Violences à Mayotte : l'envoi du Raid sur place ne permettra pas "d'endiguer le problème", affirme un député LR de l'île
Des policiers du Raid sont attendus à Mayotte pour aider les forces de l'ordre alors que des affrontements toujours plus violents laissent les autorités impuissantes sur cette île de l'océan Indien.
Pour Mansour Kamardine, député Les Républicains de Mayotte, l'envoi d'une unité de policiers d'élite du Raid par le gouvernement ne va pas "endiguer le problème". "Les forces qui sont là vont probablement essayer de ramener le calme pour un temps mais une fois parties tout sera de retour comme avant", affirme-t-il mercredi 23 novembre sur franceinfo. Le député souhaite donc une solution plus "pérenne" alors que l'île est sujette à des violences depuis une dizaines de jours, notamment dans le secteur de la justice.
franceinfo : Le ministère de l'Intérieur a envoyé une unité du Raid sur place, est-ce suffisant selon vous ?
Mansour Kamardine : Est-ce que ça va endiguer le problème ? Sans nul doute que non. Les forces qui sont là vont probablement essayer de ramener le calme pour un temps mais une fois parties tout sera de retour comme avant, comme ça a déjà été le cas par le passé. Il faut une solution plus pérenne, il faut paramétrer les forces de l'ordre par le haut.
Mayotte a par le passé été une population paisible et depuis quelques années - parce qu'on a laissé l'immigration se développer avec une misère que l'on rencontre partout à chaque coin de rue - les situations de violences débordent de partout.
"J'avais dit il y a plusieurs années que nous étions au bord d'une guerre civile et ça se confirme avec toutes les inquiétudes que cela représente."
Mansour Kamardine, député LR de Mayotteà franceinfo
Au-delà de ce renfort, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, dit que le gouvernement a plusieurs pistes comme le renforcement des moyens de la justice, ça va dans le bon sens selon vous ?
Absolument. Ça fait longtemps que nous réclamons une prison supplémentaire. Nous réclamons une Cour d'appel, nous réclamons des moyens supplémentaires pour la justice. Mayotte c'est 400 000 habitants avec 20 magistrats pour rendre la justice donc on voit bien que les moyens ne sont pas au rendez-vous.
On ne peut pas traiter la situation spécifique de Mayotte comme on traite les autres situations ailleurs. Par exemple, on délivre des milliers de titres de séjour à Mayotte - qui sont spécifiques - et plus vous agglutinez des gens sur place, plus ça créé une situation sur le point d'exploser qu'on a fabriquée de toute pièce par des dispositifs juridiques inadaptés. On se retrouve donc dans une spirale de violences qui met en difficulté les habitants qui veulent vivre en paix dans leur pays.
Ce que vous dites, c'est qu'on n'a pas entendu votre cri d'alerte ?
En Outre-mer, il faut parler très fort, très haut et longuement avant d'être entendu. Donc oui, nous n'avons pas été entendus. On nous a considérés pour ce que nous pensons ne pas être, parce que nous n'avons pas eu la chance de faire les hautes écoles. On ne nous a pas crus. Aujourd'hui on en est là et la situation a dépassé les autorités. Aussi longtemps qu'on ne considérera pas Mayotte comme un département de la République qui doit être traité au même titre que les autres, avec les mêmes moyens de développement et de sécurité, cette situation nous dépassera. Les problèmes sont sur la table depuis très longtemps et il faut maintenant y répondre.
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