Quatre questions sur le dégazage d'un avion d'Air France au-dessus de la forêt de Fontainebleau
Après un problème technique, un avion de la compagnie française a largué du kérosène au-dessus de cette forêt du sud de l'Ile-de-France, dimanche.
Un Boeing d'Air France a connu un problème technique qui l'a conduit à larguer une partie de son carburant au-dessus de l'Ile-de-France, dimanche 25 septembre, avant de se poser à l'aéroport de Roissy. L'avion a opéré sa vidange de kérosène au-dessus de la forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne), provoquant la colère du maire de la commune.
Pourquoi l'avion a-t-il dégazé en plein vol ?
Parti dimanche matin de l'aéroport d'Orly en direction de la Guyane, l'appareil, un Boeing 777 transportant 289 passagers, s'est retrouvé en difficulté peu après le décollage. "Le moteur a ingéré de la gomme d'un pneu de l'avion, ce qui a altéré son fonctionnement", a expliqué à l'AFP un porte-parole d'Air France. Décision est alors prise par le commandant de bord de poser l'appareil, comme prévu dans une telle situation.
Pour un gros porteur venant de décoller vers une destination lointaine, encore chargé de plusieurs dizaines de tonnes de kérosène, la procédure est classique : il faut d'abord larguer une partie du carburant sans quoi l'appareil, trop lourd, risque de s'écraser à l'atterrissage.
Qui donne le feu vert à ce type d'opération ?
Ce sont les contrôleurs aériens qui décident où les appareils qui se trouvent dans un tel cas de figure vont vider leurs réservoirs. "Si l'avion a décollé d'un aéroport proche du littoral, le délestage est réalisé sur un plan d'eau", explique à l'AFP un représentant de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). "Si c'est en pleine terre, comme les aéroports parisiens, on va choisir dans la mesure du possible une zone peu peuplée, en campagne ou, en région parisienne, très urbanisée, des zones forestières", ajoute-t-il, en précisant que la décision est prise en fonction de l'urgence de la situation.
Comment fonctionne le délestage ?
Lors d'un délestage, "on n'ouvre pas les vannes pour faire couler du kérosène sur la tête des gens", assure le porte-parole de la DGAC. Volant en cercles, l'appareil se décharge du carburant en le rejetant par vaporisation sous forme de fines gouttelettes. "Au contact de la chaleur produite par la lumière du soleil, 90% du carburant délesté s'évapore (dans l'atmosphère) et produit de l'eau et du CO2, ce qui est ni plus ni moins ce qui sort des réacteurs en phase de vol normal", explique-t-il. "Environ 10% du carburant tombe au sol et une bonne partie s'évapore à son contact", ajoute-t-il.
Est-ce dangereux pour l'environnement ?
Le maire de la ville de Fontainebleau, Frédéric Valletoux (LR), s'est indigné de l'opération de délestage. "La forêt, c'est l'un des sites les plus fréquentés en Ile-de-France, avec dix millions de visiteurs par an. Le dimanche particulièrement, c'est un pic de fréquentation et c'est aujourd'hui l'espace naturel le plus protégé de France", explique-t-il. L'élu juge "scandaleux" que cette procédure "soit encore autorisée".
Mais pour la DGAC, une fois l'essentiel du carburant évaporé, il ne reste que "quelques milligrammes [de kérosène] par mètre carré" et l'impact environnemental est "minime". "Entre mettre en place une procédure de délestage et mettre en danger la vie de centaines de passagers, le choix est rapidement fait", relève le représentant de l'institution.
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