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Témoignages "J'ai fait plus de 100 000 km avec de l'huile de friture" : au volant, ils parient sur l’huile alimentaire pour se déplacer

L'Assemblée nationale a validé le recours à des huiles alimentaires usagées comme carburant. De fait, des associations et des entreprises ont déjà commencé des expérimentations. 

Article rédigé par franceinfo, Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
A Béthune, plusieurs camions-poubelles roulent à l'huile de friture grâce à l'entreprise Gecco. (Odile Senellart / Radio France)

Les députés ont donné leur feu vert au recours à l'huile alimentaire comme carburant, dans le cadre de l'examen en première lecture du projet de loi pouvoir d'achat. Le Sénat doit encore confirmer cette autorisation, proposée par un député écologiste face à l'explosion des prix de l'essence. Jusqu'à maintenant, en France, rouler avec de l'huile alimentaire est interdit. Les seuls carburants homologués sont ceux listés par les autorités.

Pas de quoi freiner Gérald, 40 ans, cet habitant de la Haute-Vienne l'assume : "J'ai fait plus de 100 000 kilomètres en utilisant l'huile de friture comme additif au carburant, parce que jusqu'à aujourd'hui, on ne peut pas dire que c'est un carburant."

Une alternative "zéro déchet" aux carburants classiques

Un "additif" donc pour compléter le carburant, selon Gérald qui assure ne pas avoir dépasser le seuil de 49 % d'huile dans son réservoir pendant dix ans. Récemment, il a dû revenir au carburant classique car il a changé de voiture. En effet, l'huile de friture n'est pas adaptée à tous les moteurs : "Cela fonctionne avec des véhicules diesel à moteur atmosphérique : ce sont des moteurs qui datent d'avant 96-97."

Membre de l'association "Roule ma frite", il collecte de l'huile que son collectif récupère dans les restaurants. Ensuite, il faut entre quatre et six semaines pour la filtrer, la faire décanter, et la rendre utilisable.

"L'huile de friture est un déchet qu'on recycle : c'est du circuit court, des projets de territoires."

Gérald, membre de l'association "Roule ma frite"

Des expérimentations sont menées dans plusieurs collectivités. Par exemple, l'agglomération de Béthune-Bruay fait rouler quelques camions de collecte des déchets avec un bio-carburant issu à 100 % d'huiles alimentaires usagées, fourni par l'entreprise sociale et solidaire Gecco, basée dans le Nord. Mais Julien Pilette, le co-fondateur, prévient : "On ne va pas remplacer le gasoil par les huiles de friture. On n'est pas du tout dans une échelle majeure de remplacement du gasoil."

Surtout, insiste-t-il, même si les huiles alimentaires présentent de l'intérêt pour limiter la pollution, il faut faire bien attention : "Mal fait, on pourrait faire des dégâts sur certains aspects environnementaux."

Un cadre officiel pour se développer

Le connaisseur développe : "On est d'accord : on est très très loin de l'impact du pétrole, avec 95% d'économie des émissions de gaz à effet de serre, c'est parfait. En revanche, un véhicule qui est mal réglé, si l'adaptation n'est pas faite et que le carburant n'est pas bon, vous pouvez générer plus de monoxyde de carbone, plus de particules, et donc dégrader la qualité de l'air."

Evitez donc de collecter de l'huile en la filtrant dans votre garage : tout cela demande un savoir-faire. L'entreprise Gecco souhaite justement la mise en place d'un cadre officiel avec des normes à respecter pour que la filière puisse se développer sur de bons rails.

ces automobilistes qui parient sur l’huile alimentaire comme additif au carburant - le reportage de Benjamin Illy

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