Législatives 2024 : à qui a profité la participation record au premier tour du scrutin ?

Le taux de participation au premier tour des législatives enregistre un record avec plus de 66%. Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos, décrypte les conséquences de cette hausse.
Article rédigé par Claire Guédon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le taux de participation s'élève à plus de 66% pour le premier tour des législatives. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)

La participation au premier tour des législatives, dimanche 30 juin, s'élève à 66,71% d'inscrits qui se sont déplacés, selon le ministère de l'Intérieur. Du jamais vu depuis les législatives de 1997, avec 67,9% de participation. Brice Teinturier, directeur délégué général d'Ipsos, répond aux questions de franceinfo.

franceinfo : Comment expliquer cette forte mobilisation ?

Brice Teinturier : Vous avez une double mobilisation. Une mobilisation d'espérance, notamment chez les électeurs du RN mais un peu aussi chez les électeurs à gauche, parce que tout à coup cette dissolution rouvrait la possibilité d'une alternance. Et puis une mobilisation par la peur, par la crainte. Une crainte vis-à-vis du Rassemblement national ou crainte vis-à-vis du bloc de gauche.

Quels ont été les effets sur les résultats eux-mêmes ?

C'est très difficile à dire, mais, malgré tout, le RN a plutôt été un peu désavantagé par cette hausse de la participation. Même s'il a fait un score tout à fait historique, la hausse de la participation a renforcé le nombre de triangulaires. Et s'il y a des retraits - et c'est ce qui va se produire avec les consignes qu'on entend depuis dimanche soir -, ça ne favorisera pas le Rassemblement national. Par ailleurs, on voit dans la sociologie des électorats qu'un certain nombre de catégories ont été un peu en deçà de ce qu'elles pouvaient fournir au RN. Je pense aux ouvriers, un peu en dessous des scores de mobilisation qu'on avait auparavant. Je pense également aux 25-34 ans qui votent beaucoup pour le RN et qui étaient un peu sous-mobilisés manifestement dimanche.

Les plus jeunes se sont-ils plus mobilisés que d'habitude ?

Les 18-24 ans se déplacent toujours beaucoup moins que les plus âgés, que les 70 ans et plus par exemple. Mais les 18-24 ans se sont davantage mobilisés qu'aux européennes, et l'écart entre leur niveau de mobilisation et le niveau de mobilisation des plus âgés s'est plutôt réduit. C'est pour cela que vous avez eu des 18-24 ans, qui sont toujours sous-mobilisés par rapport à leurs aînés, mais moins qu'auparavant. De plus, ces 18-24 ans ont moins voté pour le RN et davantage pour la gauche. Donc le RN, pour le coup, a subi à la fois une petite pression supplémentaire des 18-24 ans qui sont allés sur la gauche et une sous-mobilisation de la tranche d'âge supérieur, les 25-34 ans qui, eux, votent davantage pour le Rassemblement national.

Le taux de participation élevé a-t-il profité à un parti ? 

Il a un peu atténué la victoire du RN par rapport à ce qu'elle aurait pu être, parce que la victoire du RN reste, malgré tout, tout à fait historique, avec 10,6 millions de suffrages, c'est deux fois et demi ce qu'il avait obtenu aux dernières législatives et c'est davantage qu'aux européennes. C'est même plus qu'au premier tour de la présidentielle par Marine Le Pen, où on était un peu plus de 8 millions de suffrages. Donc l'accroissement du RN est totalement incontestable et il est surtout extrêmement puissant.

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