Franceinfo en campagne. À Marseille, 23 concurrents et des matches dans le match à l'affiche de la 5e circonscription
Jusqu’aux élections législatives, franceinfo vous emmène dans une circonscription à enjeu symbolique. Lundi, regard sur la 5e circonscription de Marseille avec 23 candidats sur la ligne de départ, mais sans la députée PS sortante.
Dans la 5e circonscription de Marseille, le fauteuil lâché par la députée socialiste sortante, Marie-Arlette Carlotti, est particulièrement convoité. Pour les législatives des 11 et 18 juin prochains, pas moins de 23 candidats se présentent sur la ligne de départ : un record dans les Bouches-du-Rhône. La droite espère reprendre ce bastion qui a basculé à gauche en 2012 à 1 400 voix près. La circonscription comprend le 4e arrondissement et une partie des 5e et 6e arrondissements de la cité phocéenne.
Des duels en série dès le premier tour
Derrière la bataille pour la prise de la 5e circonscription de Marseille, se dissimulent plusieurs duels. À droite, le candidat Les Républicains(LR)-UDI affronte un ex-centriste. Et à gauche, deux candidats affirment être soutenus par le PS. Le Front national espère profiter de cette dispersion, tout comme La France insoumise, portée par la présence de Jean-Luc Mélenchon dans la circonscription voisine. La pléthore de candidats et la multiplication des étiquettes étonnent plus d'un habitant. D'ailleurs, quand elle se promène dans les rues de sa future ex-circonscription, l'élue sortante qui a jeté l'éponge, Marie-Arlette Carlotti, entend souvent cette question. Là, c'est le kiosquier de la place Sebastopol où se tient tous les jours un marché qui la lui pose : pourquoi avoir laisser tomber les législatives ? Parce qu'elle ne se sent pas bien dans cette élection, répond-t-elle. Avec 23 candidats, tous les paris sont ouverts.
Le match numéro 1 dans la majorité municipale
Un duel oppose Yves Moraine à Maurice Di Nocera, tous les deux dans l'équipe municipale de Jean-Claude Gaudin. Yves Moraine, le candidat investi par Les Républicains (LR) et l'UDI tracte boulevard Chave, entre petits commerces et coins bobos.
Le maire de secteur des 6e et 8e arrondissements est soutenu par l'édile de Marseille et tous les ténors de la droite. Mais pour ses rivaux, l'avocat de 47 ans se sert des législatives comme un tremplin vers la mairie, aux élections de 2020. "Des prévisions à trois ans, c'est purement fantaisiste, répond Yves Moraine. Je suis trop instruit de la vie politique pour savoir qu'il ne faut pas tirer de plan sur la comète..."
Yves Moraine assure ne pas être gêné par la candidature de Maurice Di Nocera. L'adjoint à la marie de Marseille, conseiller départemental, teste sa popularité près de son QG avenue des Chartreux.
A 73 ans, cet ex-UDI, adhérent en Marche et se présente sans étiquette. "Moi je suis le candidat des Marseillaises et des Marseillais, explique Maurice Di Nocera. Monsieur Moraine est parachuté par les Républicains dans ce secteur et je ne l'admets pas. On l'a investi sans me demander mon avis. Il n'y a pas eu discussions, donc je considère qu'on m'a ignoré. Et donc je vais au combat."
Le match numéro 2 pour le parrainage socialiste
La guerre de la rose oppose Christophe Madrolle à Sébastien Désille. Chacun revendique l'investiture du Parti socialiste. Christophe Madrolle, candidat investi par l'Union des démocrates et écologistes (UDE), conseiller municipal dans les 4e et 5e arrondissements de Marseille, montre volontiers les SMS de Jean-Christophe Cambadélis pour prouver sa bonne foi.
L'expression de "poisson-pilote" fait rougir Sébastien Désille, le candidat du Parti radical de gauche (PRG) affirme aussi être soutenu par le PS.
Ce jeune médecin de 32 ans, dégaine un mail pour assurer qu'il est soutenu par Solferino :"Monsieur Madrolle est un migrant de la politique. Il était à EELV, puis au MoDem, puis a transité ailleurs avant d'aller à l'UDE, donc il peut se garder ses leçons pour lui-même. Je ne suis piloté par personne, sinon par mes propres convictions."
La concurrence fait des vagues : le patron du PRG local fait savoir que si le PS lui retire son soutien, les autres accords dans les Bouches-du-Rhône vont sauter.
Un match discret à gauche de la gauche
Une concurrence qui ne dit pas son nom se joue entre le Parti communiste et La France insoumise. Isabelle Pasquet, ancienne sénatrice, qui se présente sous l'étiquette PCF aurait préféré une candidature unitaire avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon.
"C'est dommage qu'on ne soit pas arrivé à des accords locaux, soupire-t-elle. Le PC s'est retiré de quatre circos, France insoumise s'est retirée à Martigues... Peut-être qu'ils auraient pu faire un petit effort..."
Hendrik Davi se présente estampillé de La France insoumise. Il compte bien surfer sur la dynamique Mélenchon. Et pour cause, le leader de La France insoumise se présente dans la 4e circonscription voisine. Le candidat, chercheur en écologie, pense pouvoir faire 25% à lui tout seul.
"Nous avons près de 400 Insoumis sur la circonscription, s'enthousiasme Hendrik Davi. Evidemment, c'est une circonscription difficilement gagnable à gauche parce que la droite y est forte mais la division de la droite fait qu'elle est parfaitement gagnable pour nous !"
Qui pourrait profiter des divisions et dispersions ?
Le Front national, qui a beaucoup progressé ces dernières années à Marseille, espère tirer son épingle du jeu de ces multiples matches, tout comme la candidate officielle de La République en marche (LREM), Cathy Racon-Bouzon, est issue de la socitété civile. Cette directrice de communication, est critiquée de toute part pour son inexpérience, qu'elle revendique pourtant haut et fort.
"Ils ont parfaitement raison, et qu'ils continuent à le dire : je suis effectivement novice en politique et je pense que c'est ce que les gens attendent, plaide la candidate. Moi, l'expérience que j'ai, c'est celle que j'ai acquise dans la vraie vie, au contact de mes voisins, dans les écoles de mon quartier, dans les entreprises marseillaises avec qui j'ai travaillé..."
Les électeurs croisés dans les rues ne s'y retrouvent plus... Pour certains ça ne donne même pas envie d'aller voter. "On est un peu sceptiques", sourit une Marseillaise. "La place est en or donc ils la veulent tous. Si c'était pour aller à l'usine, vous croyez qu'il y aurait 23 candidats ?", s'interroge un autre. Ils ont jusqu'au 11 juin pour se décider.
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