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"On s’adapte, on subit un peu plus" : avec l’augmentation des prix des carburants, le moral des petits entrepreneurs en berne

Alors que la grogne monte contre les prix à la pompe, PME et artisans s’inquiètent. Fabrice et Franck, plombier et peintre à Nancy, ont ainsi vu le poste carburant grever leur budget mensuel et menacer leur activité.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Fabrice Vairelles, plombier à Nancy et son collègue peintre Franck Grabias, posant à côté d’une des deux sucettes à gasoil de la plomberie. (GREGOIRE LECALOT / RADIO FRANCE)

"C’est un Renault Master 145 CV, explique Fabrice Vairelles, en démarrant son camion, comme tous les jours, plusieurs fois par jour, depuis 25 ans. Je suis obligé d’avoir quelque chose d’assez puissant puisque je mets du matériel dans le camion, et il ne faut pas que je me traîne..." Malgré les annonces mercredi 14 novembre d’Edouard Philippe, le Premier ministre, pour calmer la grogne qui gronde sur l’augmentation du prix des carburants, PME et artisans s’inquiètent pour leur avenir. Plombier à Nancy, Fabrice tourne avec deux utilitaires diesel et multiplie les kilomètres : "Pour combler une journée, indique-t-il, je fais quatre ou cinq déplacements. Je fais entre cinquante et cent kilomètres par jour."

1 200 euros de gazole par mois

A 100 litres de gazole par plein, Fabrice a vu le poste carburant de son bilan s’alourdir en deux ans. "Avec un plein, je fais 800 km, sauf qu’avant il me coûtait 100 euros le plein, tandis qu’aujourd’hui, il me coûte 150 euros. J’ai deux véhicules qui tournent, alors cela me fait 1 200 euros de gazole par mois." Par véhicule, cela fait quelque 200 euros de plus sur le mois, selon lui.

Je ne peux pas me permettre de répercuter ça au client. La conjoncture est déjà difficile aujourd’hui, alors si j’augmente encore mes prix, je vais perdre des clients.

Fabrice Vairelles, plombier

à franceinfo

A 200 000 euros de chiffre d’affaires par an, cette augmentation ne met pas son entreprise en péril. Mais elle n’est pas pour autant négligeable. Fabrice ne voit d’ailleurs pas par quoi remplacer ses camionnettes. "Mettre le matériel, l’outillage sur un vélo ? Non ! Et avec les volumes dont on a besoin, il n’y a rien en électrique, cela n’existe pas, soupire l'artisan lorrain. Mettre un chauffe-eau ou une chaudière dans un petit Kangoo, c’est déjà pas évident…"

Sur les chantiers, Fabrice est souvent accompagné de Franck Grabias, peintre décorateur. Sur une feuille blanche, il a noté ses calculs : "Je vois par exemple que sur le sans-plomb, si il est à un euro, le pétrole leur coûte 27 centimes d’euro, la distribution coûte 12 centimes : le reste ce n’est que l’Etat, soit 16 centimes de TVA et 47 centimes de taxes..."

"Il n’y a pas le choix : on doit bosser plus"

Pour Franck, c’est la vie personnelle qui encaisse. "On ne peut pas, déplore le peintre, augmenter les prix pour avoir moins de boulot. Donc il n’y a pas le choix : on doit bosser plus." "C’est notre qualité de vie qui a changé, poursuit-il. On s’adapte, on subit un peu plus, et on fait en sorte de rentrer ce qu’il faut rentrer pour payer nos salariés, nos charges, et donc le carburant." 

Sur les chantiers autour de Nancy, les deux hommes affirment voir de plus en plus d’artisans français installés au Luxembourg, distant d’une centaine de kilomètres, où les taxes sont moins élevées et le prix du gasoil à un 1,16 euro le litre.

Avec l’augmentation des prix des carburants, le moral des petits entrepreneurs en berne - reportage Grégoire Lecalot

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