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"Gilets jaunes" : ce que l'on sait de la mort d'une octogénaire blessée par une grenade lacrymogène à Marseille

Des plots de grenade ont été découverts chez la femme, qui résidait près de la Canebière où ont éclaté les violents incidents samedi.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Une manifestation de "gilets jaunes" à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 1er décembre 2018. (MAXPPP)

Un drame et des questions. Une femme de 80 ans est morte, dimanche 2 décembre, lors d'une opération chirurgicale après avoir été blessée la veille chez elle par des éléments d'une grenade lacrymogène. Le projectile a été tiré pendant des heurts qui ont opposé les forces de l'ordre à des manifestants lors de la mobilisation des "gilets jaunes" à Marseille (Bouches-du-Rhône). 

Quand a eu lieu le drame ?

La journée du samedi 1er décembre a été marquée par plusieurs manifestations dans la cité phocéenne, à l'appel des "gilets jaunes", de la CGT mais aussi d'un collectif né après la mort de huit personnes dans l'effondrement de deux immeubles le 5 novembre dans le centre-ville. En fin de journée, de violents incidents ont éclaté, sur le Vieux-Port, puis sur la Canebière. Les CRS se sont retrouvés en sous-nombre.

Des grenades ont été tirées "dans tous les sens", rapportent des témoins, cités par La Provence. "La situation était très tendue, c'était bouillant, on a pris des pavés", explique également une source policière à Mediapart.

Comment l'octogénaire a été touchée par un lacrymogène ?

Zineb Redouane, née en juillet 1938 et de nationalité algérienne, fermait les volets de son appartement samedi, au quatrième étage d'un immeuble de la rue des Feuillants, dans le 1er arrondissement de Marseille, proche de la Canebière, lorsqu'un projectile l'a heurtée au visage.  

La victime, une femme "à la santé fragile", était "en train de fermer ses volets pour éviter les fumées de bombes lacrymogènes et en a reçu une en pleine face", a assuré à l'AFP Salim Moussa, avocat d'une amie de la victime qui habite l'immeuble en face.

"Samedi vers 17h30, entendant le brouhaha dans la rue, ma mère en refermant les volets de sa fenêtre pour éviter les fumées a croisé le regard d’un CRS positionné en face de son immeuble. Celui-ci l'a immédiatement mise en joue et a tiré une grenade avec son fusil, il l'a atteinte en plein visage. Ses voisins l'ont immédiatement évacuée à l'hôpital", raconte pour sa part son fils Sami Redouane au site algérien Maghreb Emergent

Ce témoignage va dans le même sens que ceux des voisins de la victime. "Quand je suis arrivée, témoigne Nadja à Libération, elle sortait de la salle de bains une serviette en sang sur la mâchoire. Elle criait : 'Ils m'ont visée, ils m'ont visée !' L’appartement était rempli d’une fumée noire. Elle m'a racontée que deux policiers en tenue se trouvaient sur le trottoir d’en face de la Canebière et lui ont tiré dessus."

Interrogée par Mediapart (article payant), une source policière marseillaise est pour sa part sceptique sur l'origine du projectile. Il indique ainsi que les lance-grenades sont conçus avec un coude pour éviter les tirs tendus et ne peuvent tirer qu'en parabole. "Normalement ça sert à défendre contre des assaillants, pas à tirer sur un immeuble et comme ça part en parabole, ça semble compliqué d'atteindre un quatrième étage", développe cette source.

Où en est l'enquête ?

Transportée à l'hôpital, l'octogénaire y a été opérée mais est morte "d'un choc opératoire", a déclaré le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux. Elle a été victime d'"un arrêt cardiaque sur la table d'opération", a-t-il précisé. 

L'autopsie a révélé que le "choc facial n'était pas la cause du décès". Des plots de grenade ont pourtant été retrouvés chez la victime. "Plus précisément, il s'agit de deux capsules actives de 10 grammes de gaz projetés par les grenades MP7, développe La Provence. Une fois lancée, chacune libère sept palets qui dégagent un épais nuage gazeux." Une enquête de l'IGPN a été ouverte.

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