Départementales : Sarkozy et Valls se rendent coup pour coup dans l'Essonne
A seulement 20 km de distance, le président de l'UMP et le Premier ministre socialiste se sont affrontés à quelques jours du premier tour des élections départementales. Francetv info revient sur ce combat.
L'affiche est séduisante pour qui aime le combat politique : un ancien chef de l'Etat face à l'actuel Premier ministre. Nicolas Sarkozy, à Palaiseau, et Manuel Valls, à Evry, ont choisi la même soirée, lundi 16 mars, pour se rendre dans l'Essonne. A seulement 20 km de distance, les deux leaders ont échangé les coups, quasi simultanément dans ce département qui pourrait basculer à droite pour la première fois depuis 1998. Récit croisé de ces deux soirées.
Sarkozy dézingue tous azimuts, Valls réplique
A Palaiseau, Nicolas Sarkozy est venu soutenir la droite locale, menée par le sulfureux Georges Tron, son ancien secrétaire d'Etat renvoyé devant les assises pour une affaire de viol. A la tribune, le président de l'UMP s'en est donné à cœur joie dans un rôle qu'il affectionne particulièrement, à mi-chemin entre l'orateur politique et l'humoriste de boulevard. D'entrée de jeu, il attaque.
Ce soir, il y a une autre réunion bien singulière : un meeting commun avec des gens qui n'ont plus rien en commun ! Manuel Valls est entouré par les Verts, les frondeurs, les communistes... Ça ne me donne pas envie d'y aller.
Et il continue de lâcher ses coups : "Le Premier ministre doit avoir du temps libre. Il supplée un premier secrétaire du Parti socialiste aux abonnés absents !"
Devant un parterre d'élus, Nicolas Sarkozy enchaîne bons mots et petites blagues pour mieux dénigrer le camp d'en face : Manuel Valls, Emmanuel Macron, Marisol Touraine... Tout le monde y passe, sans oublier François Hollande. "Ils veulent supprimer les classements et les notes, c'est dommage, on avait une idée du classement des présidents !", lance-t-il.
Au même moment, à Evry, quand Jean-Christophe Cambadélis prononce le nom de Nicolas Sarkozy, la salle siffle timidement. "Attendez, il commence un nouveau job, le stand-up [un type de spectacle comique]. Ça s'appelle Amertume et esprit de vengeance", se moque le patron du PS. C'est au tour de Manuel Valls de monter sur le ring. "Ce n'est pas un duel de personnes, ce n'est pas un duel de coqs à distance de quelques kilomètres. C'est un combat pour le pays", lance le Premier ministre. Mais sur scène, le socialiste ne peut s'empêcher de railler les effets de manche de son concurrent. "Nicolas Sarkozy doit être à la hauteur des enjeux. La cravate d'Emmanuel Macron, ce n'est pas un débat", tranche-t-il, en référence aux commentaires acerbes de l'ancien président de la République sur la tenue vestimentaire du ministre de l'Economie.
Le FN, l'adversaire qui joue avec leurs nerfs
Dans les deux meetings, la question du Front national, centrale dans cette campagne des départementales, est incontournable. "Tant que je serai président... de l'UMP, je ne veux aucun accord avec le FN", prévient Nicolas Sarkozy. Mais, fidèle à sa ligne, il met de nouveau en avant son concept de "FNPS". "Toute voix donnée au FN, c'est une voix qui permettra aux présidents socialistes des conseils généraux de rester en place." L'ancien chef d'Etat se moque de l'attitude adoptée par le Premier ministre depuis le début de la campagne : "La France n'est plus gouvernée parce que Valls préfère l'excès là où les Français attendent du sang-froid. Il préfère l'excès des mots et des postures, l'étalement de ses états d'âme, la fébrilité, mais les Français attendent actions et résultats."
Sans surprise, à Evry, Manuel Valls, s'attaque directement au Front national, représentant, selon lui, d'une "France rance", d'une "France du passé". Et souligne "l'hésitation coupable" de l'UMP.
Nicolas Sarkozy m'a demandé de garder mes nerfs, c'est un spécialiste de la question. Mais quand il est incapable de choisir entre PS et FN, non seulement il perd ses nerfs, mais il n'a ni colonne vertébrale ni conviction.
Assumant ses états d'âme, Manuel Valls se justifie d'avoir évoqué, il y a quelques jours, sa "peur" du FN : "Moi, j'ai peur de ceux qui n'ont jamais peur."
A Palaiseau comme à Evry, les têtes d'affiche de la soirée n'auront, en tout cas, pas réussi à transcender leur discours. L'incantation anti-FN d'un côté et les piques lancées contre le gouvernement de l'autre tournent en boucle depuis le début de la campagne. Pour le résultat du match, il faudra encore attendre dimanche, avec le premier tour des départementales.
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