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Triangulaires : les candidats de gauche respectent-ils le front républicain ?

"La gauche se maintient dans 68 triangulaires sur 89", critique l'UMP avant le second tour des élections départementales. Mais la réalité n'est pas aussi simple.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le second tour des élections départementales se tient dimanche 29 mars 2015. (MAXPPP)

Ils sont arrivés en troisième position dimanche 22 mars et ont décidé de maintenir leur candidature au second tour des départementales, prenant le risque d'une victoire du Front national dans leur canton. A première vue, ces candidats de gauche agissent en contradiction avec la consigne nationale, martelée à gauche, du désistement républicain pour faire barrage au FN. "La gauche est en troisième position dans 89 triangulaires. Elle se maintient dans 68. Quelle différence entre les discours et les faits !" critique ainsi Gérald Darmanin, secrétaire général adjoint de l'UMP chargé des élections.

Si le chiffre avancé par le député du Nord est exact, la réalité n'est pas aussi simple. Dans la grande majorité de ces 68 triangulaires, le FN est loin d'être le favori du second tour. Dans une trentaine de cantons, la droite dispose d'une avance suffisante, parfois très confortable, pour envisager une victoire même sans désistement du binôme de gauche. C'est par exemple le cas à Feurs (Loire) ou à Magny-le-Désert (Orne).

Une vingtaine de cantons réellement à risques

Dans plusieurs autres cantons, les candidats de gauche peuvent justifier leur maintien en arguant qu'ils bénéficieront au second tour de l'appui des électeurs ayant voté au premier tour pour d'autres candidats de gauche éliminés. Illustration : à Mont-sous-Vaudrey (Jura), le binôme divers gauche accuse sept points de retard sur celui du FN et cinq sur celui de l'union de la droite. Un retard qu'il espère combler au second tour avec les voix des 12% d'électeurs qui ont voté EELV.

En définitive, selon un pointage effectué par francetv info, le maintien d'une candidature de gauche arrivée troisième présente un risque de victoire du Front national dans une vingtaine de cantons. Au Cateau-Cambrésis (Nord), le PS, avec 14 points de retard sur le FN, n'a aucune chance de s'imposer au second tour. Pourtant, Laurent Coulon et Valérie Lheureux avaient, dans un premier temps, décidé de se maintenir. "On refuse de baisser les armes avant de mener le combat", expliquaient-ils à francetv info. Le Parti socialiste, constatant le non-respect manifeste de la consigne nationale, leur avait retiré son investiture. Les candidats ont finalement annoncé leur retrait

Mais tous n'ont pas à subir les foudres du parti. A Bologne (Haute-Marne), les socialistes Catherine Michel et Denis Maillot sont arrivés 4 points derrière des binômes FN et UMP au coude-à-coude, dans un canton où il n'y a aucune réserve de voix. Malgré tout, le PS départemental a décidé que le binôme pouvait se maintenir. "Denis Maillot est conseiller général sortant et il a fait un excellent travail. Il est donc implanté sur ce territoire. Et il n'y a jamais que 200 voix de retard", souligne le patron des socialistes de Haute-Marne, Georges Voirnesson, interrogé par francetv info.

Seulement douze désistements à droite

Grand-Couronné (Meurthe-et-Moselle), le duo d'union de la gauche, Marie-Christine Bastien et Landry Richard, restent eux aussi en course, malgré leur troisième place. Ici, la droite est arrivée en tête, d'un cheveu, devant le FN, qui pourrait bien récolter au deuxième tour une partie des 6% de voix qui se sont portées sur le binôme Debout la France. Là encore, la décision est pleinement assumée par la fédération PS de Meurthe-et-Moselle. "Nous nous sommes retirés là où nous sommes arrivés troisièmes et où le FN était en tête", explique à francetv info Bertrand Masson, qui cite les cas des deux cantons de Lunéville. "Mais à Grand-Couronné, le FN n'est arrivé que deuxième. Tout est possible. Y compris notre victoire."

Dans le canton de Longuenesse (Pas-de-Calais), le FN est également arrivé deuxième, juste derrière la droite. La gauche, troisième, se maintient en espérant bénéficier d'un report de voix de la part des électeurs du Front de gauche, ce qui ne suffirait toutefois pas à lui offrir la victoire. "Partout où le FN est arrivé en tête, nous avons retiré nos candidats. C'est ce que nous avons fait dans trois cantons : Avesnes-le-Comte, Saint-Pol-sur-Ternoise et Bapaume", plaide Yann Capet, patron du PS du Pas-de-Calais. "Quant au canton de Longuenesse, la polémique alimentée par la droite est particulièrement mal venue. Ils sont en train de faire le lit du FN et se couchent dedans. Pourquoi ne parlez-vous pas de Desvres, ou d'Arras-3, où la droite a décidé de se maintenir ?" questionne-t-il, passablement agacé.

A Desvres et Arras-3, comme dans 76 autres cantons sur les 90 où elle est arrivée en troisième position, la droite ne s'est pas désistée. Les critiques de Gérald Darmanin peuvent aussi s'appliquer à son propre parti.

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