Pizzas, chèques cadeaux, invitations au restaurant... Ces challenges de la SNCF qui fâchent les syndicats
Pour motiver ses cheminots, l'entreprise organise des concours de performance avec, à la clé, des avantages en nature de toutes sortes.
Ici, l'affiche promet "une invitation au restaurant pour deux d'environ 100 euros" pour tout agent qui aura atteint les objectifs fixés. Là, le concours offre jusqu'à 250 euros en chèques cadeaux aux meilleurs chasseurs de fraudeurs de la gare d'Asnières (Hauts-de-Seine). Pour motiver ses équipes, la SNCF organise des concours de performance... qui ne passent pas du tout auprès des syndicats.
"C'est une dérive", critique Florent Monteilhet, secrétaire fédéral de l'Unsa-ferrovaire. Même sentiment pour Laurent Brun, de la CGT. "La reconnaissance du travail, c'est le salaire, et celui-ci est gelé depuis plusieurs années" à la SNCF, explique le responsable syndical. Chez Sud Rail, Erik Meyer rappelle que ces "challenges ont toujours un peu existé mais actuellement, ça se généralise."
Ce qui était une exception est devenu une manière de faire.
Eric Meyer, de Sud Railà l'AFP
La direction de la SNCF se défend en affirmant vouloir "encourager l'innovation" de ses managers de terrain. Car, dit-elle, "c'est au plus proche du terrain, du quotidien des agents, que beaucoup de choses se jouent".
Une idée "malheureuse"
Mais une goutte d'eau a fait déborder le vase syndical : à Asnières, une "salle détente" était rendue "accessible au mérite" sur décision de "l'équipe managériale", comme le précise l'affiche diffusée sur Twitter.
Ceci n’est pas un fake ! Voila comment les agents SNCF à Asnières, sont traités par la direction. Une pause accordée en fonction des bons points que les chefs donnent à l’agent... Une honte @GroupeSNCF L’esclave qui avait récolté le plus de coton avait le droit à une pause... pic.twitter.com/F9NN2H6kGc
— Anasse Kaz (@AnasseKaz) 11 octobre 2018
"Il y a des limites à l'indécence, la qualité de vie au travail n'est pas un gadget", s'énerve la CFDT-Cheminots. Une idée "malheureuse", admet la direction, qui a "rapidement demandé" le "retrait de ce dispositif local et contestable".
"Les pires challenges"
Mais ce qui inquiète vraiment les syndicats, ce sont les concours visant à diminuer le nombre d'accidents du travail. A l'image de celui organisé au technicentre (service de maintenance des trains) de Paris Rive Gauche. En jeu : des pizzas pour récompenser 200 jours sans le moindre arrêt de travail, ou des chèques cadeaux de 30 euros par agent d'une équipe n'ayant pas connu d'accident pendant un an.
Ce sont "les pires challenges" parce qu'"ils sont une incitation perverse à cacher les faits", cela conduit "les agents à ne plus déclarer leurs arrêts de travail", s'agace à la CGT. La direction assure de son côté que "la vigilance en matière de sécurité au travail" est "un sujet important" pour l'entreprise.
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