Pénurie de carburant : le gouvernement met en place des mesures pour faire face aux difficultés d'approvisionnement
La grève qui touche trois raffineries française perturbe la distribution de carburants et fait paniquer les automobilistes qui craignent une pénurie. Vendredi, 12% des stations-services rencontraient des problèmes d'approvisionnement.
Quasiment une station-service sur cinq en France a rencontré des difficultés d'approvisionnement vendredi 7 octobre, selon la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. Un chiffre qui n'a cessé de grimper tout au long de la semaine : 12% des stations-services rencontraient des problèmes d'approvisionnement sur au moins un de leurs carburants mercredi, 15% jeudi et enfin 19% vendredi.
Certains distributeurs, comme Système U, affirment que ces chiffres sont sous-estimés. Ces difficultés d'approvisionnement sont dues à un mouvement social dans trois raffineries Esso et Total lié à des revendications salariales : "Plus de 80% des stations du territoire fonctionnent normalement", a tenté de rassurer la ministre Agnès Pannier-Runacher.
La situation n'est pas la même dans toutes les régions. Le Nord de la France est très perturbé par exemple : toujours selon le ministère, 42% des stations services du Pas de Calais et 43% de celles du Nord faisaient face vendredi à des ruptures sur au moins un carburant. Au total, dans les Hauts-de-France, ce sont 30% des stations-services du territoire qui sont en difficulté.
Depuis mercredi, il est ainsi interdit aux utilisateurs de remplir des jerricans dans les stations du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme. Les trois préfets appellent au "civisme" et à un "comportement citoyen" pour assurer la satisfaction des besoins de tous. La préfecture de la Somme rappelle ainsi que "les services assurant les transports scolaires, interurbains et ferroviaires sont en capacité d'assurer la continuité de leurs services."
30 litres de carburant maximum par voiture dans le Vaucluse
Afin de permettre au plus grand nombre d'automobilistes de se ravitailler, la préfecture du Vaucluse limite à partir de ce samedi la vente et l'achat de carburant à 30 litres maximum pour les véhicules de particuliers et à 120 litres pour les véhicules de professionnels de plus de 3,5 tonnes, rapporte France Bleu Vaucluse. Les véhicules des services publics ou des entreprises assurant une mission de service public ne sont pas concernés par cette limitation. La vente et l'achat de carburant dans des jerricans ou bidons sont interdits jusqu'au 11 octobre inclus.
Dans l'Aisne, les services d'urgence et de secours, le personnel médical et paramédical ainsi que les personnes dépositaires de l'autorité publique ont accès à des files prioritaires dans certaines stations entre 7h30 et 18 heures. La préfecture a également interdit depuis vendredi et jusqu'au 13 octobre "la vente, l'achat, la distribution et le transport de carburants dans tout récipient transportable manuellement".
Les préfectures des Vosges et du Val-d'Oise ont pris des arrêtés vendredi pour interdire jusqu'au 12 octobre la vente et l'achat de carburant dans les bidons et jerricans pour faire face aux difficultés d'approvisionnement apparues depuis quelques jours dans les départements.
Selon Total Energies, cette tension s'explique par la proximité de la frontière : les prix étant plutôt inférieurs en France, les automobilistes voisins sont davantage tentés à venir s'y approvisionner. Mais la situation s'est légèrement améliorée dans la région, grâce à des apports venus des stocks stratégiques de l'Etat, appelés à la rescousse, qui ont permis d'augmenter les quantités en circulation. Ces stocks stratégiques ont aussi été utilisés en Ile de France, où la situation est particulièrement tendue, tout comme dans les Bouches du Rhône.
Pas de retour à la normale avant mardi, voire mercredi
Ces chiffres ont alors fait paniquer les automobilistes, qui craignent une pénurie, et qui affluent vers les stations-services. Si toute cette semaine, la tendance a été à la dégradation, il faut encore s'attendre à quelques jours difficiles au mieux : en tout cas, la situation sera encore tendue pour le week-end. Le gouvernement a pris des mesures pour améliorer la situation : en plus de l'ouverture des stocks stratégiques, les camions-citernes sont autorisés à rouler le week-end, ce qui va permettre d'augmenter les rythmes de livraisons. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier Runacher, a d'ailleurs incité les transporteurs "à se saisir de ces mesures de souplesse pour pouvoir [les] aider à faciliter l'acheminement du carburant vers les stations-services qui en ont besoin." Mais selon l'un des principaux distributeurs, il n'y aura probablement pas de retour à une situation proche de la normale avant mardi, voire mercredi.
Le gouvernement en appelle à la responsabilité de chacun
Quant aux négociations pour sortir de la grève, la sortie de crise est encore lointaine. Chez Total Energies, les grévistes refusent d'attendre la date des négociations annuelles obligatoires, prévues le 15 novembre. Ces dernières ont pourtant été avancées de deux mois. De son côté, la direction refuse de discuter. La situation est également bloquée dans les deux raffineries d'Esso.
La Première ministre Elisabeth Borne appelle donc chacun à la responsabilité, et Emmanuel Macron assure qu'Esso et Total sont "en train de finaliser les négociations salariales", alors qu'elles n'ont pas encore commencé. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a tenu à s'adresser aux "directions des entreprises et aux représentants du personnel qui sont concernés par ce mouvement social", pour en appeler "à leur responsabilité pour trouver une solution dans les plus brefs délais." "Je renouvelle un appel à la confiance pour les Français, nous faisons en sorte de garantir la présence de carburant sur le territoire, il est important que chacun fasse son plein normalement", conclut-elle.
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