"Gilets jaunes" : les députés ont adopté les mesures d'urgence du gouvernement
L'Assemblée a voté dans la nuit de jeudi à vendredi une série de mesures en faveur du pouvoir d'achat, décidées dans l'urgence par l'exécutif pour tenter de mettre fin à la crise des "gilets jaunes".
Prime exceptionnelle, heures supplémentaires défiscalisées, exonération élargie de hausse de CSG pour des retraités : l'Assemblée nationale a donné son feu vert, dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 décembre, aux mesures d'urgence du gouvernement pour répondre à la crise des "gilets jaunes". Après plus de treize heures de vifs débats, le projet de loi portant "mesures d'urgence économiques et sociales" a été approuvé par 153 voix contre 9, et 58 abstentions. Le texte, examiné en procédure accélérée, passera dans la foulée, vendredi, par le Sénat. Son président, Gérard Larcher, a souhaité un "vote conforme" de la chambre haute, à majorité de droite, ce qui permettrait l'adoption du texte avant les vacances parlementaires.
L'Assemblée nationale adopte le projet de loi portant "mesures d’urgence économiques et sociales".
— LCP (@LCP) 21 décembre 2018
153 pour, 9 contre.#DirectAN #MUES pic.twitter.com/XKDIhPGZNr
Ces mesures apportent "des réponses rapides, fortes et concrètes" à la crise des "gilets jaunes", "condition d'un apaisement" même si "cela ne suffira pas", a affirmé la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, présente aux côtés d'Agnès Buzyn, la ministre de la Santé. C'est plutôt un "trompe-l'œil", a dénoncé la gauche de la gauche. "Vous pensez que vous allez régler le problème avec quatre mesures et un grand débat (...) il ne vous restera qu'à croiser les doigts pour que les gens s'en contentent", a répondu le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui a lancé : "Vous allez avoir Noël aux ronds-points." "Votre projet de loi répond à la règle des trois 'E': embrouille, entourloupe et emberlificotage", a raillé le communiste Pierre Dharréville.
Communistes et "insoumis" ont réclamé en vain le retrait de la mesure portant sur la défiscalisation des heures supplémentaires, "mesure sarkozyste dangereuse" selon eux. La demande des Républicains d'exonérer ces heures supplémentaires de cotisations patronales a été rejetée elle aussi, la majorité ne souhaitant pas que les entreprises recourent à ce moyen au lieu d'embaucher de nouveaux salariés. Les oppositions de gauche comme de droite ont jugé "injuste" la prime exceptionnelle de 1 000 euros maximum exonérée d'impôts et de cotisations que les entreprises auront la possibilité de verser, d'ici au 31 mars, à des salariés rémunérés jusqu'à 3 600 euros net. "De nombreuses petites et moyennes entreprises ne pourront pas [la] verser", faute de trésorerie suffisante, a souligné Gilles Lurton (LR).
"C'est un budget insincère !"
Sur l'annulation de la hausse de la CSG, les Républicains ont défendu sans succès des amendements pour que la mesure touche l'ensemble des retraités.
Au sujet de la promesse d'un gain de 100 euros pour les travailleurs proches du smic, l'article 4 du projet de loi, qui prévoit un rapport du gouvernement sur "la revalorisation exceptionnelle de la prime d'activité au 1er janvier 2019" – la mesure de revalorisation elle-même ne passant pas par la loi mais par le règlement – a donné lieu à des débats houleux.
La tension est montée entre Agnès Buzyn et les socialistes Boris Vallaud et Valérie Rabault. Cette dernière a accusé le gouvernement d'avoir présenté un budget pour 2019 "insincère" avec des crédits insuffisants pour la prime d'activité. "Vous nous avez laissé une ardoise de 800 millions d'euros. Ça, c'est un budget insincère !" a déploré l'élue socialiste.
Le #PLF2019 est-il "insincère" ? Moment de tension entre les députés socialistes @Valerie_Rabault et @BorisVallaud et la ministre @agnesbuzyn.#DirectAN #MUES pic.twitter.com/1ElCM0gGiF
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