Portiques anti-fraude pour les TGV : "Ils feraient mieux de se concentrer sur la sécurité", raille une passagère
A Paris et à Marseille, la SNCF révèle aujourd'hui son nouveau dispositif anti-fraude. Reportage à la gare Montparnasse, où deux modèles de portiques électroniques seront testés jusqu'à la fin du mois de mars.
"Deux à trois secondes, pas plus." C'est, d'après Antoine de Rocquigny, directeur des opérations TGV à la SNCF, le temps que devraient mettre les usagers du train à grande vitesse pour passer à travers les portiques installés dans la gare Montparnasse, à Paris, ce lundi 11 janvier. L'initiative, en phase de test jusqu'à la fin du mois de mars, n'a rien à voir avec le plan de sécurité qui avait justifié l'installation de portiques à l'entrée des trains Thalys à Lille le mois dernier, après l'attaque terroriste qui avait fait deux blessés en août 2015. L'opération vise cette fois à lutter contre la fraude qui, d'après Antoine de Rocquigny, ferait perdre "300 millions d'euros à la SNCF" chaque année.
"Moins de contrôle, davantage de service"
Dans la gare parisienne, deux modèles de portiques différents sont testés, mais leur fonctionnement, proche de celui du métro parisien, est sensiblement le même. Il faut approcher son billet (sur papier ou sur mobile) d'un scanner afin de permettre la validation du titre du transport, ce qui enclenche l'ouverture des portes. Peu avant le départ du TGV Paris-Bordeaux, lundi à 14h46, et les débuts officiels du lancement de l'opération, Antoine de Rocquigny se félicite d'un système qui devrait permettre de procéder à l'embarquement d'un train tout entier "en dix à quinze minutes".
Dans la gare, le doute des voyageurs résiste pourtant à la logique mathématique. Maïwenn est une usagère régulière du tronçon Paris-Brest et a du mal à voir l'utilité des portiques. Pour elle, cette initiative, "peut-être utile, mais pas acceptable", ne viserait qu'à remplacer les humains, alors que les contrôles, sur le quai et dans le train, sont déjà nombreux. Du côté de la SNCF, on se défend de toute "robotisation" du service : Antoine de Rocquigny explique qu'il y aura "toujours autant de gens à bord du train", l'idée étant de passer "moins de temps sur le contrôle, pour offrir davantage de services, et rendre le chef de bord plus disponible". Sur le quai, les agents SNCF n'ont pas complètement disparu : présents avant et après les portiques, ils ont désormais pour mission d'orienter les voyageurs, mais aussi de répondre au signal d'une alarme qui se déclenche en cas de dysfonctionnement des portiques.
Des doutes sur l'utilité du dispositif
Le dispositif, testé pendant trois mois dans les gares de Paris-Montparnasse et Marseille-Saint-Charles, coûte 2 millions d'euros à la SNCF. Pour Philippe, habitué du Paris-Angers, "cet argent aurait pu être mieux utilisé ailleurs. Je préférerais que la SNCF revienne à son métier de base : faire circuler les trains, nettoyer les rames, plutôt qu'elle ne se transforme en machine à vendre des billets d'autocar." De son côté, le directeur des opérations TGV affirme que l'argent économisé grâce à ces portiques anti-fraude servira à financer la rénovation des gares.
En pratique, ces portiques posent toutefois quelques problèmes. Certes, un accès pour personne à mobilité réduite a bien été prévu. Mais rien ne semble avoir été fait pour les personnes accompagnant des enfants voyageant seuls ou les personnes âgées qui ont besoin d'aide pour accéder au train. La SNCF répond que les agents "feront preuve de bienveillance et de souplesse pour les accompagnants", sans plus de détails.
Un doute persiste également quant à l'efficacité du dispositif. Chantal, passagère du Paris-Bordeaux ce lundi 11 janvier, se demande ainsi "comment ça va se passer au moment des grandes vacances". Elle estime que la sécurité des trains devrait être la priorité : "Ce serait mieux s'il y avait un détecteur pour les bagages [comme dans les aéroports, équipés de scanners à bagages]. Ils feraient mieux de se préoccuper de la sécurité, qui est plus importante que la fraude."
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