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Reportage Législatives 2022 : au coeur de la "bataille des droites" à Nice

À quelques jours du premier tour du scrutin, le député sortant Eric Ciotti (LR) fait face à un jeune candidat investi par la majorité présidentielle : Graig Monetti, proche du maire de Nice Christian Estrosi. Aujourd'hui, chacun dispute à l'autre l'incarnation de la droite républicaine.

Article rédigé par franceinfo - Audrey Tison, édité par Xavier Allain
Radio France
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Temps de lecture : 5min
Douze candidats se présentent dans la 1ère circonscription des Alpes-Maritimes, dont Eric Ciotti (LR) en réunion publique dans le centre de Nice, qui vise la réélection. (AUDREY TISON / RADIOFRANCE)

Il y a la carte postale de Nice : la plage, la promenade des Anglais. Et puis, il y a le quotidien, avec ces nombreux retraités qui s'apprêtent à voter au premier tour des élections législatives, le dimanche 12 avril, dans la 1ère circonscription des Alpes-Martimes. Interrogés, ils le disent très librement : "Je vote pour Éric Ciotti !", lâche une dame, "Il a fait beaucoup de trucs pour nous, les seniors", ajoute une autre, quand un passant lui trouve "qu'il défend bien les Niçois". 

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Tous saluent sa constance : lui n'a jamais changé de parti, quelles que soient les difficultés des Républicains. Ce que souligne l'intéressé lui-même lors de ses réunions publiques : "Ma famille politique a subi une très lourde défaite à l'élection présidentielle. Ses causes ? Elles ne sont pas dans la faiblesse de nos valeurs. Elles sont bien, au contraire, peut être dans le manque d'affirmation de ces valeurs de droite : autorité, identité, liberté. Je suis de droite, je le revendique et je ne m'en excuserai jamais", lance Eric Ciotti sous les applaudissements. Et sa dernière proposition d'interdire le burkini a du succès dans la salle. 

Eric Ciotti (LR) en réunion publique dans le centre de Nice, vise la réélection lors de ces élections législatives. (AUDREY TISON / RADIOFRANCE)

Accusations entre "meilleurs ennemis"

Mais dans cette campagne, un autre candidat se revendique de droite : le jeune Graig Monetti. Il s'agit du poulain de Christian Estrosi, maire de Nice, qui en a fait son adjoint à la mairie de Nice, et l'a placé auprès la Macronie. "Je ne dirais peut-être pas placé, mais encouragé certainement", plaide-t-il, à 29 ans, deux fois moins que son adversaire. Graig Monetti joue le contraste dans le style et sur le fond, comme lors d'un apéritif de campagne face à des jeunes où il n'hésite pas à citer le groupe de rap NTM et son Monde de demain. 

Et il accuse : "J'incarne une candidature de droite sociale, droite de progrès. J'essaye aussi d'avoir une méthode qui sort du bon sens et du dépassement. Monsieur Ciotti incarne, et c'est son droit d'ailleurs, une extrême droite. Quand Eric Zemmour affirme qu'il n'investira personne face à Eric Ciotti, je crois que c'est un message assez clair. Quand le Rassemblement national investit une candidate totalement inconnue qui ne fait même pas campagne, je crois que c'est un soutien qui est tout aussi clair envers monsieur Ciotti", insiste le candidat de la majorité présidentielle. Impossible de vérifier cette thèse : la candidate du RN, Muriel Vitetti ne répond pas aux demandes d'interview. 

Le candidat de la majorité présidentielle, Graig Monetti, lors d'une réunion publique-apéro dédiée aux jeunes, dans un restaurant de la plage, à Nice, en juin 2022. (AUDREY TISON / RADIOFRANCE)

De son côté, Eric Ciotti conteste : il n'a conclu aucun accord. Et il renvoie Graig Monetti à son travail dans un cabinet ministériel : "Je ne considère pas la personne que vous évoquez comme de droite. Elle a collaboré avec une ministre socialiste, elle a porté une politique très à gauche en matière d'université et de recherche..."  Et le message est clair : Eric Ciotti rêve d'éliminer Graig Monetti dès le premier tour, ce serait une claque pour son meilleur ennemi le maire de Nice.

Les autres candidats "les laisse se battre"

Le député sortant affirme d'ailleurs se méfier davantage de la candidate de la Nupes, l'Insoumise et professeur des écoles Anne-Laure Chaintron, qui fait campagne loin de cette "bataille des droites". 

"En fait, c'est très facile, je vais les laisser se battre, et moi, je vais rester sur notre programme. Je pense qu'on ne touchera pas les électeurs d'Eric Ciotti. Par contre, il y a quand même encore des personnes qui, en 2017 par exemple, avaient voté pour Emmanuel Macron et qui ont été quand même gravement déçues. Ces personnes là, peuvent venir à nous", estime-t-elle.

La candidate de la Nupes, Anne-Laure Chaintron, fait campagne loin de cette "bataille des droites", préférant le contact avec les électeurs, comme ici, dans le quartier du port de Nice. (AUDREY TISON / RADIOFRANCE)

D'ailleurs à l'echelle de cette circonscription, Jean-Luc Mélenchon a fini deuxième à la présidentielle. Un argument pour la candidate qui distribue ses tracts : "Il faut voir que cette circonscription est très étalée. On a des quartiers populaires qui se sont beaucoup mobilisés pour le premier tour des présidentielles. On a fait les scores nationaux avec plus de 21% pour Jean-Luc Mélenchon. Oui, c'est possible... Ici, c'est le bouche-à-oreille, on ficanasse, c'est comme ça qu'on fonctionne", espère-t-elle.

Les voix de la gauche, d'autres candidats les briguent, notamment Kenza Athanasopoulos pour Place Publique, le mouvement de Raphaël Glucksmann. Elle tente de faire entendre sa voix, avec ses petits moyens.

"On a collé hier soir des affiches sur les emplacements libres et ce matin, à la première heure, c'était déjà recollé par les affiches de Graig Monetti, soutenu par le maire..." 

Kenza Athanasopoulos

à franceinfo

Elle n'est d'ailleurs pas la seule à pointer le phénomène. Pour tenter d'exister, le candidat du Parti animaliste, Loïc Lalande, mise, lui, son affiche très différente des autres. Pas de visage, mais celle d'un animal, un canard sur fond noir qui s'affiche d'ailleurs à travers toute la France durant cette campagne. "Le caneton est victime d'un tas d'abominations de sa naissance jusqu'à sa mort. Il a un temps de vie très court. Il représente bien la cause animale", souligne-t-il, reconnaissant d'avoir au moins l'avantage de susciter la curiosité.

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