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Mobilisation en baisse, tensions, minutes de silence... Ce qu'il faut retenir de "l'acte 5" des "gilets jaunes"

La mobilisation est en baisse au cinquième grand rendez-vous des "gilets jaunes". Les tensions et les interpellations sont aussi moins nombreuses que la semaine dernière.

Article rédigé par franceinfo
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Des manifestants "gilets jaunes", le 15 décembre 2018 dans le centre de Lyon. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

Une journée-test, après les annonces d'Emmanuel Macron pour tenter de trouver une issue à la crise. Des "gilets jaunes" ont poursuivi blocages et manifestations, samedi 15 décembre, lors du cinquième samedi de mobilisation nationale contre l'augmentation des prix des carburants et la perte de pouvoir d'achat. Quelque 69 000 forces de l'ordre ont été mobilisées dans toute la France samedi, dont 8 000 à Paris, appuyées par 14 véhicules blindés à roues de la gendarmerie. Mais dans l'ensemble, la mobilisation a été moins suivie et moins violente que les précédents samedis. Retour sur cet "acte 5" du mouvement. 

Une mobilisation en baisse...

Au total, le ministère de l'Intérieur a recensé 66 000 manifestants dans toute la France, samedi. Soit deux fois moins que les 126 000 de la semaine dernière. Peu avant 15 heures, 33 500 manifestants étaient comptabilisés dans toute la France par le ministère de l'Intérieur. Seules 2 200 étaient recensées à Paris, contre 10 000 il y a une semaine. 

La mobilisation était aussi en recul dans plusieurs villes comme à Lyon, Rennes, Caen, Strasbourg, Toulouse. A Bordeaux, quelque 4 500 "gilets jaunes" (soit deux fois plus qu'à Paris) ont défilé, un chiffre quasi-similaire à la semaine dernière. La mobilisation "est un peu un échec, mais c'est à cause de l'État qui nous empêche de manifester correctement", "qui n'arrête pas de faire peur", estime Lucie, une aide-ménagère de 35 ans venue de Melun (Seine-et-Marne) pour manifester dans le quartier parisien de l'Opéra. Mais "le mouvement est là, on va rester, on est déterminé", a-t-elle assuré à un journaliste de l'AFP.

... tout comme le nombre d'interpellations

De nombreux contrôles de police ont de nouveau eu lieu en amont sur les routes, dans les gares et les transports en commun menant vers Paris, samedi dans la matinée. La semaine dernière, près de 2 000 personnes avaient été interpellées, un record. Mais à 17 heures, il n'y avait eu à Paris "que" 136 interpellations, dont 96 gardes à vue, alors que les manifestations prenaient fin. Un chiffre bien en deçà des 673 interpellés, dont 551 gardés à vue, annoncées la semaine dernière à la fin de la journée.

A 18 heures, le chiffre national des interpellations n'était pas encore connu.

Des manifestations beaucoup moins violentes, malgré quelques tensions

Les manifestations se sont déroulées, la plupart du temps, dans le calme. Ce fut notamment le cas sur les Champs-Elysées, à Paris, alors que de violents affrontements s'étaient déroulés sur l'avenue les samedis précédents. "Quelques personnes avec des gilets jaunes" ont été signalées dans ce secteur, tôt le matin, avant de se disperser sans heurts dans les quartiers aux alentours. Preuve de la situation maîtrisée, plusieurs boutiques sont restées ouvertes sur les Champs-Élysées, fréquentées par les clients, notamment des touristes, qui se faufilaient entre les manifestants. La plupart des magasins étaient néanmoins fermés et barricadés.

Plusieurs centaines de "gilets jaunes" se sont réunis en parallèle sur les marches de l'opéra Garnier, à Paris, samedi matin, scandant des slogans tels qu'"Emmanuel Macron, tête de con, on vient te chercher chez toi !" Quelques tensions sont toutefois apparues à partir du milieu d'après-midi à Paris. Environ 500 "gilets jaunes" ont investi l'avenue des Champs-Elysées, quadrillée par un important dispositif de sécurité. Des forces de l'ordre, encerclées, sifflées et parfois caillassées, ont répliqué par des tirs de balles de défense et de grenades lacrymogènes pour repousser des "gilets jaunes". 

Des tensions sont apparues à Toulouse, où des affrontements ont eu lieu en fin d'après-midi dans le centre-ville. Le secteur du Capitole et le marché de Noël ont été bouclés par les forces de l'ordre. A Bordeaux, plusieurs centaines de personnes ont forcé leur chemin et ont fait irruption derrière la cathédrale, à deux pas des grilles de la mairie, alors que le cortège avait traversé la ville sans violence. Comme à Paris et à Toulouse, des canons à eau ont été utilisés par les forces de l'ordre pour disperser les manifestants. Les protestataires ont de leur côté jeté des projectiles divers, des bouteilles ou feux d'artifice en tir tendu. Au total, 27 personnes ont été placées en garde à vue pour jets de projectiles ou port d'armes prohibées, selon la préfecture. 

A Nantes, un policier a été "blessé" par des "jets de projectiles", a annoncé la préfecture de police de Loire-Atlantique. Dans la ville, cinq manifestants ont été interpellés, sur les quelque 1 200 personnes qui ont défilé dans une certaine tension, alimentée par des salves régulières de grenades lacrymogènesDes tensions étaient aussi présentes à Avignon (Vaucluse), et à Besançon (Doubs), indique France Bleu.

Plusieurs minutes de silence à travers la France

Des manifestants ont observé plusieurs minutes de silence à travers la France, comme à Marseille, à Toulouse ou encore à Rennes, en hommage aux victimes de Cherif Chekatt et aux "gilets jaunes" "tombés" lors des barrages. 

Une performance artistique à Paris

En pleine manifestation sur les Champs-Elysées, cinq femmes, vêtues d'un haut rouge et d'un bonnet phrygien, et dénudées pour représenter des statues de Marianne, ont pris la pose devant les forces de l'ordre, avenue des Champs-Elysées. Contrairement à ce qu'indiquaient certains médias et internautes, il ne s'agit pas d'une action des Femen, ces militantes féministes habituées des happenings dénudés, mais d'une action menée par Deborah de Robertis, une artiste luxembourgeoise connue pour ses performances dénudées dans les musées.

Des femmes déguisées en statues de Marianne, le 15 décembre 2018, lors d'une manifestation sur les Champs-Elysées, à Paris. (ZAKARIA ABDELKAFI / AFP)

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