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Baisse des prix de l'essence : "Je crains qu'elle ne soit que ponctuelle", prévient le président de l’Union française des industries pétrolières

Entre la demande pétrolière mondiale et la guerre en Ukraine, les prix vont rester élevés, affirme Olivier Gantois, président de l’Union française des industries pétrolières sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
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Un client se sert à une station essence, le 31 mai 2017, à Paris. (Illustration) (BENJAMIN CREMEL / AFP)

"Tant que la guerre en Ukraine durera, on restera à des prix du pétrole brut très élevés", a indiqué Olivier Gantois, président de l’Union française des industries pétrolières (UFIP) alors que les prix de l’essence sont passés sous la barre des deux euros.

franceinfo : Comment expliquer cette baisse ?

Olivier Gantois : Il y a une crainte de récession au niveau mondial. Qui dit récession économique, dit baisse de la demande pétrolière et baisse de la demande des prix. Le marché anticipe en quelque sorte cette récession qui est crainte non seulement en Amérique du Nord, mais aussi en Chine. Mais n'oublions pas qu'on reste à des prix de pétrole brut très élevés, puisqu'on était à 114 dollars par baril.

Ce prix affiché à la pompe tient compte de la ristourne de l’État de 18 centimes ?

Depuis le 1er avril, il y a une remise de l'État de 15 centimes hors taxes et 18 centimes TTC pour ceux qui payent la TVA qui est considérable. Et donc, cette remise, apparemment, va être reconduite jusqu'au 30 septembre, donc deux mois de plus que ce qui avait été annoncé initialement.

C’est une baisse ponctuelle ou va-t-elle s’inscrire dans la durée ?

Je crains qu'elle ne soit que ponctuelle. Ce n’est pas pour cela que les prix vont remonter, mais en tout cas, je pense que les prix vont rester élevés durablement, en tout cas, tant que la guerre en Ukraine durera. Il y a deux phénomènes qui font que les prix sont élevés : le premier, c'est la demande pétrolière mondiale qui, après la période 2020-2021 du Covid-19, est revenue à son niveau d'avant Covid, à peu près 100 millions de barils par jour ; le deuxième depuis la fin du mois de février, c’est la guerre en Ukraine qui a créé une tension sur les marchés et donc qui a fait monter encore plus les prix, d’où le 114 dollars par baril qu'on a aujourd'hui. Tant que la guerre en Ukraine durera, on restera à des prix du pétrole brut très élevés.

Une augmentation de la production de pétrole pourrait faire baisser les prix ?

Tout à fait. C'est-à-dire que l'organisation des pays producteurs de pétrole, l'OPEP plus la Russie, chaque mois se réunissent pour décider de leur niveau de production du mois suivant. Et donc, ils se sont réunis le 1er juillet, et ont décidé qu’au mois d'août, leur production augmentera de 600 000 barils par jour par rapport au mois de juillet. Donc, oui, la production augmente parce que la demande a tendance à augmenter.

Est-ce que ça va détendre le marché ?

Détendre le marché certainement, en revanche faire baisser les prix, tout dépendra de la demande. Si la demande reste élevée parce que l'économie mondiale va bien, dans ce cas-là, les prix resteront élevés. S'il y avait une récession, comme le craignent certains analystes, ça pourrait faire baisser les prix, mais je ne veux rien promettre parce que rien n'est certain.

Pouvez nous rassurer sur un éventuel manque de pétrole dans les mois qui vont arriver à cause de l'embargo sur le pétrole russe ?

Oui, je peux tout à fait vous rassurer puisque ça fait déjà plusieurs mois que nous travaillons avec les autorités françaises pour préparer l'embargo qui a été décrété le 4 juin, qui nous laisse six mois pour nous organiser pour arrêter complètement les approvisionnements de pétrole brut et deux mois de plus pour le gasoil. La bonne nouvelle, c'est qu'on ne va pas manquer de pétrole puisque le pétrole qu'on importait de Russie, que ce soit du pétrole brut ou du gasoil, on va l'importer d'Amérique du Nord, du Moyen-Orient, d'Inde. Il y a d'autres sources d'approvisionnement, dont certaines ont déjà été mises en œuvre, qui me permettent de dire qu'il n'y aura pas de rupture d'approvisionnement. En revanche, les prix resteront élevés. On ne peut pas tout avoir dans la période actuelle. Si on est prêt à acheter du pétrole brut russe, on paye beaucoup moins. Si on ne veut pas de pétrole russe, on paye un peu plus cher.

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