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À Gonfreville-l’Orcher, la plus grande raffinerie de pétrole de France, la menace des réquisitions n’effraie pas les grévistes

Alors que la grève est reconduite, lundi, dans trois raffineries et cinq dépôts TotalEnergies, et malgré les appels du gouvernement à reprendre le travail, l’annonce de nouvelles réquisitions n’a pas calmé la détermination des grévistes du site de Gonfreville-l’Orcher, près du Havre. 

Article rédigé par franceinfo - Morgane Heuclin-Reffait
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un drapeau de la CGT flotte sur le site la raffinerie de Gonfreville-l’Orcher, près du Havre, le 10 octobre 2022. (LOU BENOIST / AFP)

L’interview d’Elisabeth Borne, la Première ministre, dimanche soir sur TF1, appelant les grévistes des raffineries et dépôts de TotalEnergies à "reprendre le travail" et à "ne pas bloquer le pays", à l’heure des pénuries de carburant dans certains départements français, n’a pas calmé la détermination des grévistes.

>> Pénurie de carburant : suivez l'évolution de la situation en direct

La grève est reconduite dans trois raffineries et cinq dépôts TotalEnergies lundi 17 octobre. Les appels du gouvernement à l’annonce de nouvelles réquisitions n’a pas entaché la détermination des grévistes.

Ainsi, à Gonfreville-l’Orcher, en Normandie, près du Havre, le site combine raffinerie et dépôt, et les salariés restent de toute façon mobilisés jusqu’à mercredi matin au moins. C’est ce qui a été acté dès vendredi. Le mouvement durera-t-il ?

Retourner au travail, c'est "niet"

Un nouveau vote aura lieu mercredi, au lendemain de la mobilisation nationale, tous secteurs confondus, pour décider de la poursuite du mouvement. Mais à chaque prise de service, aujourd’hui encore, 90% des opérateurs de la raffinerie sont grévistes. Alors "retourner au travail", comme le demande la Première ministre, c’est "niet" pour le délégué syndical CGT Pierre-Yves Hauguel.

"On a une Première ministre qui s'obstine à ne pas vouloir entendre les indicateurs d'une grogne sociale qui risque de s'exprimer dans la rue dès mardi et qui risque de prendre une ampleur considérable."

Pierre-Yves Hauguel (CGT)

à franceinfo

Elisabeth Borne et Patrick Pouyanné, directeur de TotalEnergies, c’est, pour lui, le "même combat". Son collègue Ludovic Desplanches, élu CGT au CSE de l’entreprise, dénonce, lui aussi, un dialogue de sourds. "Ils n'ont pas compris nos attentes, déplore ce dernier. Il faut peut-être qu'ils se renseignent ou qu'ils viennent sur les piquets de grève. Quand on entend qu'on n'est que 150 à bloquer toute la France, c'est quand même fort de café. Malheureusement, le mouvement va continuer : on verra mercredi si le gouvernement et surtout notre direction, ont fait des avancées."

Impossible de dire, d’ici là, si la grève va se poursuivre au début des vacances scolaires. Il n’y aura, de toute façon, pas de retour à la normale avant la semaine prochaine, selon le ministre des Transports.

"Les réquisitions, ça peut tendre la situation"

Lundi matin, le dépôt TotalEnergies à Feyzin a été réquisitionné, mais les salariés de Gonfreville, comme la CGT, ne s’inquiètent pas vraiment d’être concernés à leur tour. "Les réquisitions peuvent changer la suite du mouvement, poursuit Ludovic Desplanches. Il peut peut-être se radicaliser, parce que les gens ne sont pas prêts à voir les forces de l'ordre venir les chercher chez eux pour reprendre le travail. Je pense que ça peut tendre la situation. Pour l'instant, Mme Borne a réquisitionné à droite à gauche. J'ai l'impression qu'elle ne sait pas sur quel pied danser, parce qu'on se doute que les réquisitions, ça ne fait pas plaisir au personnel."

Le mouvement pourrait donc se durcir si la direction ne revient pas à la table des négociations. Il serait dommage d’en arriver là, estime Arnaud Ruffray, chef d’équipe et délégué Force ouvrière : "Une fois que les stocks seront vides, si la production ne se met pas en route, le problème ne sera que décalé. Au final, cela devient très impopulaire et je ne sais pas si on a un réel bénéfice à aller jusque-là." "Mais si la plateforme de Normandie doit vivre une réquisition, conclut un autre délégué CGT, elle y est prête."

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