Air France :"Il serait aberrant que l'Etat remette en place un PDG avec les mêmes lignes politiques et stratégiques", estime la CGT
Vincent Salles, secrétaire général de la CGT-Air France, réagit samedi sur franceinfo à la démission vendredi du PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac.
Alors que Jean-Marc Janaillac a annoncé vendredi démissionner de son poste de PDG d'Air France après que les salariés de la compagnie aérienne ont rejeté son projet d'accord salarial, Vincent Salles, secrétaire général de la CGT-Air France, estime samedi 5 mai sur franceinfo qu'il "serait aberrant que l'État remette en place un PDG avec les mêmes lignes politiques et stratégiques".
Franceinfo : Regrettez-vous ce matin de ne plus avoir de PDG, ou estimez-vous que c'est un succès pour les organisations syndicales comme la vôtre ?
Vincent Salles : Ce sont les 50 000 salariés qui font tourner l'entreprise, les pistards, les hôtesses, les pilotes, les mécaniciens, et pléthore de métiers à Air France qui font tourner la compagnie, ce n'est pas le PDG. C'est donc d'abord aux salariés qu'il faut penser, et les salariés ont clairement dit à M. Janaillac qu'ils ne voulaient pas de son accord, qu'ils voulaient, comme le demandent leurs représentants syndicaux, 6% de rattrapage de salaire. Les salariés ont validé leurs représentants, parce que finalement M. Janaillac a voulu contourner les syndicats à travers cette consultation. Les salariés ont réaffirmé que leurs représentants les représentaient clairement, et comme il faut. Maintenant, il faut que la direction se mette à la table des négociations.
Jean-Marc Janaillac parle de "gâchis", vos collègues de la CFDT sont plus pessimistes que vous. Ne considérez-vous pas ce matin qu'Air France – KLM est un peu plus plongé dans une crise ?
La crise, c'est M. Janaillac qui l'a amenée. Ils ont préféré brûler 300 millions d'euros dans la grève plutôt que d'investir 240 millions d'euros dans leurs salariés. C'est quand même hallucinant ! Maintenant, il reste M. [Franck] Terner, qui est directeur général d'Air France, et qui a toute latitude pour la négociation sur la base des revendications qui sont portées par l'intersyndicale et les salariés.
Le préavis de grève de lundi et mardi est-il maintenu ?
Les préavis sont maintenus. Maintenant, la balle est dans le camp de la direction. Elle a toute latitude pour mener une autre politique, parce que, ce que les salariés disent aussi à travers la consultation et le "non", c'est qu'ils ne veulent plus de la politique d'austérité qui a mis à mal la compagnie et leurs conditions de travail.
Ne craignez-vous pas que les pertes financières dues à la grève se traduisent par de nouvelles suppressions de postes, ou une nouvelle austérité ?
S'ils continuent à mener une politique d'austérité dans la compagnie, ce serait à l'encontre de ce que viennent de voter les salariés, ce serait hallucinant qu'ils aillent là-dessus. Les salariés ont dit qu'ils ne voulaient plus de la croissance hors Air France, et sans les salariés.
Selon vous, est-ce que l'État, qui possède toujours 14% du capital d'Air France, doit intervenir, et comment ?
Ça fait longtemps que nous demandons à l'État d'intervenir, qui regarde la compagnie nationale de loin, qui remet en place des PDG lorsque c'est nécessaire. Bien sûr que l'État a quelque chose à dire, mais il faut surtout écouter les salariés. Il serait aberrant que l'État remette en place un PDG avec les mêmes lignes politiques et stratégiques, ce serait incompréhensible.
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