Education : les internats d'excellence

"Il faut faire avancer l'Europe", a répondu Angela Merkel, qui avait laissé entendre un peu plus tôt qu'elle était favorable à une évolution des traités pour permettre une intégration politique renforcée.

Le virage du gouvernement sur les internats d'excellence. Trop coûteux pour trop peu d'élèves: c'est le diagnostic qui est posé. Le ministère va donc favoriser l'internat tout court. Une réalité peu connue mais le succès de la formule est phénoménal. Regardez ce chiffre : 230.000 élèves sont actuellement internes. Pourquoi cet essor ? Les élèves que nous allons suivre ne sont ni délinquants ni décrocheurs mais leurs parents ont fait ce choix parce que la formule fait ses preuves.

Dans ce collège d'Amiens, tous les lundis, quand les externes rentrent chez eux après les cours, les 40 pensionnaires remontent leurs valises dans leurs chambres. L'internat pour eux est la clé de la réussite. Olivia, 13 ans, est en 5e. C'est sa 2e année d'internat. Comme de nombreux élèves, elle accumule les lacunes depuis l'école primaire. Sans l'internat, ce serait l'échec scolaire assuré. Avant le dîner, un professeur l'aide à faire ses devoirs. Les internes profitent d'un accompagnement sur-mesure qu'ils n'auraient pas eu chez eux ni en cours.

Ce n'est pas les mêmes rapports professeur-élève. C'est beaucoup plus facile.

C'est plus facile de faire ses devoirs ici.

Oui, il y a de la complicité.

Les parents d'Olivia habitent à une heure de route de l'internat. Ils travaillent tous les deux. Elle est cariste de nuit à l'usine et lui fait les 3x8. lls n'arrivaient pas a suivre la scolarité de leur fille.

Cela permet de se dire que mon enfant est en sécurité. On sait où elle est. Il y aura des progrès, il y a quelqu'un à son écoute. je ne sais comment on aurait fait.

Pour cet internat public, ils dépensent 1 725 euros par an. Ils ne regrettent pas cet investissement malgré le vide dans la maison.

Cela me fait mal en tant que maman. Je n'ai pas de toute la journée, le soir non plus. On sait qu'elle va bien. Des fois, je me dis que cela fait une semaine que je ne l'ai pas vu grandir On se rattrape le week-end.

Pour compenser, elles s'appellent et s'échangent jusqu'à 6 textos jour.

Bonne nuit, je t'aime. Tu peux m'acheter un mascara et un crayon noir.

La semaine est longue à l'internat.

Moi aussi, bisou.

Les coups de blues sont fréquents. Samy raconte sa journée tous les soirs.

J'avais oublié mon cachier.

Comme elle est partie travailler sur Paris, elle rentrait tard. On a décidé à deux que j'aille à l'internat. Le premier jour, je n'ai pas beaucoup aimé. Après, j'ai aimé un peu.

Dans le dortoir des filles, c'est devenu le meilleur moment de la journée: le temps des confidences.

On est unies.

C'est la solidarité.

La pension c'est aussi des horaires, de l'autorité. A 21h30, les maîtres d'internat ramassent les portables.

A demain les filles.

Bonne nuit.

Avant l'extinction des feux à 22h. Les règles sont les mêmes du côté des garçons. Qu'il faut aussi parfois materner.

On a 30 mn, on discute, on lit.

Le premier mois, on est un peu leur maman. Ils ne savent même pas quoi mettre le matin. Pour dormir, il y en a qui pleurent.

Cette prise en charge se voit sur les résultats. Chaque trimestre, le principal du collège vérifie les bulletins. Quand il y a des faiblesses, on continue les efforts.

Tu es en difficulté en anglais, on va te proposer une heure d'étude pour pallier ces difficultés. On profite des quatre soirées pour combler les lacunes. Olivia gagne en autonomie.

Olivia a augmenté sa moyenne de deux points en français. Samy a décroché un 16 et un 17. Les internes du collège ont de meilleurs résultats au brevet que les externes. La liste d'attente s'allonge. L'an dernier, 16 élèves n'ont pas été pris faute de places.