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Infographies Empreinte carbone, prix des billets, carte des lignes... Le retour des trains de nuit en France en trois étapes

De nouvelles lignes de train de nuit sont rouvertes depuis plusieurs mois en France. Quels sont leurs avantages ? Où se dessinent-elles ? Réponse en infographies.

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Un compartiment couchette dans un train de nuit reliant  Paris à Nice, le 20 mai 2021. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

"Les trains de nuit sont de retour", s'est félicité Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué au Transports. Plusieurs lignes ont redémarré en France en 2021 : Paris-Nice en mai, Paris-Lourdes il y a quelques jours ou encore Paris-Vienne (Autriche), mardi 14 décembre. Le gouvernement veut continuer sur cette lancée : "Je souhaite que nous ayons une dizaine de lignes nationales de train de nuit à l'horizon 2030", a ajouté Jean-Baptiste Djebbari.

Cela pourrait être une bonne nouvelle pour le bilan carbone de l'Hexagone, car si l'on compare plusieurs modes de transports, "pour un trajet donné, les émissions de gaz à effet de serre du train sont parmi les plus basses", commente auprès de franceinfo Marc Cottignies, ingénieur expert au service transports et mobilité de l'Agence de la transition écologique (Ademe). Empreinte carbone, prix, carte des lignes existantes… Trois arrêts, quatre minutes de voyage, voici le guide illustré des trains de nuit en France.

1Une empreinte carbone meilleure que l'avion, la voiture et le car

En France, les transports sont le secteur le plus émetteur en gaz à effet de serre, moteurs du réchauffement climatique, avec 132 millions de tonnes d'équivalent CO2 émises, soit 30% du total national en 2020, selon le ministère de la Transition écologique. Face à ce lourd bilan, le train de nuit apparaît comme une solution. "Par personne et par kilomètre, le train pollue huit fois moins que la voiture et 14 fois moins que l'avion", résume l'Ademe. Entre Paris et Nice, les émissions dues au trajet sont divisées par plus de 40 lorsqu'un passager préfère l'intercité – rames utilisées pour les trains de nuit – à l'avion ou la voiture thermique (plus de 95% des voitures en circulation en France en 2020). Le TGV affiche un meilleur bilan encore que le train de nuit. Une différence due aux "arrêts, aux caractéristiques techniques des trains, à la vitesse ou encore aux taux d'occupation" des intercités, précise Marc Cottignies.

Pour visualiser l'empreinte carbone de votre trajet de vacances ou quotidien, l'Ademe a mis en ligne le comparateur "Mon impact transport", qui permet de renseigner le nombre de kilomètres parcourus ou les points de départ et d'arrivée et de constater l'empreinte carbone des différents modes de transports envisagés.

Plus largement, selon une étude du gouvernement (document PDF) publiée en mai, "le report modal vers le train nuit permet de diminuer de 95% les émissions de CO2" liées aux trajets concernés. "Les voyageurs attendus dans les trains de nuit se reporteront majoritairement de l'avion et de la voiture, une partie d'entre eux venant de l'offre ferroviaire de jour existante et une partie (…) correspondant à des déplacements qui n'auraient pas été réalisés sans cette nouvelle offre", peut-on lire.

2Des lignes moins nombreuses qu'avant 1981

"En juillet 1981, 550 gares étaient desservies par au moins un train de nuit en France", rappelle le site Trains directs. Avec l'arrivée des TGV, la concurrence de l'avion, la baisse des investissements sur le réseau secondaire, les trains de nuit ont progressivement été supprimés, comme franceinfo l'expliquait dans cet article. Résultat : il ne reste que quatre lignes, toutes au départ de Paris, vers Briançon, Nice, Albi/Perpignan et Lourdes. C'est bien moins que nos voisins allemands, qui font circuler 12 trains de nuit (PDF en allemand), et italiens, avec 9 lignes (en italien), mais plus qu'en Espagne. "La pandémie a conduit [l'exploitant] Renfe à arrêter de nombreux services, et bien que certains reviennent, les trains de nuit ne vont pas redémarrer", écrit El País (en espagnol). A l'occasion de l'inauguration du train de nuit reliant Paris à Nice, le Premier ministre l'a reconnu : "Nous recréons, nous rouvrons ce soir des choses qu'on avait peut-être un peu trop rapidement sacrifiées."

Des lignes de train de nuit ont rouvert en 2021, alors que leur nombre était en baisse depuis les années 1981. (PIERRE-ALBERT JOSSERAND / FRANCEINFO)

La tendance a été similaire pour les voyages à travers l'Europe. En 1981, de nombreuses lignes de nuit traversaient les frontières, comme le rappelle le site Trains directs, avec des liaisons Paris-Madrid, Paris-Bucarest ou encore Paris-Varsovie. L'offre s'est peu à peu réduite comme peau de chagrin, avant de renaître en 2021. Un train entre Paris et Vienne a été inauguré mardi 14 décembre, un autre doit voir le jour pour rejoindre Berlin en 2023, a annoncé la SNCF. A ces destinations, le ministre des Transports français dit vouloir ajouter Madrid, Barcelone, Rome, Prague ou encore Copenhague.

3Un avantage (parfois) pour le porte-monnaie

A partir de 19 euros pour une place assise, 29 pour une couchette et 40 euros pour un espace privatif : tels sont les tarifs annoncés par la SNCF pour ses trajets en trains de nuit. Alors qu'en France, les lignes actuelles couvrent une distance de 540 à 690 km, le prix d'une place couchette est d'environ 2 à 7 fois plus intéressant que la voiture, pour un passager seul. Si l'on reprend l'exemple du Paris-Nice, le train reste aussi plus attractif financièrement que l'avion et autant que le bus.

Malgré cet avantage, le temps de trajet ne joue pas toujours en faveur de ces voyages nocturnes. S'il faut 12 heures et 19 minutes pour relier Paris à Nice en train de nuit, la voiture réduit cette durée à environ 9 heures (avec des variations dues aux conditions de circulation et sans compter les pauses nécessaires). Le TGV de jour relie les deux villes en 5 heures 41 minutes et l'avion met une heure et demie environ (sans compter le temps de transport pour rejoindre un aéroport parisien et passer la sécurité). Seul le bus est plus lent, avec en moyenne 13 heures de trajet. Mais la SNCF met en avant un voyage "à petit prix, tout en dormant" et sans embouteillages. De quoi raccourcir nettement le temps de trajet ressenti et économiser une nuit d'hôtel.

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