"On va essayer de se calfeutrer du mieux qu’on peut" : les commerçants des Champs-Élysées se préparent à la mobilisation des "gilets jaunes"
De nombreux commerçants de l’avenue parisienne vont fermer leur boutique samedi pour éviter au maximum les dégradations.
Face à la nouvelle mobilisation des "gilets jaunes" samedi 8 décembre, des commerçants des Champs-Élysées, à Paris, vont laisser leur rideau baissé, comme la préfecture de police le leur a demandé. Même si fermer boutique un samedi, à 15 jours de Noël, est une hérésie pour un commerçant, la plupart ont pris leur décision : "Je tire le rideau et je compte sur la chance pour ne pas être cassée. Je sais bien que c’est compliqué, mais là on est pris en otage, on subit. Nos charges vont tomber et on n’aura pas fait notre chiffre. C’est encore les petits qui trinquent", se désole cette professionnelle.
Un de ses confrères sur l’avenue explique son dispositif : "La boutique sera fermée avec les grilles et le magasin sera vide. On redoute le pire, c’est-à-dire des affrontements, des dégradations, des blessures. Ici on est dans le triangle d’or, c’est une clientèle privilégiée qui est en train d’annuler ses voyages à Paris, les hôtels et les magasins vont se vider."
On va mettre toute la marchandise dans les réserves et au sous-sol.
Un commerçant des Champs-Élyséesà franceinfo
"On va essayer de se calfeutrer du mieux qu’on peut en se faisant tout petit et en essayant de passer à travers, confie ce commerçant. On renforce les vitrines avec des protections particulières. Vues les violences qui se sont passées ces derniers temps, ça nous inquiète beaucoup. Nous sommes uniquement des commerçants et on n’est pas préparé à ce genre de délinquance. En plus de ça, on ne comprend pas pourquoi on s’attaque comme ça aux commerçants du quartier."
Une situation inédite
Cet appel à fermer, c’est du jamais vu : "Moi je n’en ai pas souvenir", affirme le président de la chambre de commerce de Paris, Dominique Restino. "C’est assez catastrophique, ce sont environ 300 commerces qui sont touchés, pour deux tiers assez fortement, avec les vitrines complètement cassées, des dégâts importants. Pour un tiers, c’est un peu moins grave, avec des tags ou de la peinture", relate-t-il.
Les dégâts sont matériels, mais pas seulement, d’où un accompagnement psychologique également. "On a travaillé avec la fédération française d’aide aux victimes pour pouvoir apporter aussi un soutien à ceux qui ont été traumatisés les deux derniers weekends", détaille Olivia Polski, adjointe à la maire de Paris chargée du commerce. "Il y en a qui ont été confinés longtemps, qui ont assisté au pillage de leur boutique. Il y a des endroits où ça a été d’une très grande violence. Moi j’ai une inquiétude, c’est qu’il y ait des petits commerçants qui veulent se protéger des pillages et qui s’exposent eux-mêmes pour pouvoir défendre leur boutique. Je leur recommande la plus grande sagesse", insiste-t-il.
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