Législatives : "Beaucoup de ce que le RN prône va nuire considérablement aux Universités françaises", estime le président de l'Université de Strasbourg

Michel Deneken se dit "pas rassuré" par un "discours qui fait plaisir" et des candidats "qui ont remis en cause la science".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Michel Deneken, président de l'Université de Strasbourg, le 3 décembre 2016. (CONSTANT FORME-BECHERAT / HANS LUCAS via AFP)

"Beaucoup de ce que le Rassemblement national prône, autour de la préférence nationale ou du contrôle de l'immigration, va nuire considérablement aux universités françaises et à la qualité de la recherche française", explique lundi 1er juillet sur franceinfo Michel Deneken, président de l'Université de Strasbourg et président de l'alliance d'universités Udice. Les universités et les grandes écoles françaises ont signé un communiqué ce lundi, signifiant leur rejet du Rassemblement national, arrivé en tête des élections législatives anticipées. Le texte évoque la mise "en danger" de l'enseignement supérieur et de la "chance qu'il offre à toute la jeunesse".

"Dans mon université, par exemple, j'ai quatre prix Nobel, et deux sont binationaux. Or, à ce qu'il paraît, on fait la chasse aux binationaux", lance le président de l'Université de Strasbourg. "Alors je sais, bien entendu, qu'on ne va pas s'attaquer aux binationaux prestigieux, on n'est pas bête, il y a de la posture au RN", ironise-t-il. "Mais sur le fond, nous ne sommes pas rassurés dans la mesure où tout tend vers une fermeture, vers une crispation sur une France mythique, qui pourtant ne peut pas exister sans l'immigration", se désole Michel Deneken.

Les universités "extrêmement visées"

"La dynamique de la France n'est démographiquement plus tenable si on n'accepte pas sur le territoire des étudiants et des personnes étrangères", explique-t-il, "donc on est clairement devant un discours qui fait plaisir dans des chaumières où on ne sait pas très bien ce que c'est un étudiant étranger, mais nous, les universités, on se sent extrêmement visées par toutes ces mesures". Une autre raison qui l'a poussé à signer le texte appelant à faire barrage à l'extrême droite est la posture de certains candidats du RN, "des gens qui ont été antivaccins, qui ont remis en cause la science pendant le Covid, et qui mettaient en doute la recherche française"

Enfin, il a défendu le caractère universel et égalitaire de l'enseignement supérieur, "un service public, c'est l'égalité des chances et on continue d'avoir l'ascenseur républicain dans nos universités, même si plus difficilement qu'avant". "La misère étudiante existe, et il y a aussi plein de petits Français qui sont dans la misère et la précarité, mais j'espère que les étrangers, comme eux, bénéficieront des politiques publiques lorsque nous aurons franchi le 7 juillet, parce que ce qui est en jeu, c'est aussi une politique de la jeunesse", conclut-il.

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