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Départementales : le PCF va-t-il être rayé de la carte ?

Le Parti communiste pourrait perdre ses deux derniers bastions, le Val-de-Marne et l'Allier. Un symbole de l'inexorable déclin subi par le parti depuis la fin des années 1970.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Des affiches électorales du Parti communiste français, apposées en vue du référendum du 13 octobre 1946. (AFP)

Pour la première fois depuis près de cinquante ans, le Parti communiste pourrait ne plus présider aucun département. Ses deux derniers fiefs, le Val-de-Marne et l'Allier, sont menacés de basculer à droite lors des élections départementales des 22 et 29 mars. Si cette hypothèse devenait réalité, elle constituerait une nouvelle étape du déclin inexorable que subit le PCF depuis la fin des années 1970.

En 2008, les communistes avaient déjà perdu la Seine-Saint-Denis au profit du Parti socialiste. Un revers d'autant plus cinglant qu'ils avaient régné sans partage sur ce département depuis sa création en 1968. Avec la possible perte du Val-de-Marne, cette fois au profit de la droite, c'est l'histoire de la banlieue rouge qui se trouverait une nouvelle fois écornée.

Le Val-de-Marne et l'Allier sur la sellette

Sur le papier, toutes les conditions semblent réunies pour que la droite s'empare du siège de Christian Favier, le président sortant du conseil général : une prime au sortant atténuée par le redécoupage des cantons et le nouveau mode de scrutin, et surtout une gauche totalement émiettée. Communistes et socialistes partent en ordre dispersé dans la quasi-totalité des cantons. Dans certaines circonscriptions, on compte jusqu'à quatre voire cinq candidats de gauche. Et le résultat des dernières élections municipales, qui ont vu six villes passer à droite, dont Villejuif et L'Haÿ-les-Roses, n'incite pas à l'optimisme.

La situation est différente dans l'Allier. Ce département rural du centre de la France a déjà connu plusieurs bascules, la droite l'ayant dirigé entre 1982 et 1998, puis entre 2001 et 2008, date à laquelle le PCF l'a récupéré d'un cheveu. Mais là aussi, la gauche est divisée, et les alliances à géométrie variable selon les cantons brouillent la clarté du choix proposé.

Des élus départementaux de moins en moins nombreux

La possible perte de ces deux départements s'inscrit dans le contexte de la chute, lente mais continue, de l'ancrage du PCF dans les territoires. Sur toute la France, on dénombre 223 conseillers généraux communistes sortants. Selon les données de l'historien du PCF Roger Martelli, leur nombre a diminué de moitié depuis 1979, au plus fort des succès électoraux du parti.

"C'est incontestable : depuis trente ans, le PCF décline, tant sur le plan national que sur le plan local, confirme David Gouard, chercheur en sociologie électorale à l'université de Montpellier. Le Front de gauche ne parvient pas à profiter du désaveu des électeurs à l'égard de François Hollande et du PS, ce qui rend le Parti communiste de plus en plus invisible."

"Les arrêts de mort sur le PCF, on en a publié tellement…"

Quel que soit le verdict des urnes fin mars, sa signification devra être nuancée. "Le niveau départemental n'est pas le terrain par excellence du Parti communiste", explique Roger Martelli. Le vote communiste étant le plus souvent concentré dans quelques communes, il est difficile pour ce parti d'obtenir des sièges au scrutin majoritaire dans des cantons qui peuvent regrouper des communes hétérogènes. En outre, souligne Roger Martelli, "les élections cantonales, souvent marquées par un fort taux d'abstention, mobilisent peu dans les quartiers populaires". Or, ce sont ces territoires qui sont le plus propices au PCF.

C'est dans les municipalités que le Parti communiste a bâti son influence, malgré de nouvelles défaites lors du scrutin de 2014. Grâce à ses nombreux conseillers municipaux, "il reste la troisième force politique du pays en termes d'élus, ce qui lui permet de se maintenir dans le paysage politique", note David Gouard.

Si le Val-de-Marne et l'Allier devaient effectivement échapper aux communistes, "cela aurait tout de même des effets négatifs au niveau local, contribuant à affaiblir des positions déjà altérées", explique David Gouard. Une perspective qui n'effraie pas le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, interrogé mercredi sur RFI : "Vous savez, les arrêts de mort sur le Parti communiste, on en a publié tellement depuis des années, et ils se sont tellement révélés caducs, que ça me fait plutôt sourire."

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