Crash du Rio-Paris : le pourvoi en cassation d'Airbus est "indécent", juge la présidente de l’association Entraide et Solidarité AF 447
"Airbus sortirait grandi en acceptant de s'expliquer devant un tribunal", a réagi sur franceinfo Danièle Lamy, qui a perdu son fils dans le crash en 2009.
Le renvoi en correctionnelle d'Air France et d'Airbus pour "homicide involontaire" décidé par la cour d'appel de Paris est "une immense satisfaction", a réagi mercredi 12 mai sur franceinfo Danièle Lamy, présidente de l’association Entraide et Solidarité AF 447 et mère de l’une des 228 victimes de l’accident du vol Air France entre Rio et Paris en 2009. "Ça fait 12 ans que nous attendons." Dans ce contexte, Danièle Lamy juge la décision d’Airbus de se pourvoir en cassation "indécente".
franceinfo : Vous avez perdu votre fils dans cette catastrophe. Cette décision de la cour d’appel est un soulagement pour vous ?
Danièle Lamy : Absolument, c'est une immense satisfaction. Les 228 familles ont attendu que la justice se décide enfin, à renvoyer en correctionnelle et Airbus et Air France. Ça fait 12 ans que nous attendons. 12 ans pendant lesquels nous ne nous sommes jamais résignés. Parfois nous étions assez déçus par les décisions prises soient par les experts judiciaires, soit par les magistrats. Mais enfin, on est entendus. Et c'est pour ça que on trouve indécent qu'Airbus se pourvoie en cassation. Cela a déjà été une épreuve pour les familles des victimes que d'avoir une instruction qui dure 12 ans. Mais Airbus se pourvoit en cassation, pour encore gagner du temps, pour encore essayer d'échapper à la justice alors que finalement, s'il n'a rien à se reprocher, il n'a rien à craindre de la justice. Airbus sortirait grandi en acceptant de s'expliquer devant un tribunal.
Qu'attendez-vous du procès s'il a lieu ?
On attend que toutes les familles puissent participer à ce procès, que ce procès nous permette de savoir ce qui s'est réellement passé, que ce procès nous permette de savoir pourquoi l'accident n'a pas été évité alors qu'on connaissait la dangerosité des sondes précédemment. Bref, les pilotes n'auraient jamais dû se retrouver dans une telle situation et effectivement, pour nous, le procès est indispensable. Il faut savoir qu'il y a 32 nationalités qui sont représentées dans ce drame et ce procès aura un retentissement international.
Ça serait insupportable pour vous qu'on vous dise : il n'y a aucune responsabilité ayant conduit à cette tragédie ?
On acceptera la justice mais pour le moment, nous souhaitons qu'Airbus et Air France s’expliquent. Ils expliqueront ce qu'ils n'ont pas fait. Ils expliqueront les négligences. Ils expliqueront pourquoi il y a eu, et ils étaient au courant, entre 2003 et 2009, 22 incidents de givrage des sondes Pitot, dont 18 entre mai 2008 et avril 2009. Pourquoi Airbus est arc-bouté sur ces statistiques ? Pourquoi il n'a changé que trois mois après le crash ? Airbus et Air France doivent répondre. Le plus terrible serait de ne pas avoir de procès. Un procès sera difficile mais ce que l'on vit depuis douze ans, être dans l'attente d'un procès, être dans d'incertitude, ne jamais rien lâcher, être toujours sur le pont pour essayer de trouver des explications, de comprendre ce qui s'est passé... On se repasse dans la tête tout ce qui s'est passé et pour le moment, seuls Airbus et Air France peuvent nous l'expliquer. Et c'est pour ça qu'il nous faut un procès.
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