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Le parti écologiste EELV est-il vraiment menacé d'implosion ?

Europe Ecologie-Les Verts va-t-il succomber à son péché mignon : la division ? L'ancienne ministre Cécile Duflot souhaite l'émergence d'une nouvelle force à gauche, tandis que d'autres élus seraient prêts à une scission pour rejoindre le gouvernement.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le président du groupe EELV au Sénat, Jean-Vincent Placé, salue l'ancienne ministre Cécile Duflot, le 5 avril 2014, à Paris, lors d'une conférence sur le logement et l'égalité des territoires. (ALAIN JOCARD / AFP)

Deux écolos, deux tendances ? A une dizaine de jours des départementales, la tension monte dans les rangs d'Europe Ecologie-Les Verts. Le député François de Rugy, qui préside le groupe EELV à l'Assemblée nationale, et le sénateur Jean-Vincent Placé, patron des écologistes au Palais du Luxembourg, ont tous deux émis le souhait qu'en cas de remaniement post-électoral, leur parti soit à nouveau représenté au gouvernement. Une hypothèse que François Hollande n'a d'ailleurs pas exclue, dans un entretien au magazine Challenges, mercredi 11 mars, tout en écartant un changement de ligne politique.

Mais l'ancienne ministre du Logement Cécile Duflot, elle, ne veut pas en entendre parler. Et les autres ? Bon nombre se désespèrent d'entendre parler d'"implosion" en pleine campagne électorale. Alors, y a-t-il vraiment un risque d'éclatement du parti ?

Oui : certains seraient prêts à une scission pour prendre des responsabilités gouvernementales

Qui incarne cette ligne ? Notamment le sénateur Jean-Vincent Placé et les députés François de Rugy, Barbara Pompili et Denis Baupin. Tous estiment qu'il faut renouer avec l'exécutif. Si l'on en croit le quotidien L'Opinion (article payant), mercredi 11 mars, ils s'apprêteraient à jeter "les premières pierres d'une fédération écologiste" lors d'une réunion dans les bureaux de l'Assemblée, le 4 avril, sur le thème : "Quelle responsabilité pour les écologistes aujourd'hui ?"

"La nouvelle formation écologiste rassemblerait, outre les parlementaires EELV pro-Hollande, le Front démocrate, Génération écologie, le Mouvement écologiste indépendant (MEI) ainsi que CAP21, le 'parti citoyen' de l’ancienne ministre de l’Environnement de Jacques Chirac Corinne Lepage", affirme L'Opinion. Notons au passage que si EELV manque de vaillance, les autres partis cités, eux, sont carrément fantomatiques.

Pourquoi ? Parmi les motivations affichées : rendre crédibles leurs positions et, selon eux, renforcer leur parti. Invité lundi 9 mars sur Radio Classique à réagir à l'interview de Cécile Duflot dans Libération, dans laquelle l'ancienne ministre dit souhaiter l'émergence d'une "nouvelle force politique" à la gauche du PS, François de Rugy n'y est pas allé de main morte. Il juge que la députée parisienne signe ainsi "un peu l'acte de décès d'Europe Ecologie-Les Verts". Il refuse d'ailleurs toute inflexion à gauche, selon ce tweet d'une journaliste du JDD :

Sur Radio Classique toujours, François de Rugy passe à la menace, à peine voilée, de scission en cas de ralliement d'EELV avec d'autres forces de gauche : "S'il en est ainsi, nous en tirerons les conclusions... On ne peut pas se permettre d'avoir un parti qui irait de rétrécissement en rétrécissement."

Des propos qui font écho à ceux tenus par Jean-Vincent Placé en novembre dans Le Monde : "Si la majorité de mes amis et Cécile Duflot penchent pour l'opposition au président de la République et un accord avec le Parti de gauche, il y aura deux écologies", avait-il prévenu.

Oui : d'autres ne veulent absolument pas entendre parler
d'un retour au gouvernement

Qui incarne cette ligne ? La députée Cécile Duflot. Elle l'a signifié lundi 9 mars à Libération : elle écarte tout retour des écologistes au sein d'un gouvernement, qu'elle juge porteur de "vieux schémas" et sans "solutions susceptibles de combattre la crise écologique et sociale". L'ancienne ministre de Jean-Marc Ayrault avait publié, en août 2014, De l'intérieur. Voyage au pays de la désillusion, livre cinglant sur son expérience ministérielle. Elle y écrivait sa déception face à l'absence d'un tournant à gauche. Tournant qui n'aura de toute façon pas lieu : "Le quinquennat sera d'un seul tenant, sans phase redistributive".

Pourquoi ? Cécile Duflot confie à Libération vouloir "œuvrer" à l'émergence "d'une nouvelle force politique". "Dans tout le pays, nous avons besoin d'un travail collectif avec des personnes qui n'ont jamais travaillé ensemble. Cela a déjà commencé à l'Assemblée nationale." Surtout, depuis son départ du gouvernement il y a un an, une gauche plus radicale que le PS a emmagasiné quelque succès. En Grèce, le parti Syriza a remporté les législatives. En France, aux municipales de mars 2014, l'alliance EELV-Front de gauche a permis à l'écologiste Eric Piolle de ravir Grenoble au Parti socialiste. Et en 2015, EELV s'est majoritairement allié au Front de gauche pour les élections départementales.

Non : la base du parti veut l'unité

Qui incarne cette ligne ? "Beaucoup de militants", assure l'élu francilien Bastien François, joint par francetv info. Il juge ces débats totalement "hors-sol !" Faisant état d'une réunion, la veille, avec une cinquantaine de militants parisiens, il s'exclame : "Personne n'a discuté d'une scission !" Et d'ajouter : "Quant à la question de rejoindre ou non le gouvernement, ce n'est ni oui, ni non. La vraie question, c'est à quelles conditions ? Sur quels critères ?"

Mêmes échos du côté de Sandrine Rousseau, porte-parole d'EELV, jointe par francetv info. "Je vis très mal ces discussions, dit-elle. On ne parle que de ça dans les médias, alors que le parti n'est pas à deux doigts de l'implosion. Il n'est juste pas exclu qu'une ou deux personnes le quittent. La vraie question, c'est quelle politique on porte ? Il y aura un débat là-dessus après les cantonales."

Pourquoi ? Au nom de l'unité. Pour Bastien François, "ce qui nous rassemble est supérieur à ce qui nous divise. La question de la scission accrédite l'idée qu'il y aurait deux partis potentiels. Ce n'est pas vrai !"

Pour Sandrine Rousseau, la sécession n'est donc absolument pas d'actualité : "Le sujet de l'implosion ne se pose pas puisque François Hollande n'a pas pris contact avec EELV." Et elle avoue juger pesante cette atmosphère, en pleine campagne pour les départementales qu'elle mène dans le Nord.

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