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Grand débat national : "Chaque fois qu'on nous a vendu la démocratie participative, on n'a jamais su ce qui était retenu"

Le spécialiste de la communication politique Arnaud Mercier alerte sur les conséquences négatives qu'aurait un débat qui n'aboutit à aucune décision politique.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Emmanuel Macron devant 600 maires pour lancer le grand débat national, à Grand Bourgtheroulde, le 15 janvier 2019. (LUDOVIC MARIN / POOL)

"À chaque fois qu'on nous a vendu la démocratie participative, on n'a jamais su quelle était la part des contributions retenues", rappelle dimanche 20 janvier sur franceinfo Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l’Université Paris 2 Panthéon - Assas, alors que le grand débat national voulu par Emmanuel Macron en réponse à la crise des "gilets jaunes" va entrer dans sa deuxième semaine.

"On peut penser à Ségolène Royal au moment de l'élaboration de son programme, en mode participatif, lorsqu'elle était candidate à la présidentielle en 2007. On n'a jamais vraiment su quelle était au final la part des contributions des internautes dans ce qu'elle avait prévu comme programme", rappelle-t-il. "Là, c'est un peu la même chose : le pouvoir ne veut pas s'y engager trop non plus car il aurait peur d'être pieds et poings liés à ces contributions. Il veut garder la main."

C'est un produit hautement inflammable et qu'il faut utiliser avec beaucoup de précaution en évitant de donner le sentiment de trahison.

Arnaud Mercier

à franceinfo

Le spécialiste en communication politique alerte sur les conséquences néfastes qu'aurait un débat stérile. "Les travaux sur la démocratie participative ont bien montré que les expériences de consultation qui n'aboutissent pas ou alors à des résultats qui ont l'air très éloignés à ce que beaucoup de gens considéraient comme étant le fil conducteur de l'opération, produisent des effets dévastateurs car ça brise encore un peu plus la confiance. Les gens ont alors un sentiment de trahison", détaille-t-il.

"Au final, des gens qui étaient prêts à participer finissent par se révolter parce qu'ils sont mécontents des décisions prises, mais aussi de la procédure", conclut Arnaud Mercier.

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