"Ce ne sont pas des mesurettes de pouvoir d'achat qui vont changer la donne" déclare un député LREM au sujet des annonces d'Édouard Philippe
Laurent Saint-Martin, député LREM du Val-de-Marne, s'est montré critique à propos de la prime exceptionnelle que des entreprises pourraient verser à leurs salariés évoquée par le Premier ministre.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, s'est dit ouvert mercredi à la défiscalisation d'une prime exceptionnelle que des entreprises décideraient de verser à leurs salariés. "N'attendons pas de cette prime tout d'un coup la prospérité dans ce pays, ça ne suffira pas", a réagi vendredi 7 décembre sur franceinfo, Laurent Saint-Martin, député LREM du Val-de-Marne, vice-président de la commission des finances de l'Assemblée nationale.
franceinfo : Edouard Philippe a confirmé que le gouvernement planchait sur des mesures de pouvoir d'achat, notamment une prime exceptionnelle qui serait versée par les entreprises qui pourrait être défiscalisée. Est-ce une bonne idée ?
Laurent Saint-Martin : Moi tout me va. Mais le seul problème dans ce pays, c'est que ce ne sont pas des mesurettes de pouvoir d'achat qui vont changer la donne. Ce qui tue ce pays depuis des années, c'est le manque d'investissement et le manque d'emplois. Ce qui tue ce pays ce sont les 10% de chômage, c'est qu'on n'arrive pas à gagner sa vie avec son travail, c'est qu'il n'y a pas assez de différence de pouvoir d'achat entre quelqu'un qui travaille tous les jours qui se lève le matin et celui qui touche le chômage. Dans ce pays, il faut remettre un climat d'investissement, un climat de confiance, un climat pour les entreprises pour qu'elles puissent embaucher. Toutes ces mesures, en tant que vice-président de la commission des finances, je les vote sans problème mais je ne suis pas sûr que ce soit l'alpha et l'omega du redressement économique de notre pays. On est encore dans une économie dite de rattrapage. Nous passons notre temps à courir après des mesurettes de pouvoir d'achat. N'attendons pas de cette prime tout d'un coup la prospérité dans ce pays, ça ne suffira pas. Les gens ne veulent pas seulement avoir quelques euros à la fin du mois, ils veulent retrouver la prospérité dans ce pays. Il faut le comprendre, collectivement on est responsables. Quand on va casser les boutiques, quand on va casser la dynamique dans laquelle nous sommes, tout cela ça grève une certaine force que nous avions lancée depuis 18 mois.
Faut-il un coup de pouce au Smic, est-ce une solution ?
Ce n'est pas la bonne solution. Ce n'est pas l'Etat qui paie ce sont les entreprises et avec une augmentation du Smic vous touchez au coût du travail et dans ce cas vous mettez en difficulté la compétitivité des entreprises par rapport à nos voisins. Ce que je veux c'est avoir un pays dans lequel on embauche plus. Je veux que nous finissions ce quinquennat avec un chômage qui sera descendu de deux points au moins et pour cela il faut des entreprises qui embauchent, il faut un environnement favorable.
Quel est votre sentiment après la diffusion de la vidéo d'une interpellation de lycéens à Mante-la-Jolie à genoux les mains derrière la nuque ?
Quand j'ai vu ces images hier soir j'étais comme beaucoup de Français, choqué, elles sont choquantes. On peut être indigné quand on voit ces images. S'il y a un défaut dans une quelconque procédure au niveau des interpellations on n'hésitera pas à les dénoncer. Il faudra savoir s'il était nécessaire d'avoir recours à ce type d'interpellations et de dispositif. Maintenant ce qui est aussi avéré pour faire toute la lumière, c'est que sur les 122 interpellations à midi il y avait une vingtaine de lycéens qui étaient arrivés, cagoulés, équipés pour détruire et incendier, ce n'était pas seulement des lycéens qui passaient par là. Il y avait une vraie volonté de violence dans un contexte particulièrement tendu. Je fais confiance aux forces de l'ordre sans être naïf en assumant qu'on a les yeux ouverts sur les procédures. Pour cela il y a l'IGPN, le Défenseur des droits, le ministère de l'Intérieur. Nous sommes dans un état de droit. S'il y a eu faute, nous serons les premiers à la condamner.
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