Avec Joon, "Air France veut reprendre pied sur toutes les destinations européennes et le long courier"
En lançant Joon lundi, sa nouvelle compagnie aérienne à bas coûts, Air France cherche à diversifier sa clientèle et à se positionner sur "un marché qui prospère", analyse Pascal Perri, économiste spécialiste low cost.
Air France a annoncé, lundi 25 septembre, le lancement de sa nouvelle filiale low cost, Joon, pour le 1er décembre. L'enjeu pour cette Air France, est de reprendre la main "sur les destinations européennes et sur le long courrier", explique Pascal Perri, économiste spécialiste du low cost, auteur notamment de Toujours moins cher : low cost, discount et cie (édition de l'Atelier, 2006).
franceinfo : Comment analysez-vous la stratégie d'Air France ?
Pascal Perri : La bataille sur le low cost est déjà jouée. Malgré tout, Air France veut reprendre pied sur les destinations européennes et sur le long courrier, notamment touristiques, balnéaires pour certaines. L'enjeu était de modifier un peu le modèle économique. Air France est une vieille dame, une entreprise un peu statutaire. L'idée est de gagner de la productivité : 15% de coûts de productions sur les moyen-courriers, 18% sur les longs courriers. Air France veut ainsi proposer un service plus moderne à destination d'une clientèle sensible aux prix mais aussi au contenu. C'est un peu ce que recherchent les jeunes aujourd'hui. C'est un modèle hybride, "un low cost homéopathique". C'est bien qu'Air France se positionne sur ce terrain.
Comment fait-on pour faire du low cost quand on propose, par exemple, du bio sur les vols ?
On utilise d'abord les bonnes machines. Ce sont des avions qui offrent des modèles de consommation par tête qui sont inférieurs. On va aussi simplifier le service, 'l'optionaliser'. Ce ne sera pas forcément offert mais vendu. Quand on achète un billet d'avion, on achète un siège du point A au point B. Il y a des choses qui seront en plus. Internet offre également des outils pour désincarner la vente, il y a donc de nombreux leviers sur lesquels on peut jouer pour faire baisser les prix.
Air France risque-t-elle de faire concurrence à ces propres vols ?
Le transport aérien est en croissance. L'enjeu pour Air France est de participer à ce marché qui prospère. Joon va rationner son offre au marché pour ne pas cannibaliser l'offre historique d'Air France mais élargir le marché, en apportant quelque chose de nouveau, de moins cher, d'un peu décalé, d'amener des gens qui étaient exclus du transport aérien ou de les détourner de vols low cost d'autres compagnies.
Air France est en retard sur ce marché, elle peut réellement être dans la course ?
Sur le low cost intra-européen, la réponse, à mon sens, à court terme, est non. Il faudrait beaucoup investir. Là, on aura 28 avions. Chaque année, Ryanair transporte 110 millions de passagers [et la compagnie revendique plus de 300 avions en exploitation]. Easyjet a trouvé sa place, donc Air France propose une nouvelle offre pour participer à ce marché. De là à rattraper les acteurs historiques du low cost, ce sera très compliqué, très long, mais c'est un premier pas et une bonne nouvelle, selon moi.
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