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Lettre aux Français : les associations déçues car "il n'y a rien sur la pauvreté, les sans-abri, le mal-logement"

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Article rédigé par franceinfo
Radio France

Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité, témoigne lundi sur franceinfo de sa déception après la publication de la lettre aux Français qu'Emmanuel Macron a adressé aux citoyens dimanche et qui n'intègre pas suffisament la question sociale.

"Les Français les plus pauvres sont aujourd'hui les perdants de ce débat national", a déclaré lundi sur franceinfo, Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (FNARS) qui rassemble 850 associations et organismes de lutte contre l'exclusion. Le président de la République publie dans la presse et sur Internet sa "lettre aux Français", pour les appeler notamment à participer au grand débat national. "Il y a une déception sur le contenu de cette lettre, sur l'absence de la question sociale, du pouvoir d'achat des personnes les plus pauvres, déplore Florent Gueguen, il n'y a rien sur la pauvreté, rien sur les sans-abri, le mal-logement".

franceinfo : Les associations entendent-elles être au cœur de ce grand débat national ?

Florent Gueguen. Nous allons y participer activement, même s'il y a une déception sur le contenu de cette lettre, sur l'absence de la question sociale, du pouvoir d'achat des personnes les plus pauvres. Il n'y a rien sur la pauvreté, rien sur les sans-abri, le mal-logemen. Nous avions indiqué après les propositions du président de la République le 10 décembre qu'il y avait un certain nombre de mesures positives, pour les salariés modestes mais que pour les plus pauvres, les chômeurs de longue durée, les allocataires du RSA, il n'y a pas eu d'annonces jusqu'à présent concernant l'amélioration des conditions de vie et du pouvoir d'achat.

Tout cela n'était-il pas dans l'annonce du plan-pauvreté du gouvernement ?

Ce plan pauvreté qui comportait un certain nombre de bonnes mesures passait aussi à côté de la question des plus pauvres, des grands exclus, des personnes qui vivent avec 500 ou 600 euros par mois et qui subissent les augmentations de la vie, les dépenses concernant l'énergie. Ces personnes subissent aussi les baisses d'allocations, celle des APL, la désindexation d'un certain nombre de prestations sociales. Ce sont plusieurs millions de Françaises et de Français les plus pauvres qui sont aujourd'hui les perdants de ce débat national, en tout cas en termes de pouvoir d'achat. Malgré tout, nous allons nous emparer de ce thème. Pour nous, la priorité, c'est que ces personnes les plus pauvres que nous accompagnons puissent participer à ce débat. Ces personnes sont souvent exclues des formes de débat public et médiatique. Nous allons organiser des groupes de parole, des forums, des réunions pour accompagner et porter la parole des plus pauvres dans les cahiers de doléances sur la plateforme nationale, sur celles qui sont mises en ligne par les collectivités locales. Nous allons inciter les personnes qui ne prennent jamais la parole et qui n'ont pas été entendues par l'exécutif jusqu'à ce jour et porter leurs propositions. Notre priorité sera de donner une expression à ceux qui n'ont jamais la chance de s'exprimer.

Emmanuel Macron ferme la porte à un retour de l'ISF dans cette lettre. Mais selon vous, sa suppression pénalise les associations avec une baisse importante des dons défiscalisés. Sur ce point vous comptez ne pas lâcher ?

Depuis le début de l'année 2019, toutes les grandes associations nationales qui font appel à la générosité du public ont vu leurs dons diminuer parfois très fortement à cause notamment de la suppression de l'ISF. Nous considérons qu'il faut des outils de redistribution. La question fiscale reste posée dans la lettre aux Françaises et aux Français. Nous allons aussi formuler des propositions pour faire en sorte qu'on puisse réduire les inégalités, financer la protection sociale. La création notamment d'impôts pour les plus riches permet de financer les politiques sociales et indirectement les associations, c'est ce que montre la suppression de l'ISF avec des baisses de dons de plusieurs dizaines voire de centaines de millions d'euros en moins pour les associations de solidarité.

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