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Education, emploi, aides sociales… Huit raisons de s'intéresser aux élections départementales et régionales

Article rédigé par Robin Prudent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Les élections départementales et régionales auront lieu les 20 et 27 juin 2021. (ELLEN LOZON / FRANCEINFO)

Les conseils départementaux et régionaux, qui seront renouvelés à l'issue des élections des 20 et 27 juin, possèdent des compétences importantes dans de nombreux domaines. Et ces scrutins pourraient donner un premier aperçu des stratégies politiques à l'œuvre pour la présidentielle de 2022.

Il est bientôt l'heure de prendre la route de votre bureau de vote. Les 20 et 27 juin ont lieu les élections régionales et départementales dans toute la France. Vous n'avez pas eu le temps (ni l'envie) de vous intéresser à ces scrutins locaux ? Pas de panique. Nous avons listé certains enjeux très concrets de ces élections pour votre quotidien et pour le paysage politique français. Voici pourquoi il ne faut pas faire l'impasse sur ces scrutins. 

Parce que les régions et les départements gèrent une partie de l'éducation de vos enfants

Un nouveau lycée flambant neuf près de chez vous ? Cette décision est du ressort de votre région. En effet, le conseil régional a en charge la construction et le fonctionnement des lycées, mais aussi l'accueil, la restauration, l'hébergement et l'entretien technique de l'établissement.

Pour les collèges, c'est du côté des départements que cela se passe. Et même si vos enfants sont scolarisés dans le privé, le département joue un rôle important. En effet, c'est lui qui participe aux dépenses de fonctionnement des établissements privés du second degré sous contrat d'association. Le conseil départemental s'occupe aussi des établissements accueillant des enfants de moins de 6 ans (crèches, halte-garderies, centres de vacances, centres de loisirs, garderies). Enfin, il délivre l'agrément des assistants maternels et familiaux et des familles désirant adopter un enfant.

Parce que les régions ont un rôle à jouer dans la situation économique et dans celle de l'emploi

Alors que la France doit affronter une situation économique difficile en raison de la crise sanitaire, les régions pourraient bien être des éléments clés de la relance. Et pour cause, c'est le conseil régional qui coordonne les services publics de l'emploi sur le territoire. Concrètement, la région contribue aux maisons de l'emploi et aux missions locales pour accompagner l'insertion professionnelle des jeunes. Elle met également en œuvre la politique d'apprentissage et de formation professionnelle.

De plus, la région a la responsabilité des orientations, sur son territoire, en matière de développement économique. Elle est compétente pour définir les régimes d'aides et décider de l'octroi de subventions aux entreprises dans la région.

Parce que les départements s'occupent des aides sociales auxquelles vous avez (peut-être) droit

L'une des principales missions du conseil départemental que vous allez élire est de définir la politique d'action sociale et médicosociale du département. Ainsi, ce sont les départements qui prennent en charge les différentes prestations comme l'aide sociale à l'enfance, l'aide aux personnes âgées et aux personnes handicapées, ou encore le revenu de solidarité active (RSA). Cette dernière prestation sociale est touchée par plus de deux millions de foyers en France, selon les derniers chiffres.

Et le département ne s'occupe pas seulement de verser ces aides. C'est lui aussi qui doit mettre en œuvre la conduite de l'insertion sociale et professionnelle des allocataires. Toute une gamme d'actions lui revient également : la prévention des mauvais traitements des enfants, la prise en charge des frais d'hébergement et de transport des personnes handicapées, la création d'infrastructures médicales ou encore la responsabilité du fonds départemental d'aide aux jeunes en difficulté.

Parce que les régions façonnent votre territoire et vos déplacements

Les régions jouent un rôle déterminant dans l'organisation du territoire qui vous entoure, avec, notamment, le schéma régional d'aménagement durable du territoire. Le conseil régional s'occupe aussi des transports non-urbains sur le territoire, notamment du réseau TER. Ainsi, c'est cette collectivité qui va négocier des conventions avec la SNCF pour organiser les transports ferroviaires régionaux et l'exploitation des gares. La région Ile-de-France a même des compétences renforcées en la matière, puisque c'est elle qui régit également le métro, le RER, le Transilien, le tramway et les autobus sur tout son territoire.

Parce que les conseillers départementaux et régionaux vont être élus pour plus longtemps que d'habitude

Le scrutin départemental et régional qui va avoir lieu en juin 2021 comporte plusieurs spécificités. L'une d'entre elles, et non des moindres, est que vous allez élire des conseillers départementaux et régionaux pour une durée de… sept ans. C'est une année de plus que ce qui est habituellement prévu. La raison ? Ne pas perturber la campagne présidentielle qui aura lieu en 2027. La prochaine échéance pour les élections départementales et régionales a donc été fixée en mars 2028.

Parce que plusieurs régions pourraient changer de bord politique

Toutes les formations politiques espèrent faire basculer une puissante région dans leur giron. Mais seules quelques-unes y parviendront, alors que l'abstention et la prime au sortant s'annoncent décisives. Parmi ces possibles basculements, on retrouve la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Selon un sondage Ipsos Sopra-Steria pour franceinfo, la liste du Rassemblement national devance largement celle du président sortant Renaud Muselier (LR) au premier tour. Au second tour, si toutes les listes qualifiées se maintiennent, la liste RN menée par Thierry Mariani l'emporterait, avec entre 38% et 40% des voix. À noter que l'hypothèse d'un "front républicain" n'a pas été testée.

La stratégie de second tour pourrait également être décisive dans les Hauts-de-France. Selon le dernier sondage Ipsos-Sopra Steria pour France 3 et France Bleu, le président sortant, Xavier Bertrand (ex-LR), serait au coude-à-coude avec le candidat du Rassemblement national au second tour si les listes de gauche et de LREM se maintenaient. En revanche, si un front républicain se met en place, Xavier Bertrand devrait pouvoir conserver son siège, selon ce sondage. Les alliances de second tour devraient aussi profiter, à gauche cette fois, au président sortant de la région Aquitaine, Alain Rousset. Selon le dernier sondage pour France Bleu et France 3, il remporterait l'élection après le ralliement des écologistes et de La France insoumise.

Le résultat est plus incertain encore en Centre-Val de Loire. Le Rassemblement national arriverait largement en tête au premier tour et l'emporterait au second en cas de quadrangulaire, selon un sondage Ipsos pour France Bleu et France 3. L'hypothèse d'une triangulaire n'a pas été testée. L'élection pourrait aussi être très serrée en Bourgogne-Franche-Comté et en Normandie, selon Mathieu Gallard, directeur de recherche chez Ipsos.

Enfin, dans les Pays de la Loire, une guerre d'ego entre les candidats socialistes et écologistes ne permet pas de savoir quel candidat de gauche tentera de ravir la présidence du conseil régional à la sortante, Christelle Morançais (Les Républicains). La République en marche est aussi dans la course avec François de Rugy. De possibles alliances pourraient faire basculer le scrutin.

Parce que ces élections représentent un nouveau tournant de la recomposition politique française

La campagne pour les élections régionales a déjà connu son lot de rebondissements. Et ce n'est sûrement pas fini. A droite, l'alliance entre la liste du président LR sortant en Paca, Renaud Muselier, et La République en marche a viré au psychodrame. Après plusieurs semaines de dissensions, le parti Les Républicains a estimé que Renaud Muselier avait "fait une faute et une erreur d'analyse politique", mais lui a finalement apporté son soutien dans la course aux régionales. Entre-temps, plusieurs ténors du parti, comme Christian Estrosi, ont claqué la porte.

L'émiettement de la droite profite au Rassemblement national. Plusieurs anciennes figures des Républicains ont rejoint le parti d'extrême droite, à l'image de Thierry Mariani, tête de liste du RN en Paca. Par ailleurs, plusieurs candidats de droite aux élections départementales ont aussi obtenu l'investiture du parti de Marine le Pen. Une alliance qui fait grincer des dents.

L'explosion de la droite n'est pas le seul tournant politique de cette campagne. A gauche, les alliances se font et se défont selon les régions, alors qu'une entente au niveau national est toujours hors d'atteinte. Une région fait figure d'exception : les Hauts-de-France, où socialistes, communistes, "insoumis" et écologistes se sont entendus autour d'une candidature commune, portée par Karima Delli. Le résultat du scrutin dans cette région pourrait bien peser dans la balance d'une potentielle union de la gauche au niveau national.

Parce que ce sont les derniers scrutins avant l'élection présidentielle

Les bulletins des élections régionales et départementales sont les derniers que vous glisserez dans une urne avant la grande bataille de la présidentielle de 2022. Autant dire que le détail des résultats sera scruté avec attention afin de déceler de possibles tendances pour la course à l'Elysée, moins d'un an plus tard.

Certains ont même carrément fait de ces élections locales un tremplin pour la présidentielle. C'est le cas de Xavier Bertrand, ex-LR, actuel président du conseil régional des Hauts-de-France. Ce dernier a annoncé sa candidature pour l'élection régionale… et pour l'élection présidentielle ! "Les choses sont claires : si je perds [aux élections régionales], il en sera terminé de ma vie politique. C'est une question de légitimité", a assuré Xavier Bertrand, sur franceinfo, le 2 avril.

La situation est aussi très spécifique pour le parti d'Emmanuel Macron. Peu implantée au niveau local, La République en marche risque de devoir se contenter de jouer les figurantes dans ces élections locales de fin de mandat, habituellement défavorables au pouvoir en place au niveau national. La majorité a tout de même décidé de s'impliquer fortement en envoyant une quinzaine de ministres sur le terrain, comme Eric Dupond-Moretti dans les Hauts-de-France. Nul doute que les scores de ces ténors seront analysés de près par l'exécutif.

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