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Grève à la SNCF : le gouvernement veut "faire sauter le dernier verrou social majeur qui est celui des cheminots"

Stéphane Sirot, spécialiste des politiques sociales et des syndicalistes, a estimé, samedi sur franceinfo, que le gouvernement n'est pas dans une stratégie d'apaisement social alors que la grève à la SNCF bat son plein.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un salarié de la SNCF lors d'une manifestation, le 19 avril 2018, à Toulouse (Haute-Garonne). (PASCAL PAVANI / AFP)

Le gouvernement "cherche l'épreuve de force" à la SNCF. L'analyse de Stéphane Sirot, samedi 21 avril sur franceinfo, s'appuie sur les annonces d'Edouard Philippe comme la "question de la filialisation du fret". Pour ce spécialiste des politiques sociales et des syndicalistes, "cela n'augure pas d'une volonté d'apaisement ou de sortie de crise de la part du pouvoir politique", alors que le groupe ferroviaire est touché par une grève par intermittence depuis le début du mois d'avril.

franceinfo : La technique du bras de fer à tout prix peut-elle se révéler payante ?

Stéphane Sirot : C'est effectivement là-dessus que table le gouvernement. Ce qui peut également laisser supposer cela, ce sont les annonces faites récemment par le gouvernement. Par exemple, la question de la filialisation du fret, dont il sait que c'est un point sensible pour les organisations syndicales. Faire ce genre d'annonce en plein cœur d'un conflit social comme celui de la SNCF, cela n'augure pas d'une volonté d'apaisement ou de sortie de crise de la part du pouvoir politique. Cela peut donc paraître assez provocateur.

Pour développer une politique libérale, le gouvernement a besoin d'une grande victoire sociale sur une profession qui reste forte dans le panorama syndical français.

Stéphane Sirot

à franceinfo

Cela me conduit donc à une interprétation qui est que le pouvoir politique actuel cherche l'épreuve de force de manière à faire sauter le dernier verrou social majeur : celui des cheminots. C'est là où le syndicalisme reste bien implanté et où la CGT l'est aussi. C'est aussi en perspective du déroulement d'un certain nombre de réformes d'ampleur comme dans quelques mois celle des retraites.

Le recours à un médiateur ne peut-il pas débloquer les choses ?

Oui. On voit que des négociations peuvent exister ailleurs, comme en Allemagne dans la fonction publique. Les organisations syndicales ont mené quelques actions y compris de grèves et assez vite des négociations se sont engagées et ont permis d'aboutir à un compromis. On voit donc bien qu'il y a des manières dans les pratiques politiques d'agir de façon différente, soit pour attiser les flammes, soit, au contraire, pour essayer de débloquer et de trouver un compromis.

À Air France où un questionnaire va être soumis aux salariés, peut-on plutôt parler d'une stratégie du coup de poker pour court-circuiter les syndicats ?

On dramatise la situation pour essayer d'emporter la mise. Avec cette manière de procéder, c'est clairement de passer par-dessus les acteurs sociaux et les organisations syndicales. Ce n'est pas forcément une bonne méthode, parce que dès lors que l'on veut faire accepter par le corps social une réforme, chaque pouvoir, celui de l'État ou de l'entreprise, a besoin de faire irriguer ses prises de décisions par des contre-pouvoirs. C'est jouer la démocratie directe contre la démocratie syndicale. Peut-être que ce référendum permettra à la direction de l'entreprise d'obtenir le résultat qu'elle souhaite, mais, est-ce qu'elle apaisera le conflit, c'est encore autre chose.

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