Vidéo Fin du statut des cheminots : 100 millions d’euros d’économies par an ! Vraiment ?
Pour la ministre des Transports, Elisabeth Borne, la suppression du statut des cheminots permettrait une économie de cent millions d'euros par an. Nous avons vérifié, c'est plutôt dix fois moins.
La ministre des Transports l'a assuré, la suppression du statut des cheminots permettrait d'économiser une "centaine de millions d’euros sur dix ans, par an". En dix ans, ces économies totaliseraient 1 milliard d'euros. On a trouvé que ça faisait beaucoup, on a appelé la direction de la SNCF qui n'a pas le même chiffre.
"C’est plutôt de l’ordre de dix millions d’euros par an et ça fait cent millions sur dix ans, c’est ça le bon chiffre si on parle du statut stricto sensu."
Ces dix millions d’euros d’économies annuels, d’où viennent-ils ? La SNCF nous explique qu'avec leur statut, les salaires des cheminots augmentent automatiquement, chaque année de 2,5% en moyene. Avec la fin du statut, l’augmentation des salaires ne serait plus automatique. En moyenne, elle ne serait plus que de 1,9% en fonction de critères comme la performance.
On ne peut pas savoir l’économie qui sera faite avec la suppression du statut parce qu'on ne sait pas par quoi le statut va être remplacé
Gilles Dansart
La SNCF va-t-elle trop vite en annonçant ces dix millions d’euros d’économies annuels ? D’après Gilles Dansart, spécialiste ferroviaire et fondateur de la revue Mobilettre c’est seulement à la fin de la négociation sur la convention collective que les économies pourront être calculées : "C'est impossible aujourd’hui de savoir ce que rapportera la suppression du statut des cheminots tout simplement parce qu’on ne sait pas par quoi le statut va être remplacé, cette fameuse convention collective de branches qui devra être négociée pour le 1er janvier 2020. Donc si on ne sait pas quel sera le système d’après statut on ne peut pas savoir l’économie qui sera faite avec la suppression du statut."
La suppression du statut permettrait de faire des économies ? Certains syndicalistes disent l’inverse. Sur le temps de repos, les horaires, le travail de nuit, le statut des cheminots prévoit des compensations jugées faibles par plusieurs économistes, inférieures à celles du privé selon Fanny Arav, économiste à l'Unsa ferroviaire. Demain, ces compensations pourraient coûter plus cher à la SNCF, obligée de s’aligner sur la concurrence. "Pour les conducteurs de train où on a des contraintes assez fortes de weekend, de dimanche, de jours féries, d’horaires décalés, la fin du statut provoquera l’augmentation des salaires et pour la SNCF, in fine le montant général n’en sera pas moins cher. Au contraire, ça reviendra plus cher à la SNCF."
Dernier calcul, dix millions d’euros d’économies par an, comparé à la dette de la SNCF, environ 50 milliards, c’est 0,02%. Pour résorber la dette, il reste encore quelques bornes à parcourir.
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