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Pour le rappeur Rost, "les 'gilets jaunes' sont l'autre banlieue de la France"

Alors qu'Emmanuel Macron se rend lundi en Essonne pour rencontrer les élus et les associations de banlieues, le rappeur, producteur et écrivain Rost estime que les revendications des "gilets jaunes" sont ce que ses habitants réclament depuis des années.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Le rappeur et producteur Rost, le lund 4 février 2019 sur franceinfo. (FRANCEINFO)

"Les 'gilets jaunes' sont l'autre banlieue de la France", a estimé lundi 4 février sur franceinfo le rappeur, producteur et écrivain Rost, alors qu'Emmanuel Macron se rend cet après-midi à Evry-Courcouronnes en Essonne pour rencontrer les élus et des membres du monde associatif. "Je pense que l'après 'gilets jaunes' sera dans les banlieues", a prédit celui qui est aussi président de l’association "Banlieues Actives" : "Qu'on mette en œuvre ce qui a déjà été proposé avant de nous enfumer avec un nouveau débat."

franceinfo : Les banlieues ont-elles été les oubliées du grand débat ?

Rost : Oui, mais ce n'est pas étonnant avec ce qui se passe avec les "gilets jaunes" : les "gilets jaunes" sont l'autre banlieue de la France. Dans le fond, ce que revendiquent les "gilets jaunes", c'est ce que revendiquent les gens qui vivent dans les banlieues depuis des années. Sauf que quand ce sont les banlieues qui l'expriment, on estime que ce sont des voyous, des casseurs de voiture, alors que quand ce sont les "gilets jaunes", c'est autre chose. C'est ce qu'on appelle "la France d'en bas", comme l'avait qualifiée Jean-Pierre Raffarin. Cette France d'en bas, la banlieue aussi en fait partie. Il n'y a pas eu de convergence parce qu'il y a eu toute cette communication qui a été faite avec quelque chose qui n'était pas très clair dans le mouvement des "gilets jaunes", avec des revendications assez diverses et variées. Mais je pense que l'après "gilets jaunes" sera dans les banlieues.

Les habitants de ces banlieues ont-ils envie de participer à ce grand débat ?

Sincèrement, je pense que la plupart des gens s'en foutent. Dans les quartiers en tout cas, ils s'en foutent complètement. Combien de fois a-t-on dit qu'il fallait ouvrir le débat ? Le gouvernement est en train de gagner du temps par rapport à ce qu'il se passe aujourd'hui. Ils essaient aussi de voir comment ils peuvent un peu tuer ce mouvement des "gilets jaunes", parce que personne ne sait comment ça va s'arrêter. Donc c'était assez habile d'ouvrir ces débats-là avec les gens qu'on a exclu à l'arrivée du pouvoir, à savoir les maires et les corps intermédiaires. Aujourd'hui, le gouvernement se rend compte que c'était une erreur de "squeezer" toutes ces personnes-là.

Les élus locaux des banlieues vont faire part de leurs doléances à Emmanuel Macron. Ce n'est pas une manière de retrouver la voix pour les gens qui ont été exclus selon vous ?

J'avais entendu le discours du président de la République, quand il était dans le Nord, sur la banlieue. J'ai trouvé que c'était très bien, énergique. Ça m'a rappelé un moment où je faisais une campagne présidentielle d'un précédent président [François Hollande], avec des choses intéressantes dans le discours. On nous a demandé de travailler dans la commission Borloo, on nous a pressés pour faire un vrai travail pendant quelques mois, ça a été très très intense, et au final on a été humiliés à l'Elysée lors de la remise du rapport. Et ça, pour beaucoup de gens qui sont dans les quartiers, qui travaillent sur ces sujets-là depuis des années, ça a été quelque chose de très mal vécu. Ça a été vécu comme une violence à l'égard de nos quartiers et à l'égard des gens qui portent la voix de nos quartiers (…) Qu'on mette en œuvre ce qui a déjà été proposé avant de nous enfumer avec un nouveau débat.

Quelle est la solution ?

Une chose sur laquelle le gouvernement travaille pas mal en ce moment, que je salue d'ailleurs, c'est la question de l'éducation. L'éducation, c'est la base. Mais il y a aussi la formation, et ensuite l'emploi. On ne peut pas non plus occulter le logement, l'environnement dans lequel les gens évoluent. La considération qu'on leur porte, aussi, à travers les médias ou les politiques. Et la question de la représentativité sur laquelle, même si on a progressé un peu, il reste quand même énormément de boulot à faire. Que chacun des ministres prenne sa part de responsabilité. Qu'il y ait une collaboration étroite avec les gens du terrain qui ont toujours travaillé sur le sujet. Pas mal de maires sont montés au créneau, pas mal d'associations aussi. Les associations sont les premiers remparts aux maux de notre société. Il faut leur faire confiance, ce sont elles qui sont au contact permanent des gens.

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