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Grève à la SNCF à Noël : pour quelles raisons les contrôleurs ont-ils lancé un mouvement social ?

Le mouvement de grève a été initié par un collectif de chefs de bord, en marge des syndicats.
Article rédigé par franceinfo
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Des salariés de la SNCF en gare de Nantes (Loire-Atlantique), le 21 décembre 2022. (ESTELLE RUIZ / HANS LUCAS / AFP)

Ils sont à l'origine d'une grève "inacceptable" selon leur direction, "incompréhensible et injustifiable" aux yeux du gouvernement : en dehors du pur cadre syndical, une partie des chefs de bord de la SNCF, l'autre nom des contrôleurs, a décidé de cesser le travail pour le week-end de Noël, dénonçant un "malaise" et un manque de "considération" au sein de leur entreprise. Les perturbations se limiteront à Noël, car un projet d'accord élaboré jeudi 22 décembre avec les organisations syndicales a été signé, annulant le préavis de grève pour le Nouvel An. Franceinfo revient sur les raisons de la colère de ces contrôleurs, au cœur de ce conflit social atypique.

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Pour tenter de comprendre les revendications des chefs de bord, il faut revenir sur les fonctions de ce métier "si particulier" à la SNCF, selon Christophe Fanichet. "C'est l'agent que vous voyez dans votre train et qui vous accompagne dans votre voyage", a décrit, vendredi 23 décembre sur France Inter, le PDG de SNCF Voyageurs.

Une présence obligatoire à bord des trains

Concrètement, le chef de bord vérifie les titres de transports des passagers, renseigne ceux qui les sollicitent et les informe, via les annonces vocales, avant une arrivée en gare ou si une anomalie en matière de sécurité est observée. Sans lui, le train ne peut pas circuler, au même titre que le conducteur et l'aiguilleur. C'est ce qui explique les fortes perturbations du week-end de Noël, avec par exemple deux trains sur cinq annulés samedi et dimanche, alors que les autres corps de métier de la compagnie ferroviaire ne sont pas en grève.

D'après Christophe Fanichet, il y a "plus d'un millier de chefs de bord" en grève ce week-end au niveau national, sur les presque 10 000 personnes qui exercent ce métier au sein de la SNCF, avec près de 3 000 agents exerçant leurs fonctions sur les TGV et Intercités. Pas moins de 3 500 chefs de bord sont membres du groupe Facebook Collectif National ASCT (CNA), pour "Agents du service commercial trains", qui se veut "apolitique et non-syndiqué". La visibilité de ce groupe a par ailleurs été réduite depuis le milieu de la semaine, après des craintes de fraudes sur un sondage effectué vendredi 16 décembre.

La visibilité du groupe Facebook des chefs de bord en colère a été restreinte, a constaté franceinfo le 23 décembre 2022. (CAPTURE D'ECRAN FACEBOOK)

Les membres du CNA, qui s'expriment sous le sceau de l'anonymat, ont formulé plusieurs demandes à leur direction, par l'intermédiaire des syndicats. Ils veulent par exemple "avoir un déroulement de carrière à la hauteur de [leurs] responsabilités et de [leur] engagement dans l'entreprise", comme l'expliquait mardi sur France Inter Olivier, l'un des cofondateurs de ce mouvement.

Désaccord sur la revalorisation des salaires

L'un des désaccords entre la direction et les chefs de bord en colère a porté sur la revalorisation de leurs revenus. Alors qu'ils devaient bénéficier d'une première prime de 600 euros en 2023, comme l'ensemble des cheminots, ainsi qu'une seconde prime de 600 euros spécifique à leur métier, les contrôleurs dénoncent des primes qui font "grossir [leurs] salaires, mais ne comptent pas pour la retraite", pointait le chef de bord Olivier sur France Inter.

Jeudi soir, avec les syndicats, la direction a formulé une nouvelle proposition pour la seconde prime propre aux contrôleurs. "Spécifiquement pour les chefs de bord, nous avons décidé de 720 euros de plus l'année prochaine", a défendu vendredi Christophe Fanichet, selon qui "le salaire passe aussi dans la progression dans la carrière". La direction a également proposé "de créer une direction des chefs de bord pour être plus à l'écoute demain qu'aujourd'hui", rapporte le dirigeant. C'était déjà le cas pour les conducteurs, par exemple. Ce sont ces propositions que les syndicats ont acceptées vendredi matin.

Des conditions de travail améliorées ?

D'autres demandes avaient été portées, notamment sur les conditions de travail. "Là, vous voyez, je n'ai aucun lavabo avec de l'eau. Je téléphone à tout le monde en disant : 'Il n'y a pas d'eau sur mon train. Je me fais engueuler par tout le monde, tout le long du voyage, alors que j'essaye de le signaler", témoignait ainsi au micro de France 2 une contrôleuse, mardi soir.

Les effectifs étaient enfin au cœur des enjeux. "En théorie, nous sommes deux par train, mais de plus en plus, nous sommes seuls, sur des TGV qui peuvent compter jusqu'à 600 clients", fustigeait ainsi Olivier sur France Inter. La direction a proposé "de mettre 200 chefs de bord en plus sur le terrain dès 2023", a insisté Christophe Fanichet.

Si le préavis de grève a été retiré pour le week-end du Nouvel An, la direction de la SNCF pourrait rencontrer des difficultés à recruter ces chefs de bord supplémentaires, en raison d'une baisse d'attractivité de ce métier. Depuis le 1er janvier 2020, les nouveaux contrôleurs, qui sont soumis au régime général, avec une retraite à 62 ans, sont recrutés sous contrat de droit privé. En début de carrière, la rémunération est au smic et, en moyenne, un chef de bord travaille 30 dimanches par an et dort ailleurs que chez lui huit fois par mois. Des spécificités que les contrôleurs ont voulu faire valoir auprès de leur direction, qui affirme avoir "tout donné" pour mettre fin au mouvement social.

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