"Gilets jaunes" : pourquoi les manifestations seront-elles interdites samedi à Nice ?
A la demande de Christian Estrosi, l'Etat va définir des zones inaccessibles aux manifestants pour le 19e samedi de mobilisation des "gilets jaunes".
C'est une conséquence des récentes violences qui ont éclaté sur les Champs-Elysées. Les manifestations de "gilets jaunes" seront interdites, samedi 23 mars, dans un "périmètre défini" à Nice. Le maire LR de la ville, Christian Estrosi, en a fait la demande et la préfecture des Alpes-Maritimes a annoncé mercredi soir qu'elle comptait publier un arrêté en ce sens.
Un "appel national" sur les réseaux sociaux qui inquiète
C'est un "appel national" à manifester à Nice, samedi 23 mars, qui a suscité l'inquiétude de l'élu. Christian Estrosi a donc demandé au gouvernement d'intervenir, en voyant "sur les réseaux sociaux que montait en puissance un appel à se rassembler à Nice avec un visuel assez violent, provocateur".
#Acte19 Suite à l’appel national à manifester à #Nice06 lancé aujourd'hui sur les réseaux sociaux et après le chaos de #Paris, je demande au Premier ministre @EPhilippePM et au ministre de l’Intérieur @CCastaner d’interdire tout rassemblement à Nice. pic.twitter.com/anC1g7FkwI
— Christian Estrosi (@cestrosi) March 19, 2019
L'élu niçois rapporte que les "gilets jaunes" demandent "eux-mêmes qu'il y ait une interdiction de manifestation parce qu'ils ne veulent pas être victimes de casseurs, de pilleurs qui dénaturent complètement le combat qu'ils mènent pour la défense de leurs droits sociaux et d'un certain nombre de revendications qui sont les leurs". Christian Estrosi assure même que certains leaders des "gilets jaunes" niçois "ont formulé une demande auprès du gouvernement" en faveur de cette interdiction. "Ils me soutiennent", affirme-t-il.
Cet appel national à se rassembler à Nice tombe le même week-end qu'une visite du président chinois dans la région. Dimanche, Xi Jinping doit visiter Monaco avant de dîner avec Emmanuel Macron, à Beaulieu-sur-Mer. Il est prévu que le couple présidentiel chinois passe la nuit au Negresco, luxueux hôtel situé sur la Promenade des Anglais, à Nice.
Un périmètre encore à définir
Christian Estrosi a souhaité que l'interdiction de manifester soit appliquée à Nice, "dans les mêmes conditions" que celle prise pour Paris et les Champs-Elysées. L'élu, en accord avec le préfet des Alpes-Maritimes, va définir le périmètre de cette interdiction qui touchera "notamment tout le cœur vital, le cœur commerçant de la cité", précise-t-il. "Le préfet va disposer de moyens juridiques qui lui permettront d'interpeller tout individu qui tenterait de contrevenir à ses instructions."
Mais le périmètre précis des zones concernées, qui doit être défini par la préfecture, n'est pas encore connu. Nice-Matin, qui cite le maire de Nice, évoque pour commencer le quartier Gambetta, "toutes les grandes artères commerçantes", l'aéroport, le stade Allianz-Riviera et "tout le parcours de la ligne 2 du tram". "On ne peut pas étendre l'interdiction à toute la ville, sinon on risque de voir l’arrêté annulé au tribunal administratif", justifie Christian Estrosi auprès du quotidien niçois.
Des manifestations jusqu'à présent pacifiques
Christian Estrosi souligne que "depuis le début du mois de décembre à Nice" les manifestants "se comportent extrêmement pacifiquement. Nous n'avons jamais eu le moindre incident". A Nice même, en effet, les manifestations de "gilets jaunes" sont en général restées pacifiques depuis le début du mouvement. Quelques centaines de manifestants se sont régulièrement mobilisés, des opérations escargot ont été organisées sur la Promenade des Anglais, ainsi que des blocages à l'entrée de centres commerciaux. Mais il y a eu peu de violences et de dégradations. "A Nice, les 'gilets jaunes' ne nous ont jamais embêtés", confirme la gérante d'une boutique du centre-ville à Nice-Matin.
Quelques débordements et confrontations avec les forces de l'ordre ont tout de même eu lieu. Lors de la manifestation du 19 janvier, par exemple, cinq personnes avaient été interpellées et placées en garde à vue. Un seul des manifestants devait être jugé pour "menaces de mort sur des policiers", selon France 3 Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Les quatre autres ont écopé d'un simple rappel à la loi.
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