Elections municipales : paroles d'un marin-pêcheur

Un nouveau rendez-vous ce soir: chaque week-end jusqu'aux élections municipales, vous entendrez des paroles de Français. Des professionnels qui nous parlent de leur quotidien, de leur métier, de leurs difficultés. Aujourd'hui, épisode 1 avec un marin pêcheur qui travaille au Havre.

Je m'appelle Franck, j'ai 42 ans, 2 enfants, et je suis marin-pêcheur depuis 25 ans. Je gagne bien ma vie mais c'est surtout la liberté du métier, je peux faire ce que je veux. Si j'ai envie d'aller en mer, j'y vais, et si je n'ai pas envie, je n'y vais pas. Ce qui compte pour moi, c'est d'abord la famille, et puis le métier après. J'ai mon fils avec moi sur l'exploitation, ma fille et ma femme qui vendent le poisson, il faut que l'entreprise ne s'arrête pas de travailler, qu'il y ait un peu d'argent sur les comptes pour que tout se passe bien et que le moral soit bon. Le métier n'est pas plus dur qu'avant mais on a plus de contraintes. Avant, on travaillait pendant 8 heures, et maintenant, pour la même quantité de poissons, il faut 12 heures de pêche. On travaille plus pour gagner autant. Je n'ai jamais voté, depuis l'âge de 18 ans. Avant, je n'en avais rien à foutre, cela ne m'inquiétait pas, mais voir l'avenir qui arrive, maintenant c'est un but d'aller voter. On est taxés, surtaxés. Ce qui me fait mal au coeur, c'est toutes nos usines qui s'en vont à l'étranger. On a du boulot en France, il faut rester en France. Mon ambition, c'est que mon fils prenne la succession du bateau. J'aurai réussi un gros truc! De quoi voulez-vous que je rêve de plus? Je ne manque de rien, je vis bien, j'ai ce qu'il faut dans mon assiette, je fais ce que je veux.