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Un moratoire sur les centrales françaises ? L'ASN fait machine arriÚre

Au regard de la catastrophe de Fukushima, faut-il un moratoire sur les centrales françaises en construction ? La question avait Ă©tĂ© posĂ©e hier Ă  l'AssemblĂ©e nationale au prĂ©sident de l'ASN, AndrĂ©-Claude Lacoste. Sa rĂ©ponse devant les dĂ©putĂ©s : "Je pense que si la question d'un moratoire se pose, et nous nous la posons, ce sera sur la construction de Flamanville 3". L'hypothĂšse d'un moratoire Ă©tait donc envisagĂ©e. Pourtant, ce matin, le mĂȘme AndrĂ©-Claude Lacoste a banni ce terme de son vocabulaire. L'Observatoire du nuclĂ©aire dĂ©nonce une "reprise en main politique" de l'ASN.
Article rédigé par franceinfo
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"EDF doit rĂ©flĂ©chir Ă  ce qui est intĂ©ressant de faire d'ores-et- dĂ©jĂ  pour amĂ©liorer la sĂ»retĂ© de ses rĂ©acteurs en anticipant sur ce que seront les conclusions de l'audit.  Je n'appellerai pas ça un moratoire. Je dirai pratiquement : qu'est-il possible de faire de façon Ă  ne pas bĂątir telle ou telle partie de la centrale qui serait ensuite amenĂ©e Ă  ĂȘtre modifiĂ©e pour amĂ©liorer la sĂ»retĂ©."

moratoire '

Ainsi donc dans cette interview Ă  France Info ce matin, il n'est plus du tout question de "moratoire", alors mĂȘme que le prĂ©sident de l'ASN hier devant les dĂ©putĂ©s Ă©voquait clairement cette hypothĂšse :

"Je pense que si la question d'un moratoire se pose, et nous
nous la posons, ce sera sur la construction de Flamanville 3".

Le président de l'Autorité de sûreté nucléaire n'était d'ailleurs pas démenti par l'un de ses lieutenants. Thomas Houdré, directeur à la
direction des centrales de l'ASN, chef jusqu'en mars de la division de Caen,
qui couvre notamment la Normandie, ajoutait : "C'est un questionnement, une réflexion. On n'est pas sûr. Ca fait partie du champ des hypothÚses".
Grande prudence sémantique, mais le mot avait été lùché. Le voilà ce matin remballé.

RĂ©tropĂ©dalage ? La possibilitĂ© de suspendre les travaux de l'EPR de Flamanville est en effet un sujet extrĂȘmement sensible. La construction a dĂ©jĂ  dĂ©marrĂ©, mais avec deux ans de retard sur l'Ă©chĂ©ancier initialement prĂ©vu. Elle emploie 3.400 personnes. Et EDF entend bien exporter l'ouvrage.

A moratoire, le président de l'ASN préfÚre donc ce matin le concept de "construction intelligente tenant compte des possibles retours d'expérience".

"Reprise en main politique" ?

Dans un communiqué, l'Observatoire du nucléaire dénonce les "pressions politiques" exercées entre hier et aujourd'hui sur l'ASN.  L'Observatoire met en doute la véritable indépendance de l'ASN, instaurée par la loi de 2006, alors qu'André-Claude" Lacoste était directeur de la sûreté nucléaire depuis 1993 : serait-il devenu indépendant miraculeusement en 2006 ?", s'interroge l'association.

L'Observatoire croit d'ailleurs pouvoir donner dĂšs Ă  prĂ©sent les rĂ©sultats de l'audit des 19 centrales françaises commanditĂ© par le Premier ministre : "l'ASN annoncera qu'elles sont 'sĂ»res' et peuvent continuer Ă  fonctionner (moyennant peut-ĂȘtre quelques amĂ©nagements peu dĂ©rangeants pour EDF)".

Pourtant, selon l'Observatoire, le plus grave danger pesant sur les installations nucléaires n'est jamais pris en compte dans les tests de sécurité, "sur pression de l'ASN". Ce danger est celui de la chute d'un avion de ligne sur un bùtiment réacteur. "Il est vrai qu'aucun réacteur français n'est conçu pour résister à la chute d'un avion de ligne, ni les réacteurs actuels, ni l'EPR...", conclut l'Observatoire.

polémique EPR

Cécile Quéguiner, Gilles Halais, avec agences

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