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Hôpitaux, retraite, étudiants... Le gouvernement a intérêt à "négocier avec chacun des mouvements" pour éviter la convergence des luttes

Négocier avec chacun, trouver des compromis pour que les différents "mouvements n'aient pas intérêt à coaliser", conseille un enseignant-chercheur d'université.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une manifestation des personnels hospitaliers le 14 novembre 2019 à Quimper. (FRED TANNEAU / AFP)

Le mois de décembre va concentrer la colère du personnel de l'hôpital public, de la SNCF et de la RATP, celles des étudiants, sans compter les manifestations probables des "gilets jaunes"... Seule solution pour le gouvernement afin d'éviter la convergence des luttes, "négocier avec chacun de ces mouvements, pris séparément", avertit Rémi Bourguignon, enseignant-chercheur à l'université Paris-Est Créteil, sur franceinfo jeudi 21 novembre.

franceinfo : Quand Édouard Philippe assure que le dialogue social est ouvert, est-ce que c'est votre impression réellement aujourd'hui ?

Rémi Bourguignon : En tout cas l'incitation est très forte pour que le dialogue s'ouvre. C'est vrai que depuis le début du mandat de ce gouvernement, on n'a pas eu le sentiment qu'il était très ouvert au dialogue social. Sur un certain nombre de réformes, il a été considéré que c'était à l'État de prendre ses responsabilités.

Un gouvernement qui a semblé vouloir se passer des corps intermédiaires, peut-il s'en passer aujourd'hui ?

Il a besoin des corps intermédiaires de manière très claire. On voit bien tous ces mouvements s'organiser en même temps, on imagine qu'il y a un travail syndical derrière, pour arriver à faire converger l'ensemble de ces mouvements, mais qui à chaque fois reposent sur des revendications différentes. Avec un danger pour le gouvernement, c'est cette convergence des luttes dont on parle depuis si longtemps, qui a tant de mal à venir mais que, si elle advenait, ne pourrait pas constituer une base de négociation. La seule issue à cette convergence serait la fin de ce gouvernement. Donc il a intérêt à négocier avec chacun de ces mouvements, pris séparément, donner le sentiment qu'il y a des choses à négocier qu'on peut obtenir. De manière à ce que ces mouvements n'aient pas intérêt à coaliser.

Diviser pour mieux régner en quelque sorte ?

Ce n'est pas nécessairement diviser pour mieux régner, parce que s'il y a vraiment négociation, ça peut être la base de compromis tout à fait acceptables par tout le monde, c'est plutôt qu'il est contraint aujourd'hui de venir à la table de négociation. Ce n'est pas une stratégie de division pour affaiblir, mais ils le font un peu par contrainte très clairement.

Est-ce que vous voyez un point commun à toutes ces colères ?

Toutes ces colères participent d'une tendance très forte aux réformes avec le sentiment qu'elles procèdent d'injustices grandissantes. C'est un enjeu extrêmement fort pour le gouvernement, c'est de montrer comment il arrive, malgré ces réformes, à garantir une certaine forme de justice sociale. C'est peut-être sur la réforme des retraites que ça se fait sentir de manière la plus évidente : est-ce que cette réforme est une baisse de droits pour l'ensemble des Français ? Ou est-ce que c'est de la réforme pour fonctionner autrement et peut-être sauvegarder le modèle social ?

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