: Vidéo Gilets jaunes : un rapport de 2016 prémonitoire ?
Depuis deux semaines avec le grand débat, l’Élysée écoute les doléances des Français. Parmi elles : plus de pouvoir d’achat et des carburants moins chers. Ces revendications, l'exécutif les connaît depuis longtemps : il y a deux ans, elles étaient déjà compilées dans un rapport, publié par En Marche, après un porte-à-porte dans tout le pays. Voici l’histoire de Français bien écoutés mais mal entendus...
En mai 2016, pour préparer la présidentielle, Emmanuel Macron lance la “Grande Marche” : 5 000 volontaires à la rencontre des Français pendant trois mois. Il en ressort une synthèse : “La France qui subit”, 176 pages que nous avons relues.
Page 59, il était, par exemple, déjà question de voiture : “Beaucoup d’entre nous vivons loin de l’endroit où nous travaillons. Cela nous coûte très cher !” Page 67, un Français se plaignait aussi des charges et de la fiscalité : “Je crains que l’intégralité de mon salaire ne serve qu’à payer des factures, loyer, impôts...”
Autant de revendications martelées par les "Gilets jaunes" deux ans plus tard sur les rond-points et ailleurs... Alors la “Grande Marche” : trois mois d’écoute pour rien ?
"C'est un constat d'échec" (Auguste Pineau, militant LREM)
À Loudun (Vienne), nous avons retrouvé l’un de ces "marcheurs" de la première heure. Auguste Pineau, animateur du comité local de La République en Marche (LREM), s’était lancé à fond dans ce porte-à-porte il y a deux ans. "Nous sommes passés dans la moitié des immeubles de ce quartier”, se souvient-il.
Aujourd’hui, en refrappant aux portes des habitants de ce quartier, le rapport entre les mains, l’impression de “déjà-entendu” est tenace. Page 70 dans le rapport de 2016, à propos du “pouvoir d'achat", ce jugement : "Ça ne s’améliore pas.”
En 2019, même constat. “La vie est plus chère qu’il y a deux ans, estime cette riveraine. “C’est la retraite qui ne suit pas, et tout qui augmente !”, dénonce cette retraitée.
Alors quand Auguste, qui reste un fervent macroniste, relit la synthèse de 2016, il ne cache pas sa frustration. “Ça ne me met pas forcément à l’aise, il faut être clair, admet-il. C’est un constat d’échec. Mais ça me fait mal de le dire vu l’investissement que j’ai consacré et que nous avons consacré.”
"Il faut qu'on accélère" (Stanislas Guérini, délégué général LREM)
Et les cadres de LREM, pensent-ils avoir raté quelque chose ? Ce soir-là, plusieurs d’entre eux, membres actifs de la campagne présidentielle, s’étaient donnés rendez-vous à Paris pour une réunion publique. Ils le promettent : cette “France qui subit” est leur priorité. “On ne peut pas régler en un an et demi des problèmes qui perdurent depuis des générations, mais aujourd'hui on s’y attelle fortement, assure Marlène Schiappa, secrétaire d'État en charge de l'Égalité Femmes-Hommes. Je n'ai pas de regrets par principe, mais ça nous fait travailler deux fois plus.”
Le nouveau délégué général du parti, Stanislas Guérini, esquisse, lui, un début de mea culpa. “Je pense que les Français sont en attente de résultats plus rapides, qu’il faut qu’on accélère, estime Stanislas Guérini. La suite du mandat c’est beaucoup plus avec les Français qu’on doit l’écrire.”
Ça tombe bien, c’est justement l’idée du grand débat national en cours. Conclusions attendues en avril. Encore un rapport qu’on lira, et relira, avec attention...
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