#OnVousRépond : modalités du vote, programmes... A deux jours des élections européennes, nos journalistes ont répondu à vos questions
C'est la dernière ligne droite pour les candidats, mais aussi pour vous. La campagne pour les élections européennes s'achève, vendredi 7 juin à minuit, et les bureaux de vote ouvriront dimanche. Il reste donc quelques heures aux 38 listes en lice pour convaincre les électeurs de se rendre aux urnes, et deux jours à ces derniers pour se renseigner. Modalités du vote, programmes, enjeux en France et en Europe... Franceinfo a répondu aux questions envoyées par les internautes.
Les modalités du vote
Anne75017 : Bonjour franceinfo, il n'y a qu'une seule liste qui, dans sa profession de foi, indique que les élections européennes en France se dérouleront le 9 juin mais aussi le 8 juin pour certains. Pouvez-vous nous rappeler pourquoi ?
C'est exact. La raison est assez simple : certains départements, régions et territoires français d'outre-mer votent samedi 8 juin. Il s'agit de la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Polynésie française et les ambassades et consulats situés en zone Amériques et Caraïbes. Dans le reste de la France, c'est bien dimanche qu'il faudra se rendre aux urnes.
Cecilette : Bonjour, comment fait-on pour voter dimanche ? C'est à quelle heure ? Il faut sa carte ?
Les bureaux de vote ouvrent tous à 8 heures, mais l'heure de fermeture dépend des communes. Pour les plus petites, c'est souvent 18 heures, tandis que dans les grandes villes vous pourrez vous rendre dans l'isoloir jusqu'à 19 heures, voire 20 heures (c'est à cette heure que les premières estimations seront dévoilées). Le site de votre mairie devrait pouvoir vous renseigner.
Vous pouvez tout à fait voter sans votre carte d'électeur, qui est facultative, rappelle le site de l'administration. Vous devrez néanmoins présenter une pièce d'identité.
Tarah : Bonjour, pourquoi ne pas faire, comme d'autres pays, un bulletin de vote unique que nous cocherions ? Meilleure représentativité et économie de papier.
Effectivement, le bulletin de vote unique où le citoyen coche une case est utilisé dans plusieurs pays, comme l'Allemagne, la Belgique ou les Etats-Unis. En France, l'impression des bulletins de vote est à la charge des candidats et non de l'Etat. Plusieurs parlementaires poussent néanmoins pour ce bulletin de vote unique et des propositions de loi ont déjà été déposées sur le sujet, notamment en 2019 au Sénat. Mais celles-ci n'ont jamais été adoptées.
Florine92 : Nous n'avons reçu aucune propagande électorale. Pas de professions de foi, pas de bulletins, rien du tout... Est-ce normal ?
La propagande électorale, envoyée par La Poste, peut encore arriver chez vous samedi, mais il est aussi possible qu'elle vous parvienne incomplète. Si vous n'avez rien reçu d'ici là, je vous invite à aller sur le site du ministère de l'Intérieur, qui recense les programmes des candidats, ou dans notre résumé des propositions des principales listes !
Florine92 : Sur les panneaux électoraux devant les bureaux de vote de ma ville, il y a aujourd'hui une dizaine de listes représentées. Et pendant très longtemps, il n'y en a eu qu'une. Est-ce normal ? Comment les petites listes font-elles pour se faire connaître s'il n'y a pas d'affiches ? Et à quoi cela sert-il d'installer 30 panneaux pour rien ?
Le Code électoral prévoit que des panneaux métalliques doivent être installés par les communes, avec un emplacement pour chaque liste candidate, rappelle le site officiel Vie publique. Mais c'est ensuite aux équipes de chaque liste de coller les affiches sur ces panneaux, et c'est là que ça se complique, en particulier pour les plus petites formations. Votre ville n'est donc pas une exception : une grande partie des emplacements restent vides à l'approche du scrutin.
JCR72 : Bonjour, y aura-t-il les bulletins de vote de tous les partis ?
En France, l'impression des bulletins de vote est à la charge des candidats. Or, toutes les listes ne disposent pas des mêmes moyens financiers. En particulier pour les candidats à peu près certains de ne pas atteindre le seuil de 3% des suffrages exprimés, nécessaire pour obtenir le remboursement de leurs frais de campagne. C'est pourquoi plusieurs listes ont fait le choix de n'imprimer qu'un nombre limité de bulletins de vote, et ont appelé leurs soutiens à imprimer leur bulletin eux-mêmes avant de se rendre aux urnes.
Les règles du scrutin en France et dans l'Union européenne
Juanlucky : Bonjour FI, pourriez-vous expliquer les différentes règles applicables selon les pays pour obtenir des sièges au Parlement européen ? J'ai vu qu'en Allemagne il suffit d'avoir 2% pour avoir deux élus. En France, rien en dessous de 5%. Pourquoi ?
Comme vous le savez, les élections européennes se déroulent en un tour et à la proportionnelle. Autrement dit, plus une liste recueille de voix, plus elle obtient de sièges. Mais, cette règle générale n'est pas déclinée de la même manière selon les pays. En France, par exemple, pour obtenir un siège, une liste doit recueillir au moins 5% des suffrages. C'est 4% en Italie, 3% en Grèce... Et en Allemagne, il n'y a en réalité aucun seuil, depuis qu'une "décision de la Cour constitutionnelle fédérale allemande de 2014, a déclaré anticonstitutionnel le seuil électoral de 3%", précise le site du Parlement européen (fichier PDF).
Zloup : Quels sont les autres pays qui votent avant la France ? Pourquoi tout le monde ne vote pas le même jour ?
Les élections européennes se tiennent officiellement entre jeudi et dimanche. Si la plupart des pays votent uniquement dimanche, comme la France, d'autres ont fait un choix différent. Vendredi, c'est l'Irlande qui a ouvert ses bureaux de vote, tout comme la République tchèque, où ils resteront ouverts jusqu'au lendemain. C'est samedi que les élections auront lieu à Malte et en Slovaquie (et dans certains territoires français d'outre-mer). L'Italie, elle, vote sur deux jours, samedi et dimanche.
Les programmes des candidats
Fantomas : Bonjour, quelles sont les positions des candidats aux européennes concernant le conflit en Ukraine ?
C'est un vaste sujet, central dans cette campagne. Valérie Hayer (Renaissance) veut poursuivre le soutien financier et matériel à l'Ukraine, avec l'objectif de réarmer l'Europe, position similaire à celle de l'écologiste Marie Toussaint. Très europhile, Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique) veut aussi "réarmer" le continent et l'Ukraine, ce que défend aussi François-Xavier Bellamy (Les Républicains). Plus nuancée, Manon Aubry (La France insoumise) veut créer "un cadre diplomatique permettant d'obtenir un cessez-le-feu, le retrait des troupes russes, et l'ouverture de négociations pour une paix durable".
De son côté, Jordan Bardella (Rassemblement national) refuse toute escalade avec Moscou et dénonce le soutien militaire accru de Paris à Kiev. Pour Marion Maréchal (Reconquête), "ce n'est pas à la France de faire la guerre à [la] place" de l'Ukraine. Nos confrères de Libération ont consacré un article détaillé à cette question.
Bern12 : Bonjour, je n'ai rien entendu pendant la campagne des européennes sur l'économie sociale et solidaire, qui pourtant représente 10% de l'emploi privé en France, alors qu'on fête le 10e anniversaire de la loi ESS dite "loi Hamon". Comment les candidats abordent-ils la question ?
Ce thème est bien plus abordé par les listes de gauche que de droite et d'extrême droite. Manon Aubry (LFI) veut par exemple "favoriser l'Economie sociale et solidaire dans l'attribution des aides d'Etat", tandis que Marie Toussaint (Les Ecologistes-EELV) promet de "lancer un nouveau plan de déploiement" de ce secteur.
De son côté, Raphaël Glucksmann (PS) a pour ambition de promouvoir l'ESS en "proposant une fiscalité adaptée aux organisations y répondant". Léon Deffontaines et les communistes vantent un "atout pour le dépassement du capitalisme", mais ils souhaitent aussi "la suppression des directives existantes sur l'économie sociale et solidaire", qui ont, à leurs yeux, "pour but d'obliger les structures de l'ESS à se comporter comme des entreprises privées".
Vidoc41 : Bonjour, Raphaël Glucksmann prône-t-il l'Europe fédérale, comme je l'ai lu quelque part ?
La tête de liste Parti socialiste-Place publique défend en tout cas dans son programme une "avancée fédérale assumée" afin de "bâtir une puissance politique européenne". A l'horizon 2030, il souhaite "un grand traité de réunification du continent européen, qui sera aussi un traité d'approfondissement, d'avancée fédérale et de démocratisation de l'Union européenne". Ce qui tranche avec ce que souhaitent d'autres listes de gauche, comme La France insoumise ou le Parti communiste.
Ahinque : Bonjour, qu'est-ce qu'une Europe fédérale exactement ?
Il est plutôt complexe de répondre en quelques lignes, mais tentons malgré tout ! Le projet d'une Europe fédérale consiste à accorder davantage de pouvoirs aux diverses institutions de l'Union européenne, sur les plans économique, politique ou encore militaire, avec moins de prérogatives pour les 27 Etats membres. Je vous donne un exemple qui existe déjà : sur le plan monétaire, la Banque centrale européenne est un aboutissement de l'Europe fédérale, car le pouvoir de conduire la politique monétaire de l'UE appartient désormais à une institution supranationale, et non aux Etats.
Les sondages et les premiers résultats
Mychelle Bourbon : Bonjour, avec 3% d'intention de vote, combien d'élus peut espérer le PCF ? Merci de votre réponse
En dessous de 5%, les listes candidates n'obtiennent aucun élu, c'est la règle en France. Il est très probable que les communistes, qui sont systématiquement en dessous de 5% dans les sondages, n'envoient donc aucun élu au Parlement européen. Je rappelle également qu'en dessous de 3%, aucun remboursement des frais de campagne n'est possible.
Zloup : J'ai lu que les Pays-Bas ont déjà voté. Connait-on les résultats ? Où les trouver ?
Vous avez tout à fait raison : les Pays-Bas ont ouvert le bal, jeudi, de ces élections européennes, qui s'étalent de jeudi à dimanche. La liste de gauche GroenLinks-PvdA arriverait en tête des élections, devant celle du parti d'extrême droite PVV, selon un sondage sorti des urnes réalisé par Ipsos I&O pour le compte de NOS, la Fondation néerlandaise de radiodiffusion. Selon ce sondage, l'alliance entre les écologistes et les travaillistes obtient 8 sièges; contre 7 pour la formation eurosceptique. Attention toutefois : Ipsos I&O et NOS précisent toutefois qu'il existe justement une marge d'erreur d'un siège. Les résultats définitifs seront dévoilés dimanche soir, une fois que tous les pays auront voté.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.