"Gilets jaunes" : un député LREM appelle à "une trêve des carburants", mais rappelle que "ça ne veut pas dire qu'on abdique"
Patrick Vignal, député LREM de l'Hérault, a réagi à la mobilisation de samedi 1er décembre des "gilets jaunes", sur franceinfo.
"On est vraiment chez les fous" dans notre société, a déploré le député La République en Marche de l'Hérault Patrick Vignal sur franceinfo samedi 1er décembre, en appelant à une "trêve des carburants" qui "ne veut pas dire qu'on abdique" devant la mobilisation des "gilets jaunes", rassemblés en nombre en France.
franceinfo : Quel regard portez-vous sur la mobilisation des gilets jaunes ?
Patrick Vignal : J'ai passé des jours à Montpellier à rencontrer des gilets jaunes sur un rond-point et j'ai reçu une délégation ce matin de Lunel. J'étais optimiste jusqu'à 11 heures puisque je n'avais pas vu les chaînes d'infos et je voyais des gens apaisés, des gens qui veulent construire, des gens qui sont aussi en méfiance du politique. On est dans une méfiance politique comme jamais on a connu et je voudrais le dire au gouvernement, ce n'est pas que depuis 18 mois, même si on doit revoir notre copie, c'est depuis 20-30 ans qu'il y a cette défiance et le plus grand parti c'est l'abstention. Donc quand j'ai vu toute la journée, à la fois j'ai envie de me dire mais qu'est-ce qu'on a raté ? Qu'est-ce qu'on n'a pas fait ? Et je pense qu'aujourd'hui le vrai débat c'est que chacun fende l'armure. Nous, on doit fendre notre armure. Je pense que si vous voulez aujourd'hui, ce soir en tout cas, on ne peut pas aller vers le chaos. Et donc fendre l'armure. Ça fait 15 jours que j'échange et que je dis qu'il faut faire un geste parce qu'il y a des gens qui sont dans des situations désespérées.
Avez-vous une solution ?
Ça fait 15 jours que je dis qu'il faut faire une trêve sur l'augmentation des prix de l'électricité, du gaz, et du carburant. Une trêve ça ne veut pas dire qu'on abdique. Ça ne veut pas dire que les gens ont gagné. Vous savez, les mots ont un sens. Moi ça fait 15 jours qu'on me dit que je suis frondeur. Je suis ni frondeur ni godillot. Je regarde. J'ai vu une personne de 84 ans qui était au rond-point et qui traversait chaque fois en me disant 'j'ai peur pour mes petits-enfants'.
Est-ce que ça suffira à calmer le mouvement et les tensions ?
Non. J'attends de voir demain comment va réagir l'ensemble des Français par rapport à ces casseurs. Pour ceux-là il n'y a aucun cadeau, aucun répit. Ceux-là n'aiment pas la République. Je voudrais dire qu'on m'explique des fois sur le rond-point que c'est la faute du gouvernement qui envoie les casseurs. Mais vous vous rendez compte de cette société ? Les journalistes, vous ne pouvez même pas aller faire des interviews. On est vraiment chez les fous. Et donc la première des choses, c'est la trêve des carburants. La deuxième, c'est d'ouvrir le débat. Sur l'ISF, est-ce que ça a rapporté ? Est-ce que les patrons réinvestissent ? Je rencontre des patrons qui me disent nous on est prêts à réfléchir à payer mieux nos salariés. Il faut retrouver une célébration collective en France. Je ne sais pas si on vit un tournant. Ce que je sais, c'est que maintenant on ne peut plus perdre de temps. Ce que je sais, et j'en suis persuadé, c'est qu'aujourd'hui on est dans une impasse, ou on continue à faire comme ont fait tous les gouvernements précédents, attendre qu'il fasse froid, attendre la trêve de Noël, ou on va prendre nos responsabilités, on va se dire nous, à nos âmes et consciences, que oui depuis 18 mois on n'a peut-être pas tout fait, mais on va repartir. On ne va pas dire aux gens 'on vous écoute, on fait de la pédagogie', il faut du signe, et le signe c'est la réflexion sur les petites retraites par rapport aux grosses retraites, la réflexion sur l'ISF, est-ce que c'est productif. Moi je les ai reçus dans ma permanence. Il faut ouvrir toutes les permanences de France, de la majorité et de l'opposition.
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