Cet article date de plus de neuf ans.

Trois questions pour comprendre la baisse du prix du pétrole

Le baril de Brent de la mer du Nord a dégringolé mardi 7 décembre sous la barre des 40 dollars, son plus bas depuis 2009.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les présidents de Qatar Petroleum, Saad Sherida al-Kaabi (à gauche), et de la firme française pétrolière Total, Patrick Pouyanné, pendant la 9e conférence sur la technologie pétrolière dans la capitale du Qatar, Doha, le 7 décembre 2015. (KARIM JAAFAR / AL-WATAN DOHA / AFP)

L'or noir, valeur en baisse. Référence européenne du brut, le baril de Brent de la mer du Nord est passé, mardi 8 décembre, sous la barre des 40 dollars à la Bourse de Londres, pour la première fois depuis plus de six ans. Pourquoi cette chute du pétrole ? S'annonce-t-elle durable ? Quels sont les avantages et les inconvénients de ces prix bas ? Eléments de réponse.

Pourquoi le prix du pétrole est-il si bas ?

Les prix du pétrole ont perdu plus de 60% de leur valeur depuis la mi-2014 et la chute s'accentue depuis lundi 7 décembre. Plus précisément depuis que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé de maintenir sa production inchangée, malgré la surabondance d'offre.

Cette offre forte est due, notamment, au retour du pétrole iranien sur le marché. En juillet 2015, l'accord sur l'encadrement du nucléaire iranien passé entre Téhéran et six grandes puissances (dont la France et les Etats-Unis) a marqué le début de la levée des sanctions occidentales. Il a ainsi permis à l'Iran de vendre à nouveau son brut sur le marché international. Ce retour sera pleinement effectif à partir de janvier 2016.

Face à cette surproduction qui fait baisser les prix, l'Opep n'a pas annoncé de réductions de production. Le cartel n'a même pas pris la peine d'établir un nouvel objectif chiffré. D'autant qu'il ne respecte pas les précédents : la production réelle des pays de l'Opep se situerait autour de 32 millions de barils par jour (mbj), soit nettement plus que l'objectif officiel de 30 mbj. Selon RTL, cette démarche est volontaire : "Le cartel veut faire baisser les cours pour contrer le gaz de schiste américain, décourager les Etats-Unis de produire de l'or noir et tuer cette concurrence. A moins de 50 dollars le baril, certains forages ne sont plus rentables aux Etats-Unis, en Sibérie ou encore en mer du Nord."

Est-ce que cela va continuer ?

La décision de l'Opep ne présage rien de bon pour les producteurs de pétrole alors que le marché a été inondé de brut au cours de l'année écoulée. Quant aux conteneurs de stockage, ils ont quasiment atteint leur capacité maximale, notamment aux Etats-Unis. Cité par l'AFP, l'analyste Craig Erlam (Oanda) estime que ces cuves pleines laissent augurer de nouvelles baisses des cours.

Un autre analyste, Ipek Ozkardeskaya (London Capital Group), également cité par l'AFP, surenchérit : "La combinaison d'un marché saturé d'offre et d'une demande mondiale molle semble être favorable à un nouveau déclin des cours vers les 35 dollars le baril [pour le Brent] et 32 dollars le baril [pour la référence new-yorkaise], soit le niveau atteint durant la crise financière de 2008."

Est-ce qu'il faut s'en réjouir ?

Théoriquement, le consommateur devrait se réjouir de cette chute du prix du brut, et les prix de l'essence et du fuel devraient, logiquement, baisser. Mais, dans la réalité, note RTL, "la baisse des prix à la pompe ou pour le fuel domestique n’est pas à la hauteur de la chute régulière depuis maintenant plus de deux ans des prix à la production"

Autre inconvénient noté par L'Obs fin 2014, "ce reflux du prix de l'or noir risque aussi de ralentir le développement des énergies renouvelables (éolien, solaire...) au profit des énergies fossiles polluantes", malgré les engagements pris à la COP21.

Enfin, dernière mauvaise nouvelle soulignée par Le Figaro : les pays producteurs, très dépendants de la rente pétrolière, ne se serreront pas la ceinture sans compensation. "La moitié des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole sont des pays en voie de développement. Ils font donc valoir, confie à l'AFP Francis Perrin, le président de Stratégies et politiques énergétiques, que, "pour eux comme pour les autres pays en développement, les questions de la lutte contre la pauvreté, d'accès à l'énergie, restent une priorité et le restera pour longtemps". L'environnement passera après.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.