"On a parlé d'un tournant du quinquennat, c'est tout juste une étape" : les réactions politiques après le discours d'E. Macron
Après la conférence de presse donnée par le président de la République jeudi soir, les réactions politiques se mutiplient sur franceinfo.
Deux heures et demie d'une conférence de presse présidentielle, donnée jeudi 25 avril au palais de l'Élysée. Emmanuel Macron devait apporter des réponses au grand débat national, pour tenter de mettre fin à la crise des "gilets jaunes". Mais ses propositions n'ont pas convaincu tout le monde, notamment à gauche.
La gauche fustige l'absence de "réponse sérieuse" et de changement
"Franchement, il n'y a pas de réponse sérieuse, concrète", a réagi jeudi sur franceinfo le sénateur Rachid Temal. "Il y a un mot tabou : le mot salaire. Une heure de discours présidentiel et la principale question qui intéresse les Français, à savoir leur salaire… pas un mot, pas prononcé. Il est totalement déconnecté des réalités", a estimé le socialiste.
"Le président nous annonce qu'il découvre le pays (...) et qu'il ne changera rien. Il n'y a pas de réponse sérieuse", juge Rachid Temal, sénateur PS pic.twitter.com/np0U4c2TKF
— franceinfo (@franceinfo) 25 avril 2019
"On a dépensé 15 millions pour un grand débat qui n'était ni grand, ni débat, pour qu'en conclusion... aussi peu de choses", a commenté le député La France insoumise Alexis Corbière.
"Le pays est dans un état de grandes turbulences, on a dépensé 15 millions d'euros pour un grand débat, pour comme conclusion, aussi peu de choses", déplore le député LFI Alexis Corbière pic.twitter.com/7ni3a9L96h
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"J'ai l'impression quand même d'un immense gâchis et d'une occasion ratée, a déclaré le secrétaire national d'Europe Écologie Les Verts David Cormand, parce qu'il faut se rappeler, quand même, d'où vient cette conclusion : c'est suite à un grand débat. Ce grand débat, il a été imposé par un mouvement social, celui des 'gilets jaunes' (...). Or, en réalité - et ça a été dit d'ailleurs par l'ensemble des parlementaires La République en marche - suite à ces interventions, (...) on ne change pas de cap."
Ecologie : "On va faire peser ça sur 150 citoyens qui vont devoir résoudre des problèmes identifiés, alors que des ONG existent", dénonce le porte-parole d'EELV David Cormand. pic.twitter.com/0TP4HtDU6o
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"Tout ça pour ça !" Yannick Jadot, qui conduit la liste EELV pour les élections européennes, parle d'une "incroyable frustration par rapport à l'action écologique". "Le seul sujet de ce président et de sa majorité, c'est de reporter en permanence toute décision, toute action en matière de lutte contre le dérèglement climatique, en matière de lutte pour la biodiversité, pour la santé", a-t-il accusé.
Les Républicains et le Rassemblement national déçus
À droite non plus, le discours du président n'a pas fait l'unanimité. "Il a tellement sur-scénarisé le grand débat pendant plusieurs mois que tout le monde se disait : 'quand il va enfin s'exprimer on va sortir des grandes déclarations et on va rentrer dans le concret'. Ça n'a pas été le cas ce soir, a déploré le sénateur Les Républicains Roger Karoutchi. Franchement, Emmanuel Macron aurait pu copier sur le thème 'tout ça pour ça'". "On a parlé d'un tournant éventuel du quinquennat. C'est tout juste une étape, et une étape médiatique, pas une étape politique."
Le sénateur LR est notamment revenu sur la réindexation des retraites sur le niveau de l'inflation : "Mais enfin, qui est-ce qui a désindexé ? Qui est-ce qui a augmenté de manière considérable la CSG sur les retraités ? C'est bien Emmanuel Macron. Donc, c'est la correction d'une erreur de son gouvernement."
Retraite réindexée : "C'est la correction d'une erreur de son gouvernement", estime Roger Karoutchi pic.twitter.com/m06UfLMinN
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"Les intentions sont louables, la direction est bonne", reconnaît le député LR de l'Essonne, Robin Reda, invité de franceinfo. Sauf qu'on voit bien que, aujourd'hui, Emmanuel Macron reporte devant lui les difficultés principales : l'endettement massif de la France, le déficit budgétaire excessif… et je comprends mal comment on peut annoncer à la fois dans une conférence de presse une baisse d'impôts de plusieurs milliards, des réindexations des retraites, du maintien de services publics, le maintien de l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans, et finalement faire fi de toutes les réformes de structure importantes et difficiles que l'on nous avait vendues ces deux dernières années", explique-t-il.
"Il a passé deux heures à leur expliquer [aux Français] qu'il ne changerait rien", a aussi réagi sur franceinfo Laurent Jacobelli, délégué national du Rassemblement national. Julien Sanchez, porte-parole du RN, ne dit pas autre chose : "C'était insupportable à regarder. On s'attendait à des choses concrètes, on a eu du blabla comme d'habitude (...) On renvoie tout aux calendes grecques, on ouvre des pistes, des chantiers... Cinq mois pour ça, franchement ce n'est pas terrible."
La majorité satisfaite
"Il y a des mesures immédiates, concrètes, pour [remédier à] un certain nombre d'injustices flagrantes", a affirmé au contraire le député apparenté Modem Bruno Fuchs. "Moi, j'ai entendu un discours qui était extrêmement clair, précis, engagé, et qui dresse l'ensemble des grands chantiers qu'il va falloir résoudre dans les années à venir", a salué l'élu du Haut-Rhin.
"J'ai entendu un discours clair et précis sur les grands chantiers des années à venir", juge Bruno Fuchs, député apparenté Modem pic.twitter.com/zqfeSVIFth
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"Je pense que ce qui était très important dans cette introduction, c'était de dire 'on ne change pas de cap', a assuré sur franceinfo Marie Lebec, députée LREM des Yvelines, parce que, d'un point de vue macroéconomique, la France va bien. Elle attire plus d'investissements en 2018 qu'en 2017. La croissance est bonne par rapport à nos partenaires européens, et, donc, il y a un cap à garder (...)."
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