintenant, objectivement, il ne suffira pas simplement que de mobiliser sur le temps des élections. On voit que la fracture qui en train de se découvrir, il va falloir pouvoir essayer de la recoller sur le long terme.

Une fracture visible aussi dans les quartiers populaires. Par exemple, dans certains quartiers de banlieue aux élections européennes, le Rassemblement national a enregistré une poussée à Saint-Dizier en passant par Dieppe, Évry-Courcouronnes ou Marseille. Ça nous dit quoi de la réalité du terrain ?

Quartiers populaires, c'est un mot-valise, il y a en réalité plein de situations très différentes. Il y a des quartiers populaires dans des territoires qui sont périurbains, d'autres dans les territoires ruraux. On sait que la question de la mobilisation électorale a historiquement été problématique. Elle fait suite à plein de trahisons de gauche et de droite. Les gens ont besoin de reprendre de confiance. Le fait que ces populations n'aillent pas voter permet à d'autres formes de voix de pouvoir s'exprimer, de pouvoir se matérialiser dans le vote.

Vous parlez de trahison de la gauche, de la droite… Ça veut dire que certaines classes populaires se sentent abandonnés par le politique ?

Bien sûr, mais pas seulement dans les quartiers populaires. Je pense qu'il y a un dysfonctionnement de la politique dans les territoires populaires auprès des personnes les plus fragiles, en quartier populaire ou en milieu rural. L'une des missions de Ma Cité va voter, c'est justement de sortir de Paris, d'aller voir les réalités que peuvent vivre d'autres personnes ayant un sentiment d'abandon, de déclassement, d'humiliation et de mépris, qui est permanent depuis des décennies maintenant. Et malheureusement, ça se matérialise et ça a été étudié, vu et revu, soit par un vote à l'extrême droite, soit par une abstention. Et aujourd'hui, il est là l'enjeu, redonner de la confiance aux habitants.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.